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Analyses - 25 mai 2005

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mai 2005

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Le tourisme durable, équitable, solidaire, responsable, social… un brin de compréhension

Se lancer à l’assaut des définitions relève d’une mission presque impossible tant elles sont nombreuses et n’obtiennent pas toujours de consensus. Mais essayer de démêler les grands principes sans entrer dans les subtilités qui soulèvent la discorde peut s’avérer utile pour mieux cerner le contexte vers lequel l’industrie touristique tend à évoluer. Voeux pieux?

Le développement durable, le sujet de l’heure!

À l’heure où nous sommes préoccupés par les effets de la mondialisation, la détérioration de l’environnement, la propagation du SIDA et par beaucoup d’autres problèmes qui influent sur notre milieu et notre qualité de vie, le développement durable s’impose comme une solution à plusieurs maux. Issu du Rapport Bruntland, le développement durable sous-tend «un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs.»

Le monde touristique n’y échappe pas. Le tourisme a évolué à un point tel que la croissance des flux touristiques n’est pas sans conséquences sur l’environnement, tant social que physique, des destinations visitées. Désormais, il convient de mieux piloter le développement et l’expansion touristiques pour appliquer les concepts du développement durable.

Les fondements du tourisme durable

Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), la définition conceptuelle du développement durable du tourisme se lit comme suit:

«Les principes directeurs du développement durable et les pratiques de gestion durable du tourisme sont applicables à toutes les formes de tourisme dans tous les types de destination, y compris au tourisme de masse et aux divers créneaux touristiques. Les principes de durabilité concernent les aspects environnemental, économique et socioculturel du développement du tourisme. Pour garantir sur le long terme la durabilité de ce dernier, il faut parvenir au bon équilibre entre ces trois aspects.»

Tourisme Québec, dans son document intitulé Écotourisme et tourisme de nature, orientations et plan d’action 2003-2008, s’est inspiré de plusieurs sources pour établir sa définition du tourisme durable:

«Le tourisme durable répond aujourd’hui aux besoins des touristes et des régions qui les accueillent tout en protégeant et en améliorant les ressources pour l’avenir. Le tourisme durable mène à une gestion intégrée de toutes les ressources, de manière à combler les besoins économiques, sociaux et esthétiques tout en préservant l’intégrité culturelle, les processus écologiques essentiels, la diversité biologique et le milieu vital. Le tourisme durable concerne les façons de faire, de gérer et de développer qui sont adoptées et mises en pratique par les exploitants touristiques.»

Par ailleurs, l’Organisation mondiale du tourisme a publié un Code mondial d’éthique du tourisme dont les principes sont fondés sur le tourisme durable.

Toutes les formes de tourisme dont il est ici question gravitent autour du tourisme durable

Plusieurs formes de tourisme que l’on qualifie souvent d’alternatif gravitent autour du concept de développement et de tourisme durable, chacune mettant l’accent sur un aspect en particulier.
 

Écotourisme

il est principalement lié aux formes de tourisme pratiqué en milieu naturel et à la notion d’apprentissage.

Conformément aux récentes caractéristiques retenues par l’OMT et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), Tourisme Québec décrit l’écotourisme comme «une forme de tourisme qui vise à faire découvrir un milieu naturel tout en préservant son intégrité, qui comprend une activité d’interprétation des composantes naturelles ou culturelles du milieu (volet éducatif), qui favorise une attitude de respect envers l’environnement, qui repose sur des notions de développement durable et qui entraîne des bénéfices socioéconomiques pour les communautés locales et régionales.»

Tourisme équitable

généralement associé aux relations Nord-Sud, ce type de tourisme s’inspire des principes du commerce équitable. Il fait en sorte que les communautés locales soient impliquées dans la prestation touristique et bénéficient des retombées économiques, et ce, afin de leur permettre d’améliorer leurs conditions de vie.

Selon Normand Hall de la Société pour un tourisme durable et responsable (SOTDER), cela «suppose un partage équitable des bénéfices, de façon à ce que le tourisme favorise réellement la cohésion économique et sociale entre les peuples et les régions. Les intervenants contribuent à l’épanouissement et à l’amélioration des conditions de vie des populations locales en favorisant l’embauche de personnel local, l’achat local et la redistribution équitable des revenus d’opération, particulièrement chez les groupes défavorisés.»

L’Union nationale des associations de tourisme et de plein air (UNAT) va plus loin dans sa démarche en soulignant l’implication active de la communauté locale au projet: «un ensemble d’activités de services, proposé par des opérateurs touristiques à des voyageurs responsables, et élaboré par les communautés d’accueil, autochtones (ou tout au moins en grande partie avec elles). Ces communautés participent de façon prépondérante à l’évolution de la définition de ces activités (possibilité de les modifier, de les réorienter, de les arrêter). Elles participent aussi à leur gestion continue de façon significative (en limitant au maximum les intermédiaires n’adhérant pas à ces principes du tourisme équitable). Les bénéfices sociaux, culturels et financiers de ces activités doivent être perçus en grande partie localement, et équitablement partagés entre les membres de la population autochtone.»

Tourisme solidaire

ce tourisme mise sur la relation entre les peuples, entre visiteurs et visités et sur la notion de solidarité où les voyageurs contribuent à l’amélioration des conditions de vie des communautés visitées.

Dans sa façon de voyager, le touriste soutient des actions de développement, participe au financement d’un projet social ou peut même agir à titre de bénévole dans le cadre d’un programme spécifique. Selon l’UNAT, «le tourisme solidaire et responsable regroupe les formes de tourisme «alternatif» qui mettent au centre du voyage l’homme et la rencontre et qui s’inscrivent dans une logique de développement des territoires. L’implication des populations locales dans les différentes phases du projet touristique, le respect de la personne, des cultures et de la nature et une répartition plus équitable des ressources générées sont les fondements de ces types de tourisme.»

Tourisme responsable

aussi appelé tourisme éthique, il fait référence à la conscience sociale et à la façon de voyager du touriste.

Selon Normand Hall (SOTDER), le touriste dit responsable adoptera un comportement qui vise à respecter les expressions culturelles des populations visitées, ainsi que leur milieu naturel et habité. Dans cette optique, les organismes décideurs et les entreprises peuvent aussi être parties prenantes d’un tourisme responsable, tant en ce qui touche leurs politiques de développement que leurs produits.

Tourisme social

ce secteur préconise le droit aux vacances et l’accessibilité au tourisme à tous les groupes de la population.

Une fiche synthèse publiée par Louis Jolin, responsable du Comité scientifique du Bureau international du tourisme social (BITS), permet de mieux comprendre l’évolution du tourisme social au fil des années. Chapeauté par le BITS, ce concept «réfère aux programmes, aux réalisations et aux actions visant à rendre effectifs le droit aux vacances et l’accessibilité au tourisme à tous les groupes de la population, notamment les jeunes, les familles, les retraités, les handicapés, les personnes aux revenus modestes… mais qui visent aussi la qualité de la relation entre les visiteurs et les communautés d’accueil.»

Ce mouvement ayant intégré tout récemment les questions d’équité et de solidarité avec les communautés d’accueil, l’accessibilité au tourisme signifie aussi que les visités doivent avoir accès à leurs propres ressources touristiques et qu’elles puissent bénéficier des retombées.

Ce qui se résume à «faire voyager et voyager autrement»

On dénonce souvent les répercussions négatives du déplacement de centaines de millions de voyageurs chaque année; mais, comme le mentionnait Arthur Pedersen, chargé de la gestion du tourisme dans les sites du patrimoine mondial pour l’UNESCO, le tourisme «zéro émission» n’existe pas. Cependant, ces différentes formes de tourisme suscitent toutes une remise en question de la pratique touristique, et ce, que l’on soit acteur public et économique ou voyageur.

Le tourisme est souvent la planche de salut des régions et de plusieurs pays en voie de développement et la perspective qu’offre le tourisme durable et ses différentes composantes se veut une base solide et salutaire pour en réduire les effets néfastes.

Il reste encore beaucoup à faire avant que l’ensemble des entreprises touristiques deviennent des «personnes morales» socialement responsables et que tous les voyageurs soient respectueux du milieu visité. Le processus est néanmoins enclenché. Les programmes de certification et les labels se multiplient au gré des idéaux et des définitions que chacun veut bien en faire.

Ces formes de tourisme resteront-elles marginales? Évolueront-elles de façon superficielle alors que l’industrie voudra afficher un semblant de conscience sociale? Cette orientation est-elle réaliste et viable?

Sources:
– Hall, Normand. «Écotourisme, tourisme durable, tourisme responsable ou tourisme équitable?», L’Ère de l’écotourisme, Bulletin spécial produit par l’Association québécoise pour la promotion de l’éducation relative à l’environnement (AQPERE) dans le cadre de l’Année internationale de l’écotourisme 2002, hiver 2003, p. 4-5.
– Jolin, Louis. «Le tourisme social, un concept riche de ses évolutions», BITS information, no 141, 3e trimestre 2003, p. 6-8.
– Jolin, Louis. «L’ambition du tourisme social: un tourisme pour tous, durable et solidaire!», Fiche synthèse, disponible au [www.bits-int.org/documents_divers/fr/Fichetourismesocialfev04.pdf], 2004, 11p.
– Organisation mondiale du tourisme. [www.world-tourism.org/francais/frameset/frame_sustainable.html].
– Organisation mondiale du tourisme. «Code mondial d’éthique du tourisme», [www.world-tourism.org/code_ethics/pdf/languages/Codigo%20Etico%20Fran.pdf].
– Pedersen, Arthur. «Protéger le patrimoine mondial de l’humanité», LaRevueDurable, no 11, juin, juillet, août 2004, p. 39-42.
– St-Hilaire, Louis. «Laure Waridel – Une grande pionnière du commerce équitable», Entreprendre, vol. 18, no 1, 2005, p. 4-6.
– Tourisme Québec. «Écotourisme et tourisme de nature, orientations et plan d’action 2003-2008», Direction du développement des produits touristiques, 2003, 73 p.
– Union nationale des associations de tourisme et de plein air. [http://www.unat.asso.fr/].

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