Industrie touristique cherche employés pour relation à long terme
Alors que la crise économique créait un surplus de main-d’œuvre, les prévisions envisagent un manque à gagner potentiel de près de 50 000 employés en tourisme au Québec à l’horizon de 2030. Pour atténuer cette tendance, il faudra notamment recruter dans des bassins de main-d’œuvre non traditionnels mais surtout, valoriser les emplois en tourisme. Voici un aperçu de l’offre et de la demande actuelles et anticipées de main-d’œuvre en tourisme au Canada et au Québec ainsi que quelques mesures qui pourraient favoriser un meilleur équilibre.
Ces statistiques et prévisions constituent les données les plus récentes sur l’étendue possible des pénuries de main-d’œuvre anticipées dans le secteur touristique au Canada. Ces projections ont été réalisées par le Conference Board du Canada pour le Conseil canadien des ressources humaines en tourisme (CCRHT) à partir des données de Statistique Canada.
De surplus à pénurie
Au Canada en 2010, l’industrie touristique était responsable de plus de 1,6 million d’emplois à l’année. En raison de la récession de 2008-2009, les pénuries anticipées ont plutôt fait place à un surplus de main-d’œuvre équivalant à 9745 emplois en 2010, puis à 13 427 en 2011. De 2010 à 2014, les besoins (la demande) en main-d’œuvre dans le secteur touristique devraient augmenter de 1,6% par année alors que l’offre augmentera de 1,2% par année. D’ici 2030, la demande canadienne en main-d’œuvre touristique grimpera de 33%, soit jusqu’à plus de 2,1 millions d’emplois alors que l’offre estimée se chiffre à 1,9 million. À ce rythme, le Canada pourrait bien connaître une pénurie équivalant à près de 230 000 emplois à l’année d’ici 2030 (voir le graphique 1).
Le graphique 2 présente les données estimées pour le Québec. En 2010, de façon générale, le bassin de main-d’œuvre disponible suffisait à pourvoir les emplois dans les entreprises touristiques. Le secteur enregistrait même un surplus de main-d’œuvre. Mais on prévoit le début d’une pénurie dès 2013 (832 emplois non comblés) et 8760 emplois potentiellement vacants en 2015.
La situation varie d’une province à l’autre. Celles ayant profité de plus fortes reprises ont enregistré des pénuries dès 2010 ou 2011. C’est le cas de la Saskatchewan, du Manitoba, de Terre-Neuve – et – Labrador et de l’Alberta. Des entrevues avec divers intervenants de ces régions laissent entendre que les revenus des entreprises touristiques ont été stimulés par les voyages d’affaires et les perspectives économiques positives insufflées par l’exploitation des ressources naturelles dans ces provinces.
La restauration particulièrement touchée
Les plus fortes pénuries au Québec devraient toucher les sous-secteurs de la restauration avec plus de 29 000 emplois vacants prévus pour 2030 (voir le graphique 3). En 2010, cette industrie compte un surplus de près de 2000 travailleurs disponibles au Québec. Le sous-secteur des loisirs et divertissements est très près de l’équilibre en 2010 mais s’oriente vers une pénurie se traduisant par près de 1000 emplois non comblés en 2015, puis à plus de 10 000 en 2030. Seules les données pour l’industrie des services touristiques indiquent un surplus de main-d’œuvre qui pourrait s’accentuer pour atteindre près de 700 travailleurs disponibles sans emplois d’ici 2030.
À l’occasion de cette étude, des groupes de discussion se sont déroulés auprès d’intervenants touristiques de chacune des provinces en novembre 2011. Au Québec, les participants ont signalé une pénurie aiguë de travailleurs qualifiés. On mentionne que les employeurs doivent souvent faire leur choix parmi un nombre restreint de candidats. Même lorsque le nombre de candidats est convenable, les candidats possédant les compétences nécessaires s’avèrent minoritaires. Selon les répondants, la pénurie concerne plusieurs types d’emplois, mais touche de façon plus prononcée les postes de préposés à l’entretien ménager, de cuisiniers et de sauveteurs.
Des mesures pour atténuer la pénurie
Les prévisions présentées ci-dessus sont fondées sur l’hypothèse que d’ici 2030, l’attrait des emplois en tourisme, les responsabilités liées à ces emplois, les salaires et l’accès à des programmes d’éducation et de formation demeureront constants. Selon l’étude du CCRHT, si rien n’est fait pour contrer cette tendance, l’industrie touristique canadienne pourrait perdre 31,4 milliards de dollars en revenus potentiels d’ici les 20 prochaines années. Voici quelques-unes des mesures suggérées pour renverser la vapeur:
- Recruter des employés dans les bassins de main-d’œuvre non traditionnels:
- travailleurs préretraités ou retraités;
- nouveaux immigrants;
- travailleurs étrangers temporaires;
- personnes ayant un handicap;
- membres des communautés autochtones.
- Accroître la productivité:
- adopter des technologies qui réduisent les besoins en main-d’œuvre;
- recourir à des logiciels qui facilitent la gestion du temps.
- Améliorer l’image et l’attrait des emplois en tourisme:
- faire valoir, auprès des étudiants, les avantages professionnels d’une carrière en tourisme;
- augmenter le nombre de programmes de reconnaissance;
- créer des partenariats d’échanges de travailleurs (par ex. ski/golf);
- ajuster l’organisation du travail et les avantages aux employés pour s’adapter aux travailleurs des jeunes générations en offrant notamment des horaires plus flexibles.
Le CCRHT propose plusieurs autres mesures décrites dans son rapport. On y trouve également les résultats d’enquêtes sur les incitatifs hors salaire qui favoriseraient la rétention du personnel. Les trois avantages les plus attirants pour les employés en tourisme sont de bénéficier de plus de deux semaines de vacances, d’accéder à un régime d’assurance santé/dentaire et d’assurance invalidité de courte durée. Le tableau 1 indique les principaux incitatifs retenus par les employés.
Enfin, les entreprises touristiques devront faire preuve de créativité et d’ouverture afin de combler convenablement leurs besoins en main-d’œuvre, surtout à une époque où la qualité du service est de plus en plus importante et les attentes des consommateurs très élevées (lire aussi: Pénurie de main-d’œuvre annoncée, solutions proposées).
Sources:
– Institut canadien de recherche en tourisme et Conference Board du Canada. «L’avenir du secteur du tourisme au Canada: Retour des pénuries de main-d’œuvre avec le resserrement des marchés du travail», Conseil canadien des ressources humaines en tourisme, mars 2012.
– Conference Board du Canada. «L’avenir du secteur du tourisme au Canada: Retour des pénuries de main-d’œuvre avec le resserrement des marchés du travail – Québec 2012», Conseil canadien des ressources humaines en tourisme, mars 2012.
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Les perspectives semblent bien belles, mais en réalité, lorsque l’on considère que la grande majorité des emplois seront des postes de premiers échelons offrant majoritairement le salaire minimum (et souvent un travail saisonnier, ce n’est pas très encourageant. J’ai fait des études en tourisme car on « vendait » ce secteur comme étant très prometteur dans l’avenir…et je suis pourtant sans emploi lié au tourisme (comme plusieurs des autres diplômés comme moi).
j ai perdu mon emploi de guide en chef dans une pourvoirie au Québec fin 2010 suite au non renouvelement de mon permis de travail.Je suis Francais et guide de traineau a chiens depuis + de 20 ans. Le gouvernement du Québec devrait changer sa politique d immigration en offrant des possibilités aux gens qui n ont pas de diplome et sont d un age avancé….
je partage votre avis,car diplomee d une iniversite quebecoise et française,je correspond pas aux critères de sélection de immigration canada ,ayant 56 ans et beaucoup de motivation et d expériences à l international pour m installer au Québec ,sans compter que mes enfants y suivent un cursus universitaire …si seulement
Le commentaire de Monsieur Saintillan est tout à fait pertinent. Le gouvernement doit faciliter l’immigration, il y a des démarches qui sont d’un ridicule comparable aux douze travaux d’Astérix…
Merci pour vos commentaire très pertinents! L’assouplissement de la Loi sur l’immigration a été abordé lors des groupes de discussions réalisés dans le cadre de l’étude du CCRHT. Il s’agit en effet d’un enjeu important pour de nombreux secteurs d’ailleurs.
point de vue de l’employeur
J’ai une petite entreprise saisonniere. Quel casse-tête de recruter du personnel. Les charges aux entreprises sont tellement élevées. On ne prend pas en compte la grosseur de l’entreprise ni la durée de l’exploitation pour le coût des permis, des associations, des exigences pour les évaluations, le MEV, les hausses de taxes, d’Hydro, etc. L’entrepreneur doit assumer toutes les hausses. Les marges de profits, lorsqu’il y en a, sont très minces et il est impossible de refiler la facture aux consommateurs. Le prix moyen d’une location de chambre dans Charlevoix est sensiblement le même qu’il y a 10ans! Et qui paierait 20$ pour un déjeuner? Plusieurs services sont obligatoires et ne sont pas rentables. ( ex: offrir des déjeuners pour conserver mes 3 étoiles)
Je souhaiterais avoir la possibilité d’offrir de bons salaires à mes employés et leur assurer des heures, mais je dois d’abord assurer la périnité de mon entreprise.
Alléger les charges ou apporter une aide aux petites entreprises pour qu’elles puissent hausser les salaires des employés rendrait plus attrayants les emplois de l’industrie.
Un diplôme est important pour certains postes, mais personnellement, mes besoins se situent au niveau de l’entretien et de la plonge, des postes qui ne sont pas intéressants pour des diplômés.
Quel que soit le pays, il est toujours difficile d’associer le mythe des offres d’emplois et la réalité en entreprise, aussi bien pour le salarié que pour l’employeur.
Moi je termine mes études en ingénierie touristique en France et je souhaite venir travailler au Canada, mais j’ai peur de ne trouver que des emplois saisonniers et de premier échelon alors j’hésite.
Il faudrait avoir un regard objectif et réaliste sur les emplois disponibles et connaitre les divers secteurs du tourisme qui recrutent, car on observe une diversité des emplois telle qu’il est difficile de savoir quelle place on pourrait avoir dans cette évolution de l’industrie touristique au Canada.