Que signifie le tourisme durable pour le client?
Dans un sondage mené en 2011 par l’Institut de tourisme de la Lucerne University of Applied Sciences and Arts, en Suisse, auprès de voyageurs de huit pays, les deux tiers des répondants ignoraient quels étaient les produits de tourisme durable. M. Roger Wehrli, responsable de la recherche, a commenté les résultats de cette étude au Congrès ITB Berlin, le 8 mars dernier. Les auteurs de l’étude ont défini cinq profils de touristes selon leur vision du tourisme durable, afin d’évaluer l’importance qu’ils accordent à ces produits.
Quels sont les aspects essentiels du tourisme durable?
Le sondage a été réalisé conjointement avec IPK International auprès de voyageurs de huit pays: le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Suisse, la Suède, la Russie, les États-Unis, le Brésil et l’Inde. Dans chaque pays, environ 750 répondants (pour un total de 6 113 voyageurs) ont exprimé leur vision du tourisme durable. Les répondants étaient invités à évaluer les caractéristiques qui décrivent le tourisme durable sur une échelle de 1 à 5, où 1 signifie «fortement en désaccord» et 5 «fortement d’accord».
L’aspect local est le principal élément du tourisme durable qui est ressorti du sondage. Plus de 60% des répondants sont d’accord ou fortement d’accord pour affirmer que les offres à caractère «local» (produit, communauté et culture) sont celles qui se rapprochent le plus de ce type de tourisme.
Voici les autres composantes importantes, selon les touristes.
Dimension environnementale:
- efficacité énergétique;
- gestion des déchets.
Dimension sociale:
- conservation des paysages et du patrimoine culturel;
- implication de la communauté locale;
- prise en considération des répercussions des activités touristiques pour la population locale.
Dimension économique:
- utilisation de produits et de services locaux;
- recours à la main-d’œuvre locale;
- santé économique de la région à long terme.
Les différents profils de touristes et la manière de les approcher
Les cinq profils de touristes établis pour les répondants en fonction de leur vision du tourisme durable ont permis de déterminer les aspects du développement durable qui y sont liés.
L’équilibré (33%)
Il est le plus intéressé par le tourisme durable et celui qui réalise le plus de voyages de ce type (26% d’entre eux). Il accorde de l’importance aux trois dimensions, même s’il est conscient qu’il ne pourra peut-être pas les respecter tout au long de son voyage. Il cherche alors un compromis, un équilibre entre les trois. Ce profil est celui qui rassemble le plus de personnes âgées et les touristes les plus scolarisés. Les Brésiliens et les Indiens dominent dans cette catégorie.
Comment l’approcher?
Le produit doit englober les trois dimensions du développement durable.
Le sceptique (25%)
Il a une attitude critique et est sceptique par rapport aux caractéristiques du tourisme durable. Les explications possibles sont qu’il trouve que cette forme de tourisme est trop compliquée ou trop sophistiquée, que les conséquences liées par exemple aux changements climatiques ne sont pas si dangereuses ou qu’il ne peut rien faire contre ces problèmes mondiaux. Ce profil rassemble une grande part d’Allemands et de Britanniques. Ils sont 16% à avoir réservé un voyage en lien avec le tourisme durable.
Comment l’approcher?
L’information sur l’aspect durable du produit doit être dense, claire et transparente.
L’écolo (15%)
L’écologie lui tient à cœur. Les deux autres dimensions du tourisme durable sont jugées moins pertinentes. Plus de 16% d’entre eux ont réalisé ce type de voyage. Une grande portion est en accord avec le principe des crédits compensatoires de carbone. Selon ce touriste, la préservation de l’environnement et l’efficacité dans la gestion des ressources sont cruciales. Ce profil rassemble une majorité de femmes, de Brésiliens et de Suisses, ainsi que des personnes ayant de hauts revenus.
Comment l’approcher?
Le produit doit inclure la compensation de CO2, des énergies renouvelables, une gestion des déchets et une offre de biodiversité.
Le local (15%)
Il donne la priorité aux aspects local et culturel dans sa vision du tourisme durable. Il recherche une expérience authentique qui lui permet de mieux connaître la culture locale. Il adhère au principe «donner pour recevoir». Les femmes sont surreprésentées dans ce profil, ainsi que les Russes. Ils sont 23% à avoir déjà effectué ce type de voyage.
Comment l’approcher?
L’offre doit impliquer une expérience authentique, mobilisant la communauté de la région et incluant des produits locaux, un apprentissage de la culture et l’utilisation des transports publics.
Le socio-économique (12%)
Tourné vers les dimensions sociale et économique du développement durable, ce touriste accorde de l’importance aux relations durables et égalitaires entre les personnes. Il est celui qui achète le moins ces produits touristiques (15%). Ce profil rassemble une grande part de répondants d’origine britannique, et les personnes de moins de 44 ans y sont plus représentées.
Comment l’approcher?
Il est important que les conditions de travail des employés sur place soient équitables et qu’il n’y ait pas de discrimination. Les produits à vendre doivent être de la région.
Quelle place occupe le développement durable dans leurs voyages?
Lors du choix d’une destination, l’importance du développement durable se place en septième position. Cependant, 22% des touristes le classent parmi les trois facteurs les plus influents lors de la réservation.
Les deux tiers des répondants ignorent quels sont les produits de tourisme durable, mais 55% de ceux qui en connaissent ont déjà réservé un de ces voyages. Cela démontre qu’à partir du moment où une personne sait que ce type d’offres existe, elle est très souvent prête à en acheter.
Au regard des résultats de cette étude, les entreprises doivent concentrer leurs efforts sur l’aspect local et l’expérience vécue par le touriste. Seule une partie des répondants possède des connaissances sur le tourisme durable, il est donc important d’accroître leur sensibilisation si l’on veut augmenter la taille de ce marché. Selon M. Wehrli, il est primordial de viser l’un de ces cinq profils de touristes lors de la conception d’un produit. Cela indiquera la taille du marché potentiel, mais permettra aussi d’adapter le produit et de communiquer de manière efficace avec cette clientèle.
Sources:
– Wehrli, Roger. «Sustainability: What Does it Mean for the Customer?», Lucerne University of Applied Sciences and Arts, 8 mars 2012. [Présentation effectuée lors du Congrès ITB Berlin, du 7 au 11 mars 2012, Berlin, Allemagne].
– Wehrli, Roger, Hannes Egli, Martin Lutzenberger et Dieter Pfister. «Is there Demand for Sustainable Tourism? – Preliminary results of the first empirical phase of the WTFL-study: Understanding sustainable tourism», Lucerne University of Applied Sciences and Arts, 2011.
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la dernière enquête faite sur le développement durable et les actions que comptaient mettre en ouvre les francais en 2011 « pour aider à lutter contre les gaz à effet de serre » dans le cadre de leurs séjours consistaient principalement à privilégier le mode de transport le moins polluant (17%) ou à ne réserver que des hébergements respectant des normes environnementales (11%. Enquête Raffour interactif en 2011 auprès de 1000 personnes.
On ne peut que constater que les mutations seront lentes et que le contenu de l’offre touristique devra apporter une nouvelle attractivité pour donner envie d’acheter un voyage ou séjour. Je crois que cela passera par une vraie réflexion sur les bénéfices apportés par au client sur son expérience lors de son voyage.
Jacques-Yves Toulemonde
http://www.actourism.fr