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Analyses - 27 avril 2010

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avril 2010

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La responsabilité sociale des entreprises, une affaire de crédibilité

Lors du dernier congrès de l’ITB Berlin, une journée a été consacrée au thème de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) dans le secteur touristique. Au menu : conférences, débats publics et exemples tirés de la pratique.

Démêler les cartes

Bien qu’il n’existe pas de définition universelle de la RSE, elle peut se définir comme la façon transparente et responsable dont les entreprises intègrent les préoccupations sociales, environnementales et économiques dans leurs valeurs et dans leurs activités.

La RSE est un concept qui en chevauche fréquemment d’autres similaires, tels que la durabilité de l’entreprise, le développement durable de l’entreprise et la présence sociale de l’entreprise. Aux États-Unis, on parle davantage de responsabilité sociale. En tourisme, les expressions tourisme responsable, tourisme durable et écotourisme s’entrecroisent.

Deux aspects importants de la RSE : la nature volontaire des actions et la focalisation sur les activités principales d’une entreprise. En effet, l’engagement des entreprises dans la société peut prendre de multiples formes, de la commandite d’événements culturels et sportifs aux projets pour les enfants de la rue, en passant par la plantation d’arbres pour la protection du climat. Cela dit, il arrive que certaines actions sociales plus éloignée des principaux secteurs d’activité de l’entreprise soient critiquées parce qu’elles servent surtout d’instrument de marketing astucieux pour améliorer l’image et la réputation de l’entreprise. Tous les projets RSE ne s’intègrent pas nécessairement bien avec les activités de base de l’entreprise.

Une politique RSE crédible devrait englober :

  • la protection de l’environnement au sein de l’entreprise;
  • la prise en considération des intérêts des salariés;
  • la protection de l’environnement et des conditions de travail respectant la dignité humaine dans la chaîne de sous-traitance;
  • une politique intégrée des produits;
  • la protection des consommateurs.

Occasions, risques et conditions gagnantes

Le Dr Christoph Willers, conférencier lors de cette journée, a décortiqué la RSE de la façon suivante.

Les occasions pour l’entreprise :

  • Économie des ressources;
  • Création de produits innovants;
  • Renforcement ou amélioration de l’image;
  • Investissement;
  • Motivation des employés;
  • Harmonie avec la nature;
  • Amélioration de sa position dans un marché;
  • Atteinte du marché intéressé par la santé et la durabilité.

Les risques devant être ciblés, évalués et ensuite minimisés :

  • Manque de connaissance;
  • Réceptivité de certains groupes;
  • Dilution de la marque;
  • Coût lié au risque et aux investissements;
  • Difficulté de validation de la démarche RSE;
  • Vision de la RSE propre à l’entreprise;
  • Tendance galvaudée.

Les facteurs de succès d’un projet, dont la prise en considération (ou non) déterminera les occasions et les risques :

  • L’adéquation du projet avec la mission et la marque;
  • La transparence;
  • L’intégration à la culture de l’entreprise;
  • La gestion stratégique du projet RSE.

En d’autres mots, la crédibilité de la démarche.

L’industrie touristique peu structurée en RSE

Même si on en entend parler régulièrement, l’industrie touristique n’en est qu’à ses débuts en matière de responsabilité sociale. À qui les clients peuvent-ils faire confiance? Comment reconnaître les efforts véritablement durables? Si l’on compare avec d’autres secteurs, la RSE est en terra incognita, ou presque, dans le secteur du tourisme. Ce n’est pas qu’aucune action valable n’est entreprise, mais plutôt que le monitoring, le contrôle et les bases de comparaison ne sont qu’embryonnaires. On observe surtout des actions ad hoc isolées qui sont présentées comme de bonnes actions et des projets sociaux et écologiques comme des mesures RSE. Pourtant, la RSE dans le tourisme devrait plutôt signifier que les activités principales des entreprises touristiques sont socialement et écologiquement responsables. Plus encore, elle devrait signifier que ces activités sont transparentes pour que l’on sache comment et à quelles conditions le produit voyage, un assemblage de plusieurs éléments, est réalisé.

Pour le moment, seules quelques grandes entreprises ont des projets structurés et annoncés de RSE. C’est notamment le cas de Transat.

Le développement de la RSE dans le monde

Jusqu’à maintenant, les entreprises du monde arabe ont considéré les dons philanthropiques comme leurs principales actions sociales. On observe néanmoins une tendance naissante à reconnaître les bénéfices de l’intégration de pratiques responsables dans les activités maîtresses des entreprises.

L’Europe encourage la RSE et son développement est avancé, quoiqu’il diffère d’un pays à l’autre. Aux États-Unis, la RSE a traditionnellement été synonyme de philanthropie. Aujourd’hui, l’accent est davantage mis sur l’efficience environnementale (lorsqu’elle permet de réduire les coûts globaux) que sur l’engagement, la transparence et la réputation des parties prenantes.

Au Japon, la RSE prend racine à même les traditions en matière d’affaires, d’environnement et de relations avec les communautés locales. La densité de la population a par ailleurs favorisé les innovations vertes. Toutefois, des critiques sur certaines pratiques non éthiques ont été formulées à l’égard de ce pays.

En Amérique latine, comme au Brésil, au Mexique et au Chili, un fort mouvement de RSE émerge. En Chine, les dirigeants vantent le caractère responsable des pratiques tout en reconnaissant l’existence de lacunes et la nécessité de connaissances plus approfondies en cette matière.

Les enjeux et tendances en 2010

  • Une insistance renouvelée sur les principes de base de la responsabilité des entreprises.
  • Un plus grand intérêt pour la durabilité, tant environnementale que non liée à l’environnement.
  • Une solidification des plans d’affaires des praticiens de la RSE devant le resserrement du contrôle des coûts.
  • Une communication liée à la RSE encore difficile due à une méconnaissance du concept.
  • Étonnamment, une faible évocation des changements climatiques dans les rapports de FTSE (firme d’indices financiers, économiques et sociaux).
  • D’intenses discussions suscitées par le capitalisme et portant sur le besoin de bonnes structures de gouvernance.
  • Une amélioration du comportement des entreprises et institutions auprès des sociétés au sein desquelles elles opèrent.

La crédibilité de la démarche est donc la clé du succès. La RSE doit être entièrement intégrée aux activités de l’entreprise; pas seulement un projet parallèle. C’est ainsi qu’elle devient un avantage compétitif pour les entreprises. L’industrie touristique en est consciente mais n’a pas encore pleinement exploité cette voie.

Pour plus d’information, vous pouvez consulter l’outil suivant, publié par la Commission canadienne du tourisme en collaboration avec l’Association de l’industrie touristique du Canada (AITC) : Pour une entreprise écosensible : Trousse à outils pour les entreprises touristiques.

Sources :

– Dr. Hopkins, Michael, chair and partner, MHC international Ltd. “Corporate Social Responsibility: What Is It? What’s the Point? How Does It Work?”, ITB Berlin Convention, 11 mars 2010.
– Willers, Christoph, senior consultant, AFC Risk & Crisis Consult GmbH. “A Real Strategic Connection vs. Greenwashing: CSR As a New Paradigm of Brand Management?”, ITB Berlin Convention, 11 mars 2010.
– Ermlich, Günter. “Corporate Social Responsability (CSR)”, information de presse spéciale, ITB Berlin 2010.

  • Nathalie Choquette

    Avis aux entrepreneurs ou associations intéressés à intégrer la démarche RSE : la « Canadian Business for Social Responsibility » est une excellente référence en la matière : http://www.cbsr.ca

    Je ne sais pas s’il y a l’équivalent au Québec.

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