Le monde en 2030
Le monde change et il change vite. Skierons-nous encore sur de la vraie neige? Cohabiterons-nous avec des robots? Vivrons-nous jusqu’à 125 ans? Restera-t-il du pétrole pour faire voler nos avions? Beaucoup plus de questions que de réponses donc et les hypothèses sur notre avenir sont aussi nombreuses que contradictoires. Difficile de s’y retrouver dans tout le discours des futurologues, mais amusons-nous à suivre quelques pistes de réflexion. Peut-être celles-ci auront-elles un effet inéluctable sur l’industrie touristique?
La population mondiale
Nous sommes près de 7 milliards de personnes en 2008 et nous serons plus de 8 milliards en 2030. Il faudra donner à manger et à boire à tout ce monde et combler ses besoins en énergie! Vivrons-nous une pénurie de ressources?
Cette croissance démographique proviendra de certaines régions du monde, dont l’Asie et l’Afrique. La déjà si populeuse Chine devrait être dépassée par l’Inde en 2030. En effet, selon un rapport de l’Organisation des Nations Unies (ONU), l’Inde sera le pays le plus peuplé du monde en 2030, soit cinq ans plus tôt que prévu lors des précédentes estimations. C’est la natalité nettement plus élevée dans le sous-continent qu’en Chine qui explique ce résultat.
En plus de croître, la population change de profil. En 2006, environ une personne sur 13 avait plus de 65 ans. Cette proportion pourrait passer à une personne sur 8, soit 1 milliard de personnes en 2030. Et ces ratios sont beaucoup plus élevés dans les pays développés. Une forte immigration des pays moins développés vers les plus riches, l’aide robotisée ainsi que la technologie s’occuperont de cette cohorte vieillissante. Qui se prépare à recevoir une clientèle touristique du 3e et même du 4e âge?
Le réchauffement de la planète
Selon un rapport produit par le Benfield-UCL Hazard Research Center, intitulé Holiday 2030, la température globale devrait augmenter de un à deux degré d’ici 2030. Ce changement pourrait avoir des répercussions importantes sur les destinations touristiques. Certaines destinations soleil souffriront d’une chaleur trop extrême; l’Espagne en été par exemple. La hausse du niveau de l’eau contribuera à l’érosion des côtes. L’augmentation des risques d’ouragan, la dégradation des récifs coralliens sont quelques autres conséquences possibles.
Les destinations hivernales seront également touchées. Un récent slogan de la station Aspen au Colorado qui dit «La neige est une espèce en danger» annoncerait-il donc un réel déclin des sports d’hiver? Selon une étude prospective de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le nombre de stations de ski européennes devrait fondre. Au Québec aussi, la saison de ski sera plus courte et reposera de plus en plus sur l’enneigement artificiel (difficile à croire en date d’aujourd’hui!). Mais, dans un contexte d’économie des ressources, les canons à neige gourmands en eau et en énergie auront-ils libre jeu? Et quel sera le prix d’un billet de remontée?
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Les enjeux liés aux transports
Nous approchons du moment où le pétrole sera trop dispendieux pour une consommation massive comme maintenant. D’autant plus que, avec une hausse de la population et de la classe moyenne, les besoins énergétiques doubleront dans les 25 prochaines années, malgré une préoccupation grandissante pour l’environnement.
L’époque où la technologie automobile était au service de la vitesse et de la performance achève. Les efforts sont mis à développer des modes de propulsion innovants et bien moins polluants. L’hydrogène ou l’électricité? Les véhicules hybrides se répandent, mais la technologie a encore du chemin à parcourir en matière d’autonomie. En utilisant uniquement sa batterie électrique, la Prius de Toyota ne peut rouler que sur une distance de 2 kilomètres.
On comptait 24 millions de passagers aériens en 1950 et 2,1 milliards en 2006. L’Association internationale du transport aérien (IATA) en prédit 2,75 milliards en 2011… alors combien en 2030? Voici quelques réflexions sur les impacts de cette situation:
- Le pétrole de plus en plus cher amène les recherches actuelles à réfléchir à des avions qui consommeraient moins et transporteraient encore plus d’individus. Airbus s’est engagé à réduire de 50 % les émissions de dioxyde de carbone de ses avions d’ici à 2020. On parle aussi «d’ailes volantes», c’est-à-dire des machines très plates et triangulaires qui accueilleraient des passagers dans leurs ailes. On fait également des essais pour remettre les dirigeables en service. Près de 80 ans après leur disparition, ils volent à nouveau en 3D sur les écrans d’ordinateur. Ils consommeraient quatre fois moins que les avions et sont envisagés dans le domaine du fret. Leur taille gigantesque demeure un handicap; il faut toujours un mètre cube d’hélium par kilo de charge.
- Pour que l’essor se poursuive, il faudrait multiplier les aéroports et ce, dans un contexte où les enjeux environnementaux s’accentuent.
- Comment éviter un encombrement du ciel? En poursuivant le passage des actuelles routes aériennes (marquées au sol par des phares électromagnétiques) vers des routes totalement virtuelles où les avions utilisent les satellites GPS.
- La question du contrôle aérien demeure. Le système actuel est «humain», donc limité par le nombre d’avions qu’un contrôleur peut diriger à un moment donné. Le monde de l’aviation espère toujours créer des avions totalement indépendants, qui auraient à leur bord les instruments nécessaires pour leur permettre d’éviter les collisions.
L’avenir du tourisme de masse
Selon une étude du Groupe Cendant, le simple forfait avion-plage ne sera plus au goût du jour en 2020. Les individus préféreront les voyages excitants, ludiques, riches en expériences et en découvertes culturelles. L’industrie touristique devra relever le défi de conjuguer tourisme de masse et authenticité. Il y a cependant un décalage entre les attentes des voyageurs des pays émergents et celles des pays qui ont de l’expérience en matière de voyage. Les exigences des Chinois et des Indiens, par exemple, sont celles d’un Européen des années 1970 ou d’un Japonais d’il y a 10 ans.
La famille nouvelle
Les trente dernières années ont vu la famille se métamorphoser drastiquement. Les tendances actuelles – les différents modes de cohabitation, un nombre élevé de divorces, des naissances hors mariage et des parents célibataires – seront encore plus prononcées en 2020. Les chercheurs s’entendent pour dire que nous pourrons très difficilement parler de «familles typiques» et que ce concept fera place à des familles de tous types et de toutes tailles. De plus, avec la combinaison des dettes étudiantes et de l’augmentation du coût des propriétés, les enfants resteront avec leurs parents plus longtemps!
L’offre touristique devra donc être créative et flexible pour répondre aux intérêts de toute la famille, des grands-parents aux petits-enfants. Chacun aura ses intérêts particuliers, mais ils devront aussi pouvoir se retrouver tous ensemble.
Cependant, tous ne vivront pas en famille, aussi éclatée soit-elle, et la société de demain comptera encore plus de célibataires et de personnes seules. Il faudra leur permettre de se joindre à des groupes qui ont les mêmes centres d’intérêt qu’eux.
Et ce n’est pas tout!
La société comporte combien d’autres facettes qui seront différentes demain. Pensons à la révolution médicale, déjà bien entamée, qui devrait prolonger notre espérance de vie et nous permettre encore plus simplement de subir des retouches esthétiques. Imaginons un monde ou l’Internet sans fil est omniprésent et permet des formules de travail ultra-flexibles, mais aussi une surveillance technologique et un partage de l’information personnelle à grande échelle. Réfléchissons à la présence de robots dans tous les aspects de notre vie quotidienne; cette vision futuriste est certes à nos portes. Spéculons sur l’avenir des grandes villes, toujours plus audacieuses… Mais, surtout, soyons à l’affût de ce qui nous attend, préparons-nous et essayons de préserver ce monde aux mille facettes, qui offre tant à découvrir.
Sources:
– Dugain, Marc. «Le futur, enfin! – Vivre en 2020», Le Monde hors série, 2007.
– Ihaddadène, Luc. «Vous pensiez aller au ski en 2050? – Vivre en 2020», Le Monde hors série, mars 2007.
– Lauer, Stéphane. «Auto: Adieu la frime – Vivre en 2020», Le Monde hors série, octobre 2006.
– Garot, Jean-Marc. Entrevue «La Planète en overbooking – Vivre en 2020», Le Monde hors série, novembre 2005.
– Hopquin, Benoit. «Revoilà le dirigeable! – Vivre en 2020», Le Monde hors série, avril 2007.
– Agence France-Presse. «Le tourisme a encore de beaux jours devant lui jusqu’en 2030», Journal de Montréal, 1er décembre 2007.
– Robertet, Éric. Entrevue «Tourisme – En 2020, « bronzer idiot » ne suffira plus», [LCI.fr], 31 mars 2008.
– Hammond, Ray. «The World in 2030», Plastics Europe, novembre 2007.
– Guardian Special. «The World in 2020», [www.guardian.co.uk], 2004.
– McGuire, Bill, Benfield-UCL Hazard Research Centre. Holiday 2030, Halifax Travel Insurance, 2006.
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