(Éco)Mobilité vers les espaces naturels et les régions rurales
De nombreux Québécois et touristes sont restreints lorsqu’ils visitent la province sans voiture. Se rendre dans des parcs et des campagnes semble parfois même impossible pour ce type de visiteur. Des navettes ou des projets de partenariat avec les compagnies de transport collectif pourraient contribuer à résoudre cette problématique. Nous avons sélectionné trois exemples de bonnes pratiques qui illustrent des solutions d’écomobilité vers des espaces naturels.
Selon le Réseau des Grands Sites de France (RGSF), l’écomobilité est une combinaison entre la mobilité douce, qui se définit comme un déplacement faisant uniquement l’usage d’énergie humaine tel que le vélo ou la marche, et les moyens de transport motorisés les plus soucieux de l’environnement tels que l’autopartage, le covoiturage et les transports collectifs. |
L’enjeu de l’accessibilité
Plusieurs Québécois ne possèdent pas de véhicule, que ce soit pour des raisons budgétaires, environnementales ou pratiques. Selon les données du Print Mesurement Bureau (PMB) de 2011, 19,6% des foyers montréalais ne détiennent pas d’automobiles, de fourgonnettes ou de camions utilitaires, comparativement à 16% des foyers de Québec et à 10,6% de ceux de municipalités comptant moins de 100 000 habitants (voir graphique 1).
Comment font ces gens pour sortir de la ville, pour visiter la campagne ou pour accéder aux parcs de la province? De quelles manières les touristes arrivant par avion, par train ou par autobus peuvent-ils voyager hors des villes québécoises s’ils ne désirent pas louer de voiture?
Bien entendu, des réseaux d’autobus, de trains et de covoiturage desservent de nombreuses municipalités de la province. Mais qu’en est-il des milieux naturels et ruraux? Les réseaux de transport partant des villes se rendent rarement jusqu’à l’entrée des parcs ou des sentiers. Ces derniers kilomètres sont pourtant indispensables pour celui qui veut se rendre à destination pour compléter les trajets. Voici trois exemples qui illustrent des pratiques d’écomobilité visant à résoudre cette problématique.
L’exemple de la navette du parc linéaire Le P’Tit Train du Nord, au Québec
Depuis plusieurs années, un service de navette permet aux cyclistes qui empruntent le parc linéaire Le P’Tit Train du Nord dans les Laurentides de revenir à leur point de départ entre Saint-Jérôme et Mont-Laurier. Pour la saison 2011, un arrêt supplémentaire figure sur le circuit, celui de la Maison des cyclistes située en face du parc Lafontaine à Montréal. Grâce à cet ajout, les Montréalais ou visiteurs en partance de la ville peuvent accéder plus aisément à cette voie cyclable de près de 200 km en nature.
Le trajet entre Montréal et Saint-Jérôme coûte 25$ et on exige un minimum de dix réservations pour assurer le départ. Une fois le départ confirmé, les utilisateurs de la navette peuvent faire une excursion d’une journée ou plus dans la région. L’offre touristique déjà bien structurée pour les cyclotouristes facilite sans contredit les séjours sans voiture dans la région.
Source: Parc linéaire Le P’Tit Train du Nord
L’exemple du parc naturel régional (PNR) du Pilat, en France
Le PNR du Pilat se trouve entre les villes de Lyon, de Saint-Étienne, d’Annonay et de Vienne, en bordure du Rhône. Les deux millions de personnes qui vivent à proximité de ce parc représentent une clientèle excursionniste qui visite normalement pendant quelques heures, voire une journée, ce haut lieu naturel. La fragilité du milieu a inspiré les gestionnaires du parc à proposer à sa clientèle des visites et des séjours sans voiture; une stratégie touristique qui a été validée à deux reprises par la Chartre européenne du tourisme durable.
L’offre touristique durable du parc est fort bien structurée. En ligne se trouve tous les éléments nécessaires pour ceux qui désirent organiser eux-mêmes une excursion d’une journée ou plus. Ceux qui préfèrent obtenir de l’aide pour planifier et réserver leur séjour peuvent compter sur le personnel de la maison du tourisme de la région.
La proximité de différentes lignes d’autobus et de stations de train facilite l’accessibilité du lieu. Afin d’offrir encore plus d’options de déplacement sans voiture, les autorités du parc ont créé un site Web de covoiturage qui permet aux citoyens de se déplacer par ce mode de déplacement vert.
L’exemple du parc naturel régional (PNR) de la Haute Vallée de Chevreuse, en France
Situé à 40 minutes de Paris, dans les Yvelines, le projet du Baladobus du PNR de la Haute Vallée de Chevreuse a pour but d’offrir aux citadins qui ne possèdent pas de véhicule un accès à la nature et d’augmenter la fréquentation touristique du territoire, tout en générant des retombées locales. Durant 35 jours, soit tous les dimanches et jours fériés d’avril à la fin octobre, deux navettes sillonnent le parc et permettent aux visiteurs de s’arrêter à l’entrée de sites culturels ainsi qu’à différents pôles naturels. Les utilisateurs accèdent aux autobus à partir de la gare RER de Saint-Rémy-lès-Chevreuse ou à partir de la gare SNCF de Rambouillet (voir la carte ci-dessous). En 2010, ils étaient plus de 1400 visiteurs à défrayer 3,50 € pour utiliser les navettes.
Source: Réseau des Grands Sites de France
Pour réussir la mise en place de tels services, il importe de
- s’allier à des partenaires motivés par l’évolution du tourisme, du développement durable et impliqués dans le milieu;
- bien évaluer la taille et les besoins du territoire à desservir;
- s’assurer de la présence de sites et de lieux ayant une certaine notoriété;
- développer un circuit à partir d’un réseau de transport collectif déjà existant;
- mobiliser les acteurs économiques ainsi que la population locale;
- se munir d’un solide plan de communication pour faire la promotion du service.
La mobilité «vert» un développement touristique?
Est-ce que les Québécois ne possédant pas de véhicule seraient portés à quitter la ville plus régulièrement si on leur donnait plus d’options en matière de mobilité? Est-ce que le réseau de transport actuel prévu pour desservir les espaces naturels et les campagnes freine l’enthousiasme de certains touristes qui rêvent de visiter le Québec sans voiture? À une ère où nous préconisons des solutions énergétiques durables, ne serait-il pas le moment de mettre en pratique et en valeur davantage de solutions concrètes?
Sources:
– Réseau des Grands Sites de France, «Écomobilité touristique et de loisirs vers les espaces ruraux».
– Équiterre, «Pour un Québec libéré du pétrole en 2030», mai 2011.
– Print Measurement Bureau, 2011.
Sites Web:
• Parc linéaire Le P’Tit Train du Nord
• Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse
• Parc naturel régional du Pilat
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Très intéressant article.
À Charlevoix on a ou avait le même problème …jusqu’a cet été.
Je vous invite à aller voir le site internet de Charlevoix Éco-Mobilité:
http://www.charlevoixecomobilite.com. C’est tout nouveau et les services ont été pensé en premier lieu pour les touristes du train du Groupe Le Massif de Charlevoix qui débarquent …sans véhicules. Les services s’adressent aussi à la clientèle touristique dans Charlevoix et bien sur aux charlevoisiens, avec une escompte pour ces derneirs.
François Gariépy, délégué international à Tourisme Charlevoix
20% des montréalais n’ont pas de voiture ! Cet été Tourisme Suroît avec Balades.ca a développé un partenariat avec Communauto afin d’inviter les usagers de l’auto-partage à se rendre dans le Suroît et la Vallée-du-Haut-Saint-Laurent !
Balades.ca suggérait des idées de sorties et de séjours sur la plateforme Communaupolis en plus de proposer des offres exclusives.