La tendance «Slow» se propage!
Le grand coupable se nomme Carlo Petrini, cet Italien qui a décidé de lutter contre la «mcdonaldisation» du monde alimentaire et de redonner ses lettres de noblesse au patrimoine culinaire en instaurant le mouvement Slow Food. S’ensuivirent les Slow Cities et le Slow Travel. À lire lentement, pour bien s’imprégner de l’essence de ce mouvement!
Contre le fast food, la malbouffe et… le café instantané
Voyant l’impact de la mondialisation sur le monde culinaire et la propagation des chaînes de fast food, Petrini riposte en lançant le Slow Food en 1986. Ce mouvement, qui s’oppose à la standardisation et à la banalisation alimentaires, vise à sauvegarder la biodiversité et le patrimoine alimentaire mondial tout en souscrivant à la théorie du développement durable. On parle même d’«écogastronomie».
Basé sur trois principes, le goût, l’authenticité et la diversité, le Slow Food met en valeur les produits d’un terroir et le savoir-faire des artisans. Il a aussi pour but de redonner aux gens l’envie de découvrir les saveurs, les goûts, les parfums, les arômes, de cultiver le plaisir des sens et surtout de prendre le temps d’apprécier ces bonnes choses.
Aujourd’hui, il compte plus de 80 000 membres dans une centaine de pays. Le regroupement Slow Food Québec a démarré en 2001 et à ce jour, près de 200 membres (gourmets, journalistes, experts, étudiants, producteurs ou commerçants) y ont déjà souscrit, dont les chefs réputés Normand Laprise (Toqué!) et Daniel Vézina (Laurie Raphaël). La mise en valeur des produits québécois à l’étranger, l’organisation de débats sur certaines questions alimentaires et l’éveil du goût chez les jeunes représentent autant d’actions entreprises par ce regroupement.
Les villes emboîtent le pas
Dans la foulée du Slow Food, le mouvement des Slow Cities s’amorce aussi en Italie, en 1999. Il recense des villes de plus de 50 000 habitants qui misent sur l’amélioration de la qualité de vie des citoyens, sur la préservation des particularités du milieu, sur la qualité de l’accueil et sur les bonnes pratiques environnementales (réduction de la circulation automobile, utilisation du transport en commun, etc.).
Le monde du voyage ne pouvait que s’en imprégner
Le Slow Travel ne possède aucune définition officielle! Selon Rafael Matos-Wasem, chercheur à l’Institut Économie et tourisme en Suisse, le Slow Travel respecte deux principes: prendre son temps et s’immerger dans le lieu visité. Cette façon de voyager réfère aussi à l’état d’esprit du touriste et aux moyens auxquels il recourt pour visiter une région.
Adhérant au concept du tourisme durable, le Slow Travel minimise l’impact sur l’environnement, tant physique que culturel. La location d’un appartement ou d’une villa pour une semaine ou plus permet au voyageur de découvrir à son rythme les environs et les façons de vivre des gens. Il utilise les transports en commun, il achète des produits locaux, il savoure la cuisine locale, il boit son café au resto du coin et il prend surtout le temps de s’imprégner de la culture des gens qu’il visite.
Thomas Swick, chroniqueur de voyage au Sun Sentinel, suggère aux gens des manières d’aborder un voyage:
- utiliser le globe terrestre comme instrument de méditation;
- choisir une ville ou une région plutôt qu’un pays;
- ne pas planifier de tout voir, mais essayer d’en découvrir le plus possible;
- visiter le marché de la place;
- lire les journaux locaux;
- prendre le temps de sentir les fromages;
- observer les gens et écouter leurs conversations;
- admirer les lampadaires dans la rue;
- remarquer la tapisserie du corridor;
- etc.
Et si on s’y mettait!
Pourquoi ne pas miser sur notre patrimoine gourmand et notre charme québécois? Tous les ingrédients sont présents: les gens stressés qui cherchent un moyen d’arrêter de courir, les voyageurs qui ont soif d’apprentissage et de découverte, les gens désireux de vivre une expérience et pas seulement d’être spectateurs, l’essor du tourisme culinaire (Friends and Food International aux États-Unis organise des voyages culinaires en Toscane, en Provence et en Inde), des produits québécois qui n’ont rien à envier à d’autres destinations (les grandes tables du Québec, les Routes des saveurs, le caractère festif des villes où l’on délimite un espace le temps d’un festival, etc.).
Possède-t-on plus belle vitrine que notre héritage culturel, notre savoir-faire culinaire et nos produits du terroir? Et si l’on misait sur cet «art de vivre» au Québec?
On doit juste «ralentir» pour trouver les moyens d’organiser cette offre de qualité et de séduire la clientèle!
Voir aussi
www.slowfood.com
www.slowfoodquebec.com
www.citymayors.com/
environment/slow_cities.html
Sources:
– Axelrod, Lauryn. «Don’t Eat So Fast! The Slow Food Movement Wants Us To Savor Our Food And Cultures», GoNOMAD.com.
– Caouette, Marie. «Le «slow travel» plutôt que le tout inclus», Le Soleil, 27 novembre 2004, p. F3.
– Matos-Wasen, Rafael. «Le tourisme lent contre le bruit et la fureur des vacances», LaRevueDurable, no 11.
– Mollé, Philippe. «Il Dottore del gusto? Manger est un acte de foi et de plaisir», HRI, mars 2005.
– Swick, Thomas. «The Slow Travel movement: A primer», South Florida Sun-Sentinel, 6 février 2005.
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