Visiter un site archéologique tout en recréant les acteurs du passé
Que diriez-vous si vous aviez la possibilité de visiter un site historique ou archéologique, tout en côtoyant les acteurs du passé? Voyons comment la technologie d’aujourd’hui peut contribuer avantageusement à l’accès dynamique aux ressources culturelles et historiques, tout en jouant la carte de la conservation du patrimoine.
Dans le cadre d’un programme de travail 2002-2006 de la Communauté européenne pour la recherche et le développement technologique (programme FP6), le Conseil des ministres et le Parlement européen ont adopté un budget de 17,5 milliards d’euros (soit près de 4% de tout le budget de l’Union européenne pour 2002) pour des activités de recherche. Une des sept priorités thématiques visait les technologies de la société de l’information (TSI), avec un budget indicatif de 3,62 milliards d’euros.
Un des projets pilotes au sein du TSI, Agamemnon, qui vise plus particulièrement le secteur du tourisme, a débuté en janvier 2004 – pour une durée de 30 mois.
Ce projet utilise la technologie des téléphones cellulaires de 3e génération (3G) avec appareil photo incorporé (loués pour l’occasion), afin de fournir aux visiteurs de musées ou de sites archéologiques en plein air une expérience personnalisée et enrichie.
Tout au long de leur visite des monuments et des sites touristiques d’intérêt, les touristes sont munis d’un téléphone cellulaire qui leur sert de guide virtuel et leur permet:
- de reconnaître les monuments spécifiques, grâce à des photos qui ont été prises préalablement par les visiteurs et stockées dans une banque d’images;
- d’«ergonomiser» au mieux le tracé de leur visite (et ainsi d’éviter de revenir sur leurs pas);
- de personnaliser l’information diffusée par le guide virtuel, sur la base d’un profil d’utilisateur;
- d’interagir avec Agamemnon sous forme de commande vocale et d’écouter des messages préenregistrés;
- de recevoir l’information dans la langue de leur choix.
Trois sites archéologiques de grande envergure ont participé au projet, les villes de Paestum et de Pompéi en Italie, ainsi que Mycène en Grèce, où un prototype était à l’essai en février 2005.
Visiter Pompéi en réalité virtuelle
Plus impressionnant encore, MIRALab, le laboratoire des réalités virtuelles de l’Université de Genève, en partenariat avec l’EPFL (Ecole Polytechnique fédérale de Lausanne), la société 2D3 et l’Université de Milan, a également travaillé au projet Lifeplus destiné à promouvoir le développement technologique et la valorisation culturelle et touristique des sites archéologiques.
Lifeplus fait appel à la réalité virtuelle afin de recréer un site archéologique, en l’occurrence les ruines de Pompéi. Le programme informatique recrée une image virtuelle des rues et des décors de la ville qui a été détruite par l’irruption du Vésuve, tout en permettant d’y superposer des personnages virtuels en mouvement.
Comme son nom l’indique, le principal objectif du projet était de «donner plus de vie aux sites archéologiques en augmentant l’impact émotif de la visite grâce aux nouvelles technologies».
Les visiteurs déambulent sur le site, munis de lunettes spéciales connectées à un ordinateur. Des scènes de la vie quotidienne leur sont alors projetées, en trois dimensions, afin de recréer la vie de l’époque (costumes, attitudes, objets familiers, faune et flore, etc. à l’appui). Une liaison satellite assure le géopositionnement en continu.
Les touristes peuvent alors mieux se rendre compte de quoi était composée la vie des anciens habitants dans leur environnement naturel. Ils sont également capables de visualiser les différentes étapes de construction des monuments tout au long d’une reconstruction tridimensionnelle. De plus, ajoutant à la réalité, ils entendent également des conversations fictives (ici, en latin) entre les différents personnages virtuels.
Quoi de plus intense que de voir, mais surtout de ressentir, l’expérience telle que la vivaient les habitants d’autrefois?
MIRALab précise que le projet est adaptable à d’autres sites qui désirent mieux comprendre et faire comprendre le patrimoine construit. Leur intention est d’améliorer la technique et d’alléger le matériel).
Les applications des technologies de la réalité virtuelle sont nombreuses et prometteuses, et pas seulement dans l’industrie du tourisme. Elles sont néanmoins encore relativement limitées, dû à leur complexité d’installation (logiciels et matériels) et à leurs coûts encore très élevés.
Maintenant, fermez les yeux et imaginez ce que donnerait la visite virtuelle des plaines d’Abraham ou, encore, une plongée sous-marine avec les baleines du Saint-Laurent?
Le sujet vous intéresse, lisez aussi : Quelles influences auront les technologies visuelles sur le tourisme et les loisirs?
Sources:
– TXT e-Solutions Spa. «Pictures from the Past», (sans date).
– Université de Genève. Presse Information Publications, octobre 2004.
– Valentin, Émilie. «Visiter Pompéi avant l’irruption du Vésuve», Le Courrier, 29 septembre 2004.
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