L’expérience nature revisitée par les technologies
Découvrir la nature et profiter de ses merveilles en compagnie de son iPhone ou à travers des jeux interactifs: l’idée paraît surprenante? Pour certains gestionnaires de parcs nationaux et d’espaces naturels, l’exploration de ces nouveaux services numériques est un excellent moyen de réinventer les visites traditionnelles, de stimuler les connaissances et de rapprocher le visiteur du territoire. Entre mobilité, bornes interactives et Web 2.0, tous les moyens sont bons pour faire apprécier la nature autrement!
Une nouvelle offre, une nouvelle demande
À l’ère de la sensibilisation à l’environnement, la plupart des espaces naturels offrent des activités d’interprétation. Quelle que soit l’approche technologique choisie par l’espace naturel, il peut faire vivre à ses clients une expérience agréable en nature et les sensibiliser aux problématiques actuelles.
Aujourd’hui, le visiteur d’espaces naturels et le touriste en général sont moins passifs et recherchent des expériences participatives. Dans la veine du tourisme d’apprentissage (lire aussi: Le tourisme d’apprentissage, une tendance qui ne s’essouffle pas), les produits comportant une forte dimension liée à l’acquisition de connaissances sont en vogue.
Des exemples d’outils éducatifs
Du centre de découverte et de services à l’accompagnement sur le terrain jusqu’au retour à la maison, le Parc national de Yellowstone dans le Wyoming a réinventé son approche client en intégrant les nouvelles technologies. Le nouveau centre de découverte, inauguré en 2010, inclut des salles thématiques, un théâtre, des maquettes fluorescentes, des parcours ludiques et un espace multimédia dernier cri. Le bâtiment est certifié LEED et est entièrement dédié à l’éducation pour les visiteurs de tous âges.
Le parc fait aussi figure de pionnier avec son application iPhone Georoamer, qui permet aux visiteurs de choisir leurs circuits en fonction d’un certain nombre de critères, de se repérer grâce à la géolocalisation, d’en apprendre plus sur l’histoire ou sur la géothermie et d’accéder à toutes sortes d’informations sur l’hébergement, la réglementation, les activités, etc. Avec une telle application audiovisuelle, il n’est plus nécessaire de s’encombrer de cartes et de brochures.
Source: GeoRoamer
Mentionnons également l’application iPhone BoodereeBirds en Australie, qui permet à l’utilisateur de découvrir toutes les espèces du parc Booderee et de choisir un circuit en fonction de ses intérêts (types d’oiseaux, habitats et meilleurs sites d’observation) ainsi que du temps dont il dispose pour effectuer sa visite.
Une approche Web avant-gardiste pour susciter la curiosité
L’Agence nationale des parcs nationaux du Gabon propose aux visiteurs de découvrir ses 13 parcs à travers une visite virtuelle, c’est-à-dire une plateforme multimédia en 3D et interactive baptisée «Gabon Designed by Nature». Grâce à ce centre d’interprétation virtuel, l’internaute peut écouter des capsules sonores ou regarder des photos et vidéos. Il s’agit d’une excellente façon d’aborder certaines problématiques, tout en démystifiant cette destination éloignée auprès de clientèles potentielles. À l’ère du numérique, le Gabon profite pleinement de l’essor des outils Web 2.0 pour faire la promotion de ses aires naturelles.
Source: Gabon Nature
Une meilleure compréhension de la nature en milieu urbain
Plusieurs applications servent à reconnaître les traces d’animaux, les fleurs, les arbres ou les oiseaux présents dans un parc, par exemple MyNature, Wild flowers,Leafsnap, ou Audubon Guides. Disponible dans deux parcs parisiens, l’application Sound Delta Wild permet aux visiteurs d’entendre les chants de divers oiseaux selon leur localisation dans le parc, grâce à leur iPhone et à l’installation de points d’écoute. L’application permet aussi de savoir s’il s’agit d’une espèce en danger.
Source: Sound Delta Wild
Les parcs nationaux du Québec modernisent leurs outils d’interprétation
Le taux d’utilisation du téléphone intelligent est de 25% chez les adultes québécois en 2011 (une croissance de 50% par rapport à 2010), d’après l’enquête NETendances du CEFRIO. La Sépaq a bel et bien saisi ce contexte de croissance de la mobilité et a adapté son offre.
L’organisme chargé de la gestion des parcs nationaux a lancé en septembre 2011 une nouvelle application nommée «Explorateur Parc Parcours». Elle donne à l’utilisateur la possibilité de découvrir un territoire en l’informant sur les richesses écologiques du parc et sur les activités qui y sont proposées. L’application est téléchargeable gratuitement pour les appareils Apple; sinon, on peut louer des iPod sur place. On peut aussi avoir accès au contenu de cette application à partir des nouvelles bornes interactives installées dans les centres de découverte.
Lorsque le visiteur s’intéresse à la faune, à la flore ou aux paysages qui composent un parc en particulier, il accède à diverses informations lui permettant d’enrichir ses connaissances. S’il souhaite plutôt planifier une randonnée ou une activité, il peut se renseigner sur les différents parcours pédestres, cyclables ou même navigables et les visualiser. Ces parcours sont agrémentés de points de découverte, où des renseignements sur les habitats, les espèces ou l’histoire du parc sont accessibles par l’appareil mobile, sans connexion réseau. L’option «Pour en connaître plus» donne accès à une série de fiches thématiques grâce auxquelles le visiteur peut approfondir et élargir ses connaissances sur le parc avant ou après la visite.
L’expérience s’avère originale et stimulante pour le client. Actuellement, l’application est disponible pour les parcs de la Jacques-Cartier, du Mont-Saint-Bruno et de Frontenac; la Sépaq vise l’ensemble de son réseau d’ici 2014.
Une implantation technologique dans un espace naturel n’est pas sans limites
Le problème de connectivité demeure un frein au développement d’applications mobiles dans les espaces naturels. Des solutions technologiques hors ligne sont envisageables. De plus, l’idée d’expérimenter la technologie sur un site naturel n’est pas forcement appréciée de tous. Plusieurs souhaitent profiter des activités extérieures et ne veulent pas s’emmurer dans le centre de découverte pour «apprendre» et encore moins utiliser un appareil mobile qui peut créer une frontière avec le territoire. Pour certains, profiter de la nature est synonyme de coupure avec le quotidien, de détente ou de ressourcement et ainsi incompatible avec la technologie.
Somme toute, il ne s’agit pas de remplacer les outils traditionnels, mais de proposer aux intéressés des services multimédias complémentaires qui permettent de redécouvrir la richesse et la diversité du territoire de façon plus divertissante et autonome.
Analyse écrite avec la collaboration de Nadège Domergue
Sources:
– Domergue, Nadège. «Les environnements multimédias dans les parcs nationaux du Québec, une nouvelle approche pour enrichir les connaissances des visiteurs. Enquête auprès des visiteurs. Enquête auprès du personnel d’accueil.», rapport de stage, décembre 2011.
– NETendances. «Évolution de l’utilisation d’Internet au Québec», Cefrio, septembre 2011.
– Rothstein, Edward. «A Cathedral to the Shrine of Nature», New York times, 30 août 2010.
Sites Internet:
– Sépaq
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