Tirer des leçons du concept d’écolodge
Il n’est pas nécessaire de prétendre au statut d’écolodge pour se laisser inspirer par sa philosophie, que ce soit pour l’harmonie avec l’environnement, l’ancrage dans la communauté ou l’éducation des clientèles. Comprendre le concept constitue la première étape d’un cheminement vers l’écohébergement, repenser sa façon de faire, la deuxième et, qui sait, en récolter fierté et bénéfices par la suite.
En quoi consiste le concept d’écolodge ?
La construction d’écolodges un peu partout à travers le monde vient du fait que les communautés autochtones considèrent l’écotourisme comme une façon durable de promouvoir leur mode de vie et de préserver leur culture ainsi que la biodiversité. Il s’agit d’un concept plutôt récent (environ dix ans), mais bien défini, même s’il n’existe pas encore de certification reconnue pour ce type d’établissement. Une définition généralement acceptée est celle de Hitesh Mehta, auteur du livre International Ecolodge Guidelines:
«Un écolodge est une infrastructure d’accueil, de 5 à 75 chambres, financièrement durable, construite dans un souci d’harmonie avec la nature et dont l’impact sur l’environnement est par conséquent minime. Il contribue à protéger les espaces environnants fragiles, implique les communautés locales et leur permet de générer des bénéfices, offre aux touristes une expérience interprétative et interactive, et s’avère propice à une communion spirituelle entre nature et culture. L’écolodge est pensé, conçu, construit et exploité en accord avec des principes environnementaux et sociaux responsables.»
Atout France cite encore cet auteur, selon qui l’écolodge doit respecter trois principes fondamentaux:
- la conservation patrimoniale;
- les retombées positives pour les communautés locales;
- l’interconnaissance entre le visiteur et la population d’accueil.
Voici d’autres critères de reconnaissance d’un écolodge qui peuvent être applicables à n’importe quel lieu touristique:
- la participation à la conservation de la faune et de la flore;
- la collaboration avec la communauté locale;
- les programmes d’interprétation éducatifs pour les employés et les touristes liés à la richesse naturelle et culturelle de l’environnement;
- l’utilisation de solutions de rechange pour la consommation économique de l’eau;
- les dispositifs de réduction et de recyclage des déchets;
- l’utilisation de ressources renouvelables en énergie;
- la construction privilégiant matériaux et techniques traditionnels ou leur contrepartie contemporaine;
- la réduction maximale des répercussions sur l’environnement pendant la construction;
- l’immersion dans l’environnement physique et culturel et le respect de l’architecture traditionnelle;
- la contribution au développement durable des communautés locales à travers des programmes d’éducation et de recherche.
En fait, l’objectif dans plusieurs cas est que le site soit en meilleur état après la construction. Pour ce, on procède de plusieurs manières: on reboise, on améliore la qualité de l’eau, on enrichit les sols, on protège la faune, on instaure des programmes de restauration, etc.
Puisque la construction des écolodges est en lien avec les contextes économique et touristique du pays, les enjeux ne sont pas les mêmes s’ils se trouvent au Canada ou en Amazonie, par exemple. Pour les pays en voie de développement, l’écolodge permet une valorisation et le développement des communautés locales. Alors que pour les pays comme le Canada, les États-Unis et l’Australie, il représente davantage un mode de séjour «alternatif» respectueux de l’environnement.
Deux concepts aux antipodes, deux clientèles distinctes
Hector Ceballos-Lascuráin, un réputé auteur sur le sujet, consacre une section sur le concept d’écolodge dans son avant-propos du livre L’écotourisme visité par les acteurs territoriaux: entre conservation, participation et marché. L’hébergement à forfait peut prendre diverses formes et le tableau suivant présente les principales différences entre un établissement de villégiature traditionnel et un écolodge.
Source: Hector Ceballos-Lascuráin, «L’écotourisme visité par les acteurs territoriaux: entre conservation, participation et marché», p. XIII – adapté de Hawkins et al. «The Ecolodge Sourcebook for Planners and Developers», 1995.
Le concept d’écolodge est plus répandu dans d’autres régions du monde comme le Costa Rica ou l’Australie. Plus près d’ici, deux établissements mettent ces principes en valeur.
– Le Cree Village Ecolodge reflète les valeurs culturelles et morales de la nation crie de l’Eeyou; il est situé sur l’île de Moose Factory, en Ontario, et est géré par des membres de la communauté.
Source: Cree Village Ecolodge
– L’ÉCOlodge Matagami est situé près du 50e parallèle; il offre un hébergement conçu selon des normes environnementales élevées, tout en misant sur le confort et la qualité des infrastructures.
Les principaux attraits de l’écolodge résident dans la qualité de l’environnement immédiat, son emplacement naturel, la possibilité de pratiquer des activités dans la nature et d’établir un contact rapproché avec la culture locale. Son intégration comporte un minimum d’effets négatifs sur le milieu. À l’inverse, l’hébergement traditionnel présente principalement des aménagements et des activités artificiels. Ce dernier ne devrait-il pas s’inspirer davantage des principes de l’écolodge?
Sources:
- Atout France – Grand Angle. «L’hébergement en espace sensible: les écolodges», numéro 18, janvier 2010.
- Blangy, Sylvie et Mehta, Hitesh. «Ecotourism and ecological restoration», Journal for Nature Conservation, volume 14, mai 2008.
- Collectif. «L’écotourisme visité par les acteurs territoriaux: entre conservation, participation et marché», sous la direction de Christiane Gagnon, Presses de l’Université du Québec, Collection tourisme, Québec, 2010, 259 p.
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Bonjour ,
superbe article qui donne vraiment envie de continuer sur notre lancée ecolodge !
Nous venons d’ouvrir un Ecolodge Oasis: »Bab el Oued » dans le Sud marocain, entre Ouarzazate et Zagora , en plein coeur de la plus belle palmeraie du Maroc, celle du Draa.
Nous disposons de 5chambres (bungalows) individuelles qui sont de veritables constructions bioclimatiques (terre pisée,bois de palmiers,roseaux…).Nous avons opté pour les panneaux solaires pour l’approvisionnement en eau chaude;grande fosse sceptique (une premiere pour la region du Draa);eau de piscine recyclée et bientot pompe a chaleur solaire…
Nous avons replanté +100 palmiers , et faisons notre jardin Bio sur l’ensemble du jardin de 5000m2.Entre dattes,oranges,peches,poires,pommes,feves,aubergines,carottes,navets,piments,grenades,pasteques,melons,gombos,persil,verveine,menthe en saison nous recoltons pas moins de 50 sortes differentes de fruits, légumes et plantes aromatiques, et tous issus de notre culture BIo, evoluant au cours des saisons, tout comme notre cuisine francomarocaine.A noter egalement que cette année nous avons recolté pas moins de 4Tonnes et demi de dattes , que nous avons transformé en confitures ou offert a nos clients afin de promouvoir la culture gastronomique de la Vallée du Draa.
Nous elevons poules,pigeons et lapins , nourrit egalement au Bio.
Enfin, nous travaillons exclusivement avec la population locale.De la construction a l’exploitation ,nous avons travaillé main dans la main afin que l’art de la construction en terre et la culture berbere se ressente a chaque recoin de l’Ecolodge .
Envie de depaysement et de rencontre interculturelles ? N’hesitez plus, on vous attend les bras ouverts !
Allez pousser les portes de Bab el Oued grace a notre site : http://babelouedmaroc.com/
Bien a vous chers amis qui entendez conserver la richesse d’un patrimoine encore meconnu et bien loin des sentiers battus du tourisme de masse….
Mathilde&Zine
Dans le coeur vert de la France, sur le plateau du Cézallier, nous avons ouvert un écolodge il y a 7 mois : « instants d’Absolu – Ecolodge du Lac du Pêcher » sur un haut lieu de biodiversité. Pour simple témoignage, le développement de l’écolodge s’est fait en adéquation avec les valeurs soulignées de ce concept, à savoir:
– la conservation patrimoniale : il s’agissait ici de réhabiliter une grange tricentenaire en pierre de lave, dans un souci de préservation de l’environnement (isolation, utilisation de matériaux propres… passage prochain du gaz au bois déchiqueté en terme de chauffage et production d’eau chaude sanitaire), – les retombées positives pour les communautés locales (nous sommes d’ailleurs sur un site classé ZRR – Zone de Revitalisation Rurale -avec un intérêt majeur pour l’approvisionnement en local pour le restaurant, à base de produits frais, de saison et de proximité, tandis que nous travaillons en proximité avec les prestataires locaux pour faire découvrir cet environnement naturel d’exception… à pied, à cheval, avec des chiens de traîneaux…), – la participation à la conservation de la faune et de la flore (avec une sensibilisation de nos hôtes à cette richesse naturelle et la proposition d’une éco-participation à hauteur d’1 € par personne et par jour en contrepartie de quoi nous nous engageons à reverser de notre chiffre d’affaires un montant équivalent). Je vous invite à découvrir l’écolodge en cliquant sur : http://www.ecolodge-france.com Précisons enfin que l’établissement (13 chambres et un Spa de charme) se trouve en ENS (Espace Naturel Sensible) protégé à plus d’un titre (du fait qu’il se situe face à un lac de 20 hectares qui est un couloir migratoire d’oiseaux et se trouve à proximité immédiate d’une forêt giboyeuse et particulièrement riche en cervidés.
Et ici encore, comme le souligne Mathilde dans son écolodge au Maroc qu’il me tarde d’aller découvrir et apprécier, l’objet est d’amener à vivre un lieu, bien loin du tourisme de masse, dans l’esprit même du Slow Travel.
Wow! Merci à tous les deux pour la présentation de vos établissements. Ce sont des exemples fort inspirants! Non seulement ils enrichissent mon analyse mais ils donnent aussi très envie de vous visiter…
Merci à Maïthé et Mathilde pour leurs présentations qui me confortent d’autant plus sur mon projet de conception écologique d’un « Camplodge » en Martinique, un village authentique contruit à partir de notre Végétal Local pour permettre une autre expérience de découverte écologique de l’île face au tourisme balnéaire classique. Une vraie joie de constater que finalement les idées font le tour d’un monde qui aujourd’hui doit être plus que jamais préservé. Moi j’ai pensé à 10 « cabanettes » rudimentaires avec un service haut de gamme et l’utilisation de l’énergie solaire et une charte d’occupation « verte » pour le visiteur. à très vite donc…
Bonjour Pascal, Suis convaincue que votre projet a de l’avenir et que ce qui peut précisément différencier les îles de Martinique et Guadeloupe par rapport au cocktail su & sea nettement plus abouti et dynamique alentours (Cuba, Rép. dominicaine…), c’est précisément l’écotourisme. Bonne chance à vous et prenez bien du plaisir ! C’est une belle Aventure en perspective !