Regard sur les destinations de croisières qui concurrencent le Saint-Laurent
Le fleuve Saint-Laurent demeure une destination de croisière récente à l’échelle nord-américaine. Les derniers investissements injectés par les deux paliers de gouvernement dans les escales ont permis la mise à niveau des infrastructures d’accueil et l’amélioration de la qualité de la visite. Dans cette industrie hautement compétitive, où une seule visite d’un bateau génère des milliers de dollars, sans oublier l’augmentation considérable de la visibilité de la destination, sommes-nous à la hauteur de nos compétiteurs? D’abord, qui sont-ils? Quels sont leur positionnement et leur importance dans ce secteur?
Les principaux constats, au Canada et au Québec
La Business Research and Economic Advisors (BREA) a répertorié en 2007 la venue de deux millions de passagers au pays qui ont effectué près de 1 000 escales. Au total, cette industrie aura généré 2,3 milliards de dollars et créé 16 600 emplois. La BREA estime que 6% de ces dépenses ont été faites au Québec et 21% dans les provinces de l’Atlantique. Plus précisément, le Québec aurait reçu 166 000 passagers et 63 000 membres d’équipage en 2009. Le ministère du Tourisme prévoit que d’ici 2014, les dépenses passeront de 73 millions à 275 millions de dollars, soit un taux de croissance annuel de 17%.
Tableau 1: Le nombre d’escales et de passagers dans les
ports du fleuve Saint-Laurent en 2009
Source: Les statistiques d’achalandage de 2006 à 2010, compilées par le ministère du Tourisme du Québec
Les provinces de l’Atlantique
Les provinces maritimes sont une destination bien reconnue dans l’industrie. Elles font des efforts de promotion et de représentation depuis plusieurs années. Les provinces de l’Atlantique peuvent être considérées à la fois comme des concurrents et comme des partenaires d’affaires, car leurs escales contribuent à enrichir les itinéraires à destination du Québec.
Les principaux ports d’escale sont Charlottetown, Gros-Morne, Halifax, Saint-John et Sydney. L’histoire est leur attrait majeur (nombreux musées, sites patrimoniaux, villages historiques) mais les activités de plein air occupent aussi une place importante (randonnée, plages, kayak, golf, observation des baleines et autres excursions). Le tableau 2 présente les résultats enregistrés pour l’année 2009 dans les principales escales; la ville de Québec a été ajoutée aux fins de comparaison.
Tableau 2: Indicateurs pour l’année 2009 des croisières dans les provinces de l’Atlantique
* Données de 2008
Selon une analyse du PEI Tourism Research Centre effectuée en 2008, 80% des passagers en escale à Charlottetown proviennent des États-Unis, 69% ont plus de 55 ans et 85% en sont à leur première visite.
Source: Vacationstogo.com
La Nouvelle-Angleterre
Regardons nos voisins du Sud de plus près. La Nouvelle-Angleterre bénéficie grandement de sa proximité avec les grands bassins de clientèle de New York et de Boston, qui constituent des points de départ de nombreuses croisières vers le Canada, mais aussi pour les Bermudes et les Caraïbes. Voici un bref aperçu des retombées engendrées par l’industrie des croisières dans les États du Nord-Est américain.
Tableau 3: Aperçu des indicateurs croisières de 2008 dans les États du Nord-Est américain
Source: CLIA, 2008 State Economic Fact Sheets
À la lumière de ces résultats, on peut observer que le New Jersey obtient moins de passagers que le Québec. Cependant, selon les chiffres avancés par la BREA, les retombées au Québec seraient nettement inférieures soit de 138 millions en 2007, comparativement à 387 pour le New Jersey en 2008. On ne parlerait également que de 2 000 emplois (incluant les provinces maritimes) comparativement aux 6 814 répertoriés par la CLIA.
Cruise Maine présente l’évolution du nombre d’escales de bateaux de croisière depuis 2003.
Tableau 4: Historique du nombre d’escales dans les ports du Maine de 2003 à 2009
*Projections
Source: http://www.cruisemaineusa.com/Statistics.asp
Une étude réalisée en 2008 par Todd Gabe et Jim McConnon, deux économistes de l’Université du Maine, a démontré que les dépenses annuelles engendrées par les passagers dans l’économie régionale de Portland se situaient entre 5,8 millions et 8 millions. Un passager dépenserait environ 81$ par jour répartis de la façon suivante:
- nourriture 28$
- vêtements 21$
- arts et bijoux 6$
- articles de maison 5$
- transport 5$
Le nombre de passagers à Portland en 2008 était de 48 000 pour 35 escales. En 2009, ces résultats devaient atteindre 69 852 pour 45 escales. Le carnet de réservation annonce déjà pour 2010, 76 867 passagers et 70 escales.
Les Baltiques
La mer Baltique est en pleine croissance. Non seulement les Européens démontrent un intérêt grandissant, mais les Nord-Américains aussi apprécient de plus en plus ces destinations. Plus grands habitués des croisières, ils connaissent maintenant très bien les destinations telles que les Caraïbes, la côte ouest américaine et l’Alaska. La recherche de nouvelles destinations les amène à considérer les croisières méditerranéennes et nord-européennes. Le positionnement de la région baltique ressemble à plusieurs égards à celui du Saint-Laurent : destination culturelle, historique, paysages nordiques, activités de plein air, villages côtiers, etc.
Source: Vacationtogo.com
Les destinations comprises dans la mer Baltique varient énormément en matière de retombées et d’installations portuaires.
Tableau 5: Principaux ports de la mer Baltique, leurs particularités et leurs résultats pour l’année 2008
Source: Cruise Europe.com, http://www.cruiseeurope.com/member-stats
De nombreuses améliorations sont présentement apportées aux installations portuaires de la région des Baltiques. La ville de Saint-Pétersbourg a aménagé un nouveau pavillon d’accueil pour les croisières qui devrait être complété au cours de 2010. Hambourg a inauguré son nouveau pavillon d’accueil en août 2009. La CLIA rapporte également que Stockholm, qui opère un nouveau pavillon d’accueil depuis 2008, en ouvrira un deuxième en 2010. Il contiendra entre autres un musée de la photographie.
De plus, la région de la mer Baltique a décidé de prendre les moyens pour diminuer l’impact environnemental des croisières, en mettant de l’avant le Clean Baltic Shipping Program. Ce plan se divise en cinq actions:
- encourager les bateaux à faibles émissions de sulfure et d’azote;
- récompenser les meilleures initiatives dans ce secteur;
- introduire une certification;
- équiper tous les bateaux de systèmes de traitement des eaux usées;
- implanter d’ici 2015 un système de branchement à quai dans tous les ports de la région.
À la lumière de ces informations, il semble que les ports d’escale du Saint-Laurent doivent faire face à une concurrence hétérogène et de mieux en mieux structurée. D’où l’importance de maintenir un rythme rapide de développement, mais surtout de viser la réalisation d’un produit de qualité supérieure et distinctif à l’offre existante.
Analyse rédigée dans le cadre de la veille thématique réalisée pour le ministère du Tourisme du Québec.
Sources :
– Bell, Tom, «Cruise ship’s arrival launches busy year», Pressherald.com, consulté le 4 mai 2010.
– Business Research & Economic Advisors (BREA). “The Economic Contribution of the International Cruise Industry in Canada 2007”, NorthWest CruiseShip Association, Cruise Newfoundland and Labrador, Cruise the Saint Lawrence, Atlantic Canada Cruise Association, Cruise BC, p. 4.
– CLIA. «2008 State Economic Fact Sheets», Cruiseindustryfacts.com, consulté en janvier 2010.
– Fantastic Cruise Record for Stockholm, Fast Facts, Cruise Line International Association, novembre 2009, page 3.
– Department of Tourism, Culture and Recreation Backgrounder Year-End. «Provincial Tourism Performance 2009 and Early Tourism Outlook 2010», site officiel du New Foundland et Labrador, consulté le 23 juin 2010.
– Malhère, Manon. «Baltic Region: OPS for Sustainable Port Development», Europolitics.info, 12 octobre 2009.
– Cruise Maine.
– Cruise Europe.
– Ministère du Tourisme. « Les statistiques d’achalandage de 2006 à 2010 », 2010, compilation spéciale.
– UK and EIRE, Seatrade Cruise Review, Seatrade Communications, septembre 2008, page 45.
– Peter, Tom. «Cruising right along; Ports officials pleased with tourist season», The Chronicles Herald, Halifaxemployers.com, 4 janvier 2010.
Analyse rédigée dans le cadre de la veille thématique réalisée pour le ministère du Tourisme.
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Il semble étonnant qu’avec 15 escales, le port de Trois-Rivières ait reçu 819 passagers. À vérifier.
Madame Lemieux, je comprends votre étonnement. Il faut savoir que les escales à Trois-Rivières proviennent majoritairement de plus petits bateaux, par exemple le Canadian Empress de la compagnie St-Lawrence Cruise Lines qui possède une capacité totale de 66 passagers.