Des écovillages s’ouvrent au tourisme
Des gens déterminés à réduire leur empreinte environnementale créent de nouveaux modèles de microsociétés. Les écovillages invitent les voyageurs à découvrir leur mode de vie, à participer à leurs activités, à apprendre les bonnes pratiques écologiques et à visiter des lieux naturels conservés. En 1998, ce type de village figurait parmi les cent meilleures pratiques des Nations Unies en tant que mode de vie durable.
Rien à voir avec les communes et les hippies des années 1960
Les éco-communautés se veulent une réponse aux défis sociaux, économiques et environnementaux actuels et c’est pourquoi on en voit émerger de plus en plus. Elles prennent diverses formes, mais toutes ont les mêmes objectifs: vivre en harmonie avec l’environnement, adhérer aux principes de développement durable et de solidarité sociale.
Voici quelques-unes de leurs caractéristiques:
- elles visent l’utilisation durable des ressources naturelles – constructions écologiques, sources d’énergie renouvelable, protection et régénération des écosystèmes, agriculture biologique, permaculture, gestion des déchets, achats locaux, etc.;
- elles sont composées habituellement de personnes de tous âges et de tous milieux;
- elles s’appuient sur un processus décisionnel collectif (charte) et sur le partage de biens et d’espaces communs;
- elles prônent des valeurs de respect, d’entraide mutuelle, de solidarité et de partage, tout en préservant un équilibre entre la vie privée et la vie communautaire;
- elles préservent et mettent en valeur des zones protégées;
- elles aspirent à une viabilité économique par la création de micro-éco-entreprises;
- elles restent ouvertes sur la société et ne visent pas l’autarcie.
L’écohameau regroupe un petit nombre de personnes tandis que l’écovillage compte généralement plus de 50 habitants. Quant au cohabitat (co-housing), il se situe en milieu urbain ou en banlieue.
Bien que les collectivités partagent les mêmes idéaux, chacune est unique: leur environnement physique diffère; certaines ont été créées de toutes pièces et d’autres sont indigènes; elles peuvent regrouper plusieurs nationalités ou une seule; le nombre de leurs membres varie; certaines embrassent des valeurs spirituelles; etc.
La rencontre de deux mondes
Plusieurs de ces éco-communautés invitent les touristes à venir les visiter. Cette ouverture permet aux voyageurs de vivre diverses expériences:
- découvrir une culture et un environnement particuliers et s’y immerger;
- appréhender les valeurs sociales, culturelles et écologiques des habitants;
- mieux comprendre le fonctionnement des principes de développement durable;
- apprendre des notions et des techniques de pratiques écologiques;
- vivre des échanges et des expériences hors du commun;
- découvrir des sites naturels attrayants.
Un peu partout dans le monde
Voici quelques exemples de microsociétés qui s’ouvrent au tourisme.
En Écosse – Créée en 1962 près d’Inverness, la Findhorn Foundation Community est considérée comme une éco-communauté pionnière. Elle se définit aussi comme un centre d’éducation spirituelle. Le site principal, The Park, compte 300 résidants, 90 structures écologiques (maisons, ateliers de travail, centre de traitement), potagers, éoliennes, centre d’arts et beaucoup plus. Elle accueille des milliers de visiteurs annuellement, soit pour une journée (visite, ateliers, événements, etc.), soit pour des séjours plus longs où les touristes collaborent à la vie communautaire (jardins, cuisine, entretien ménager, maintenance) et participent à des activités de groupe (excursions en nature, discussions, danse). En soirée, divers thèmes sont explorés avec des membres de la communauté.
À Los Angeles – Le Los Angeles Eco-Village (environ 500 personnes) défie le mode de vie urbain et le réinvente de façon écologique. Par le biais de visites guidées, de conférences, d’ateliers et d’actions médiatiques, les habitants partagent leurs savoirs et leurs bonnes pratiques.
En Australie – Créé en 1987 au nord de Brisbane, le Crystal Water Village regroupe en son centre activités commerciales et éducationnelles, industrie légère et tourisme. En 1996, il obtenait le World Habitat Award soulignant son rôle de pionnier du développement durable dans le domaine de l’habitation. C’est avant tout sur le segment du tourisme éducationnel que ce village se positionne.
Brésil, Inde, Mexique, Sénégal… – Living Routes organise des voyages d’études ou des stages pratiques sur le terrain. Certains programmes sont reconnus par la University of Massachusetts Amherst et par d’autres établissements d’éducation. Au tableau noir et aux livres traditionnels, on ajoute donc un moulin à vent, un système de gestion des déchets ou une ferme biologique. On peut y étudier la dynamique de groupe, la permaculture, la construction écologique et même les dimensions juridiques de ce type de communautés.
Au Canada – Selon les registres du Global Ecovillage Network, la Colombie-Britannique possède une longueur d’avance quant au nombre d’écovillages, suivie de l’Ontario.
Au Québec – Plusieurs projets voient le jour sous différentes formes, mais tous n’empruntent pas la voie touristique. Situé à Saint-Sylvestre dans la région Chaudière-Appalaches à moins d’une heure de Québec, l’écovillage Mont Radar a démarré en 2005 sur les terrains d’une ancienne base militaire et se définit comme un écovillage en «chantier». Il regroupe un ensemble de micro-entreprises et vise à rassembler une diversité d’intérêts et de métiers. La communauté offre des activités récréotouristiques en accord avec les principes du développement durable: base de plein air, rassemblements et événements (Foire des écoalternatives, Festival de musique, Fête des neiges, etc.), conférences et ateliers. À Saint-Elzéar, en Gaspésie, la Coopérative Nature Tourisme Aventure Connecté à la Terre (CONTACT) planche sur un projet de village rural du futur, lequel comprendra un produit écotouristique de même qu’un centre de congrès international lié au développement durable.Terravie compte elle aussi s’ouvrir aux touristes avec son projet d’écovillage à Montcalm dans les Laurentides. Au cœur de la côte de Beaupré, l’Arche écologique de Château-Richer souhaite favoriser le développement récréotouristique de la région grâce à la mise en valeur de sentiers pédestres et d’interprétation.
Parions que les écovillages feront écho dans le paysage écotouristique mondial en raison de la vague environnementaliste qui déferle sur la planète et de l’engouement des gens pour les pratiques écologiques. Écho, éco, écho, éco!
Sources:
– Angers, Gilles. «Fête des neiges au mont Radar de Saint-Sylvestre», Le Soleil, 3 février 2007.
– Angers, Gilles. «Écovillages: le désir de vivre selon un nouvel ordre établi», Le Soleil, 25 novembre 2006.
– Bonneau, Danielle. «Écovillages et écohameau: des petites communautés», La Presse, 29 décembre 2007.
– Borde, Valérie. «Sainte-Marguerite de l’utopie», L’Actualité, 1er novembre 2006.
– Kessler, Sarah. «Eco-Villages – Studying in Sustainable Communities Throughout the World»,
[www.abroadview.org/avmag/2008spring_kessler.htm].
– Sachs, Andrea. «Eco-communities Around the World Open up to Tourists», The Seattle Times, 19 mai 2008.
Autres sites consultés:
– Communauté en fête
– Les éditions de La Plume de Feu
– Réseau des ÉcoHameaux et ÉcoVillages du Québec
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