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Analyse - 5 janvier 2012

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janvier 2012

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Démystifier la perception de certains consommateurs par rapport au tourisme vert

Les voyageurs soucieux de l’environnement croient présentement que le tourisme vert se pratique principalement dans les hôtels. Ce type de consommateurs souhaite pouvoir participer aux démarches écologiques existantes et y contribuer par de petits gestes, même en vacances! Bien qu’ils soient sensibles aux enjeux environnementaux, ils n’aiment pas devoir payer plus cher pour obtenir des produits et des services verts.

Des voyageurs «écoresponsables»

Une étude effectuée par la firme CMIGreen Community Marketing inc. présente la perception des voyageurs ayant une conscience écologique «très grande» ou «extrême» en ce qui concerne le tourisme vert. Le sondage reposait sur un échantillon composé de 951 personnes ayant fait, au cours de la dernière année, un séjour d’une nuit et plus à plus de 80 kilomètres de leur domicile. Les répondants provenaient majoritairement des États-Unis (76%) et du Canada (12%). Près de la moitié (44%) a fait au moins un séjour urbain, et environ un participant sur cinq (22%) a déjà voyagé au Canada.

Concrètement, quelles actions exécutent ces voyageurs qui accordent une si grande importance à l’environnement? Les petits gestes tels qu’éteindre les lumières ou le climatiseur en sortant de la chambre d’hôtel, recycler ainsi que réutiliser les serviettes et les draps s’inscrivent dans les pratiques courantes de plus de 75% des répondants (voir graphique 1). Consommer localement et minimiser son empreinte écologique en privilégiant les transports en commun et en réutilisant sacs et bouteilles sont aussi des démarches importantes pour plus de 50% de ce groupe. Près de 30% de ces individus partagent, avec les responsables des entreprises visitées, leurs commentaires quant à leur performance en matière d’écologie et font la promotion du tourisme vert en partageant ses expériences avec d’autres.

 

L’hôtellerie dans le point de mire des préoccupations vertes

Selon le CMIGreen Traveler Study Report, l’élément qui contribue le plus au tourisme vert est l’écoresponsabilité des hôteliers (voir graphique 2). Outre cet aspect incontournable, il existe une grande disparité entre les réponses des participants, ce qui laisse sous-entendre que le concept de tourisme vert demeure encore vague.

Pour être considérés par une clientèle sensible aux questions environnementales, les hôteliers doivent faire preuve d’initiative sur plusieurs plans, par exemple: la mise en place de programmes facilitant la responsabilisation des clients, la gestion énergétique du bâtiment, le contrôle de la consommation d’eau et l’utilisation de matériaux et de produits verts (voir graphique 3).

 

Le sondage met en évidence l’importance d’offrir des choix aux visiteurs désirant contribuer aux démarches lancées par les hôteliers. D’ailleurs, lorsque de telles options existent, 90% des voyageurs écoresponsables souhaitent y participer volontairement. Ce constat n’est pas surprenant, puisqu’à la maison, une forte majorité de répondants a pris l’habitude de recycler (92%), de faire un effort pour minimiser sa consommation d’eau, de gaz et d’électricité (88%) et d’entreprendre plusieurs autres actions vertes. Ne pas pouvoir poursuivre ces efforts à l’extérieur de leur domicile pourrait être un irritant pour ces voyageurs, voire aller à l’encontre de leurs valeurs.

Lorsque les pratiques d’un hôtelier s’inscrivent dans une démarche verte, celui-ci a tout avantage à l’indiquer sur son site Internet. Plus de la moitié (51%) des personnes interrogées lors de l’étude ont mentionné avoir visité directement les portails des entreprises pour découvrir si l’établissement sélectionné agit de façon écoresponsable. Mais attention au greenwashing (lire aussi: Gare au greenwashing, votre réputation est en jeu!), soyez honnête et n’inventez surtout rien.

Quand vient le temps de choisir un hôtel, les deux arguments décisifs touchent l’emplacement de l’hôtel (27%) et le coût des services (26%) (voir graphique 4). Les réponses concernant des pratiques vertes demeurent toutefois importantes, mais n’occupent pas le premier rang des facteurs influant sur le choix de l’hôtel.

 

Vert, mais pas à n’importe quel prix

La majorité (62%) des voyageurs interrogés n’ont pas payé plus cher afin de réduire leur empreinte écologique lors de leur dernier voyage, tandis qu’un peu plus du tiers (34%) ont versé une somme représentant de 1% à 10% de plus.

Qu’en est-il des Québécois? L’enquête Ipsos-RVT (lire: les faits saillants de l’étude), effectuée en mars 2011, révèle des conclusions similaires, mais cette fois quant aux intentions futures des Québécois. En fait, on remarque que 60% ne seraient pas prêts à payer plus cher pour un produit ou un service dit «durable». Par ailleurs, parmi les 40% en accord avec ce principe, une majorité (78%) est encline à payer de 1% à 10% de plus (voir graphique 5). Il faut noter que, contrairement à l’échantillon du Green Traveler Study, celui de l’enquête Ipsos-RVT représente des Québécois dont le degré de conscience écologique varie d’un individu à l’autre.

Se lancer ou ne pas se lancer: telle n’est pas la question

Les nouvelles façons de faire pour s’adapter aux défis environnementaux ne représentent pas une tendance passagère, mais bien un enjeu incontournable avec lequel l’industrie touristique doit et devra conjuguer dans le futur. Les consommateurs entament graduellement le pas et exigeront sous peu que les organismes fassent de même. Bientôt, l’écoresponsabilité des gestionnaires d’entreprises ne sera plus perçue comme un extra, mais bien comme un standard. Pour l’industrie, ce ne sera alors plus le coût des investissements verts qu’il faudra évaluer, mais bien le coût de ne pas les avoir faits. Avec des outils de plus en plus accessibles et des exemples de bonnes pratiques présentés sur plusieurs médias, il est aujourd’hui plus facile que jamais de prendre part à cette révolution verte.

 

Analyse réalisée grâce à un partenariat avec Tourisme Montréal sur le tourisme urbain durable

Sources

– ACCOR. «Hôtellerie durable: ready to check in?», juin 2011.

– François-Lecompte, Agnès et Isabelle Prim-Allaz. «Pour une consommation touristique plus durable: quel chemin reste-t-il à parcourir?», 19 mai 2011.

– Marcoux, Aude Marie. «88% des Québécois ne font pas de tourisme écologique», 6 septembre 2011.

– Millar, Michelle et Seyhmus Baloglu. «Hotel guests’ preferences for green guest room attributes», Cornell Hospitality Quarterly, 15 juillet 2011.

– Chevalley, Sarah. «Les clients veulent des hôtels plus verts», L’Écho touristique, 2 septembre 2011, p. 17.

– CMI Green Community Marketing Inc. «The CMIGreen Traveler Study 2010-11».

  • Toulemonde Jacques-Yves

    Cette nouvelle démarche du tourisme vert est encore à ses premiers balbutiements sur le plan marketing et des nouveaux produits.

    Les efforts faits depuis plusieurs années par les opérateurs et notamment les hébergements sont louables et saturaires pour la protection et le respect de notre environnement. Personne n’accepterait de séjourner dans un hôtel ou dans un hébergement de plein air qui jeterait tout à la poubelle sans trier ou gaspillerait l’eau sans compter.

    Toutefois cette enquête montre bien que peu de client accepte de payer plus cher pour cette « green attitude » des exploitants. C’est devenu « normal » on le fait chez soi. Alors! Quoi de neuf, cela fait maintenant partie des règles à respecter pour tout bon établissement moderne.

    La nouveauté, elle doit être dans le marketing produit «Blue = green+you »!

    Le défi de l’innovation est davantage sur les nouveaux produits et prestations à créer. Les touristes et voyageurs d’aujourd’hui aspirent à des propositions plus impliquantes. Voyager pour se distraire et découvrir c’est aussi apprendre ! C’est revenir avec des expériences riches de contenu.
    C’est des offres touristiques qui impliquent le voyageur à respecter l’environnement dans lequel il évolue tout en s’amusant et en apprenant. Voilà ce qui changera l’offre d’une destination ! Donner l’opportunité au client de faire du tourisme d’une nouvelle façon. C’est là qu’il faut innover.

    Les opportunités sont nombreuses : tourisme de terroir, oenotourisme, tourisme de randonnée itinérante, séjour d’apprentissage en tout genre, découverte des savoir-faires locaux, et bien d’autres…

    Facilité la rencontre des touristes avec les artisans et habitants d’une région c’est aussi une façon de développer le tourisme « vert ». Un de mes clients a récemment organisé une dégustation hebdomadaire des produits régionaux dans son camping 5* pour faire découvrir les richesses du terroir à sa clientèle française et étrangères. Cette pratique lui a permis de faire mieux apprécier l’attrait de sa région, voire pour certains clients de leur envie de partir une demi-journée à la découverte de nouveaux lieux à proximité. Il a aussi développé son chiffre d’affaires et enfin il a sensiblement augmenté la satisfaction de sa clientèle. La fidélité de sa clientèle les années suivantes lui a montré que cette innovation produit avait un réel impact sur son entreprise. Sans oublier le bouche à oreille positive de ses clients à leur retour.

    Enfin il ne faut pas oublier l’importance des labels comme « la clef verte » en hôtellerie de plein air qui permettent aux clients de s’y retrouver parmi toutes ces nouvelles pratiques respectueuses de notre environnement.

    Le client et consommateur sera prêt à acheter une prestation plus cher à condition qu’elle lui apporte un bénéfice correspondant à ses attentes et dans laquelle son action personnelle soit valorisée. C’est le « green+you » comme disent le américains.

    C’est une voie à explorer et développer pour l’avenir. Elle a l’avantage de vous permettre de différencier de vos concurrents.

    Jacques-Yves Toulemonde
    Actourism C&D Conseil

    • Amélie Racine

      Merci Monsieur Toulemonde pour vos commentaires, exemples et suggestions.

    • Pascal Lluch

      Bonjour,
      Eh oui le supplément d’âme du tourisme ne se trouve pas dans le tri des déchets, mais dans l’innovation !
      Dans le Trièves, petit territoire peu connu des Alpes, nous faisons la promotion d’un tourisme imaginatif, mettant en valeur des acteurs qui ne pensaient pas pouvoir faire partie du tourisme… Et nous faisons le pari qu’il y a des visiteurs curieux, qui viendront jusqu’à nous !
      Car ce n’est pas plus cher, mais plus riche ; pour eux, comme pour nous.
      http://www.randopays.com/documents/quel-tourisme-pour-le-tri%C3%A8ves/
      Cordialement,
      Pascal Lluch

  • IKINAT

    Bonjour,

    Merci pour cette analyse.

    Je rejoins Monsieur Toulemonde quand il dit, en substance, qu’effectivement faire payer plus cher parce qu’on est un hôtel ou un campings vert n’est pas une justification pour le touriste qui lui va considérer que cela est somme toute bien normal.

    Le problème c’est que vu, du propriétaire d’un hébergement écologique, il y a quand même beaucoup d’investissements à amortir, de labels à payer, de communication à faire (j’en connais qui sont « verts » mais qui n’en font pas spécialement un argument commercial car force est de constater que la plupart des vacanciers ne recherchent pas particulièrement des locations écologiques). Donc de fait, beaucoup sont tentés de faire payer un peu plus ! Mais pas tous !

    Ce qui me frappe dans vos résultats c’est que à peine plus d’une personne sur 4 qui se déclare par ailleurs écolo, va néanmoins faire l’effort de chercher spécifiquement une location de vacances écolo ou un hôtel vert pour être en accord avec ses principes… Un peu paradoxal non ?

    Peut-être parce qu’ils sont difficiles à trouver ?

    http://www.ikinat.com se propose de fédérer les propriétaires de gîtes écolo, de chambres d’hôtes bio, de logements insolites, d’hôtels éco-responsables pour montrer les efforts de tous ces acteurs en faveur d’un ecotourisme responsable et leurs différences.

    Bien à vous !

    http://www.ikinat.com
    Le site des locations de vacances écolos et nature

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