Tendances croisières: à chacun son expérience
Si le ralentissement économique inquiète certains acteurs touristiques, l’industrie des croisières internationales continue de voguer allègrement vers de nouveaux sommets. La demande de la part des Nord-Américains continue de croître à un rythme annuel supérieur à 4%. Chez les Européens, les taux de progression annuels atteignent 15%. Quant aux Québécois, ils n’échappent pas à cette tendance. Ils sont plus de un quart de million à être partis en croisière au cours des trois dernières années.
Un segment profitable pour le Québec
Puisque environ 50% de la clientèle est constituée de clients récurrents, de nouvelles destinations comme le Québec émergent pour satisfaire le besoin de nouveauté. Pour un grand nombre de croisiéristes, le fleuve Saint-Laurent exerce un fort attrait touristique; la ville de Québec principalement récolte la plus importante partie de la croissance des croisières internationales. Elle anticipe un sommet de 107 000 passagers, y compris les membres d’équipage, pour l’année 2008 (graphique 1). Toutefois, les acteurs présents sur le Saint-Laurent bénéficieront d’investissements majeurs – 115 millions CAD – pour permettre d’attirer davantage de croisiéristes et de rehausser leur expérience au Québec, notamment pour de nouvelles escales telles que Havre-Saint-Pierre, Bagotville et Gaspé.
À l’échelle canadienne, Vancouver domine le marché des croisières internationales puisqu’elle accueille la moitié de l’ensemble des passagers au Canada.
Émergence de nouveaux marchés
Actuellement, de tous les voyageurs qui embarquent sur ces paquebots, une personne sur deux réalise sa première croisière. Selon la Cruise Line International Association (CLIA), qui représente la grande majorité des compagnies de croisières nord-américaines, en 2007, le nombre de croisiéristes a atteint 12,6 millions, dont près de 82% provenaient de l’Amérique du Nord. Chaque année, le taux de croissance surpasse les 4%. Et cette tendance se poursuivra en 2008 selon un récent sondage mené par la CLIA auprès de ses agents de voyages. En effet, plus de 60% d’entre eux s’attendent à obtenir des résultats supérieurs à ceux de 2007 et 20% croient même que la saison 2008 sera la meilleure jamais enregistrée.
Depuis deux ans, l’Europe affiche une progression spectaculaire, selon le European Cruise Council. Après une hausse de 9% du nombre de passagers en 2006, le nombre de croisiéristes a atteint les quatre millions en 2007, soit une croissance de plus de 15%. Le plus important contingent est composé de Britanniques (1,3 million), suivi d’Allemands (763 000), d’Italiens (640 000), d’Espagnols (518 000) et de Français (280 000). Le potentiel du marché européen demeure énorme alors que seulement 1% de la population a déjà fait une croisière.
L’engouement des Québécois
L’intérêt des Québécois pour les croisières augmente encore plus rapidement (en 2008* 25% de croissance par rapport à 2004) que celui de la demande en général (tableau 1) et le nombre de croisiéristes s’établit à plus de 260 000, soit près de 3,5% de l’ensemble de la population.
Parmi les croisiéristes québécois, la proportion ayant réalisé une croisière de plus de une semaine a triplé en 2008 par rapport à 2001 (30% vs 10%); il s’agit majoritairement des segments des personnes âgées de 40 à 59 ans (38%) et de 60 ans et plus (30%).
Voici quelques données additionnelles concernant les croisiéristes canadiens:
- moyenne d’âge: 49 ans;
- l’Ontario représente 47% du marché canadien, le Québec 20% et la Colombie-Britannique 18%;
- Toronto représente 22% du marché canadien, Montréal et Vancouver, 12% chacun;
- environ 46% des adeptes résident dans des villes de plus de un million d’habitants – la moyenne canadienne est de 35%;
- près de la moitié (47%) disposent d’un revenu familial de plus de 75 000$, la moyenne canadienne s’élève à 38%;
- séduit davantage les couples sans enfant au foyer (40%).
Dernières tendances
L’augmentation de la demande est notamment stimulée par l’ajout constant de nouveautés et la multiplication d’expériences. (Lire aussi: La croisière: un produit réinventé pour de nouveaux passagers.)
Voici quelques-unes des dernières tendances observées:
- Les segments qui affichent les plus fortes croissances sont les familles multi générationnelles et les baby-boomers.
- Les destinations dont la hausse de la demande est la plus forte sont la Méditerranée, l’Alaska et Hawaï. D’autres produits comme l’Amérique centrale et du Sud, l’Europe du Nord, l’Océanie et l’Asie sont aussi à surveiller.
- La croisière de 6 à 8 jours demeure la plus prisée.
- Les trois principales raisons évoquées pour choisir une croisière sont un bon rapport qualité/prix, une occasion de voir plusieurs destinations lors d’un même voyage ainsi que la simplicité et l’aspect pratique.
- La restauration adopte une approche beaucoup plus flexible et diversifiée, dont une variété de menus santé.
- La très grande majorité des croisières sont réservées plus de six mois à l’avance.
- Les navires deviennent très imposants, pouvant accueillir plus de 3500 passagers. Oasis of the Seas, un mastodonte qui verra le jour en 2009, pourra en recevoir 5400.
- Pour rejoindre une plus large clientèle, les expériences se diversifient, sur l’eau (pique-nique et pratique de golf sur gazon naturel, jeu de quilles, démonstration de verre soufflé, etc.) et à destination (circuits à vélo, programme «Silver Links» pour découvrir les clubs de golf dans le monde, etc.).
- Les compagnies de croisières ciblent davantage les jeunes en développant des services dédiés tels que club de nuit, piscine de surf, saut à l’élastique sur trampoline, escrime, patin à glace, escalade, parc aquatique, cinéma 4D, etc.
- Davantage de services payants viennent compléter l’offre de la croisière «tout inclus» (acuponcture, menus spécialisés préparés par des chefs de renom, cours de boxe, simulateur de golf, spas, dégustation de vin, etc.).
- On note une tendance à la spécialisation des croisières (poker, religion, motocyclisme, musique, etc.) avec notamment la création d’un regroupement d’entreprises de niche: Niche Cruise Marketing Alliance.
Un avenir radieux
Encore aujourd’hui, les consommateurs hésitent avant de réserver un forfait de croisière en ligne. Selon PhoCusWright, seulement 7% des internautes américains favorisent le Web comme mode de réservation de leurs vacances de croisière. Le réseau de distribution traditionnel constitue le principal outil de vente alors que l’expertise des agents de voyages demeure hautement valorisée.
Reste qu’en dépit d’une économie qui tourne au ralenti et des prix élevés à la pompe, l’intérêt pour les croisières ne s’atténue pas. Selon la CLIA, 77% des gens qui ont fait une croisière dans le passé souhaitent en faire une autre au cours des trois prochaines années. Dans le cas de la clientèle potentielle, c’est 55% qui se montrent intéressés à entreprendre une croisière au cours des trois prochaines années. All aboard!
Lire aussi: La croisière: un produit réinventé pour de nouveaux passagers.
Sources:
– Business Research & Economics Advisors. «The Economic Contribution of the International Cruise Industry in Canada 2007», mars 2008.
– CNN. «Cruise Trends for 2008: More Luxury, Potential Deals», [www.cnn.com], 31 janvier 2008.
– Diotte, Simon. «Croisières internationales: année record dans le Saint-Laurent», La Presse, 29 mai 2008.
– Dunham-Potter, Anita. «Recession? Not for the Cruise Industry», [Tripso.com], 17 mars 2008.
– Print Measurement Bureau. «Two-Year Readership Database», 2001, 2004, 2007 et 2008.
– Sarna, Heidi. «The Hottest New Cruise Ships for 2008», Forbes Traveler, 29 février 2008.
– Scemama, Corinne. «La croisière s’éclate», L’Express, 6 mars 2008.
– Steinmetz, Thomas. «CLIA’s Travel Professionals Reveal Top Cruise Trends», eTurboNews, 19 janvier 2008.
– TNS. «Cruise Lines International Association 2008 Cruise Market Profile Study», [www.cruising.org], mai 2008.
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