Quand l’art descend dans la rue et fait tourner les têtes!
L’art de la rue, qui se présente sous la forme d’une intervention artistique urbaine tantôt tout à fait légale et planifiée, tantôt anonyme et dénonciatrice, appartient au paysage urbain et s’inscrit dans la culture même du milieu. Certaines œuvres ont le mérite de surprendre, d’autres de faire sourire, d’embellir ou simplement d’exprimer une idée, un état d’esprit. Une chose est sûre, l’art de la rue est partie prenante de l’art urbain qui contribue à la qualité du cadre de vie en s’intégrant au design urbain, au mobilier, à l’architecture et au paysage en général. Il s’agit aussi d’une composante très visible d’une destination touristique. Ce type d’art favorise l’animation urbaine et dynamise les lieux. C’est également un excellent moyen de faire parler d’une destination, du moins lorsqu’il est question d’œuvres distinctives. Voici quelques exemples d’interventions artistiques urbaines plutôt étonnantes.
Quand l’art se fait messager
FilthyLuker est l’un des artistes de la rue qui laisse sa trace d’une façon plutôt originale. Entre le graffiti et l’art urbain, il envoie un message pour l’environnement. Des structures gonflables pour dénoncer certains gestes discutables ou encore un arbre pourvu de yeux comme s’il disait: «Je suis vivant moi aussi!»
L’artiste brésilien Nele Azededo a créé récemment une œuvre éphémère symbolique surprenante: des centaines de petites sculptures de glace représentant des humains en position assise en pleine ville, sous le soleil. L’exposition dure le temps de la fonte des statuettes. Métaphore aux changements climatiques ou encore à la vie qui file; les interprétations sont nombreuses.
Banksy, célèbre créateur de graffiti, est un artiste très prolifique. Ses oeuvres, tantôt humoristiques, tantôts cinglantes, sont d’une esthétique assez léchée et suscitent quelquefois la réflexion.
L’art caméléon
Dans un autre registre, l’artiste Joshua Callaghan a été choisi par la Ville de Culver, en Californie, pour intégrer différentes boîtes d’équipement – transformateurs, boîtes de fusibles ou de contrôle des feux de circulation, etc. – au paysage environnant. Pour créer ses Almost Invisible Boxes, l’artiste les a recouvertes d’une fine couche de vinyle sur laquelle il a préalablement imprimé une image du décor avoisinant. L’effet est réussi! L’illusion d’optique dépend de l’endroit où l’observateur se positionne.
Joindre l’agréable à l’utile
Ramener le concept du «jeu» sur la place publique, voilà ce qui a poussé Bruno Taylor à installer des balançoires dans des arrêts d’autobus. Pour expliquer son projet, il lance quelques chiffres: 71% des adultes ont joué dans la rue étant petits; seulement 21% des enfants le font aujourd’hui: «Donnons plus de place au jeu!».
En réaction à la prédominance de la «culture automobile» dans nos villes, le Montréalais Peter Gibson s’en est donné à cœur joie il y a quelques années à réinventer le design des lignes et des passages piétonniers dans les rues. Agissant en toute illégalité, il a été arrêté et condamné à réaliser 40 heures de travaux communautaires liées… à l’art de la rue!
Montréal est aussi le théâtre de nombreuses interventions artistiques urbaines se déroulant dans un cadre légal. Pensons notamment à l’animation de rue qui se déroule à l’occasion du Festival Juste pour Rire : de curieux personnages arpentent la rue Saint-Denis sur des échasses ou encore sur des véhicules tout à fait inusités. L’événement Paysages Éphémères, sur le plateau Mont-Royal, propose aussi des œuvres étonnantes et contribue à sensibiliser le public à l’impact positif de ce type d’intervention sur leur milieu de vie.
Animer des symboles
À l’occasion du Pedestrian Project, Yvette Helin et quelques amis ont confectionné et porté des costumes représentant les pictogrammes universels des piétons. Ils ont ensuite déambulé dans les rues de New York, parfois pour réaliser des chorégraphies planifiées, d’autres fois en improvisant une scène. Ces piétons symboliques sont muets. Il s’agit là d’un clin d’œil amusant à l’image que l’on se fait de soi-même. Enfin, à la vue de ces personnages, personne ne reste indifférent.
L’art de la rue dans les grandes institutions
À l’été 2008, le célèbre Tate Modern à Londres exposait six grandes murales sur la façade de l’institution; œuvres de six artistes internationalement connus pour leur apport créatif au milieu urbain.Les visiteurs
pouvaient aussi se munir d’une carte du secteur pour effectuer une visite à pied et découvrir les œuvres d’artistes de la rue invités pour l’événement.
L’art de la rue a longtemps été perçu de façon péjorative, car il est souvent pratiqué illégalement et parfois dans un but haineux. Mais il s’agit d’un univers très disparate. Grâce à Internet, on trouve des merveilles sur ce qui se réalise ailleurs parce que les coups d’éclat qui font tourner les têtes font rapidement le tour du monde par les sites Internet, plus particulièrement les blogues. L’art de la rue, accessible à tous, est un bon moyen de faire parler d’une destination. Le bouche à oreille fait son œuvre et contribue à véhiculer les idées créatives!
Analyse rédigée dans le cadre d’un partenariat avec Tourisme Montréal sur le tourisme culturel
Source:
– Proulx, Denis. «Les ingrédients de l’art urbain pour améliorer la ville», conférence prononcée le 4 février 2008 à l’occasion du Forum URBA 2015.
Sites Internet:
– Banksy
– Designboom
– Environmental graffiti
– Joshua Calaghan
– Juste pour rire
– Paysages Éphémères
– Tate Modern
– Treehugger
– Yvette Helin
– WebUrbanist
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