L’hôtellerie durable et ses accréditations: où en est le voyageur?
Pendant que les certifications et labels hôteliers durables poursuivent leur évolution, les voyageurs, toujours plus informés sur les grands enjeux environnementaux, apprécient les efforts et l’engagement de l’industrie hôtelière, mais ne veulent plus se faire duper.
Dans le but de répondre aux besoins de clients de plus en plus concernés par leur impact sur l’environnement, de nombreux hôteliers empruntent la voie de la certification. Une enquête de l’Association des hôtels du Canada (AHC) révèle qu’un voyageur d’affaires ou de loisirs canadien sur quatre considère l’accréditation hôtelière comme un critère important, au moment de planifier ses vacances.
Labels et certifications: de quoi parle-t-on?
Les labels et certifications sont associés à une initiative volontaire apportant aux clients des garanties sur le produit ou le service consommé, et permettant aux organisations de différencier leur offre de celle de la concurrence. En apparence synonymes, les deux termes désignent pourtant des processus différents.
- La certification est une procédure par laquelle un tiers indépendant vérifie, de façon continue, la conformité entre les activités de l’organisation et les règles issues de documents normatifs et référentiels.
- Le label représente le symbole officiel d’identification permettant à un groupement de professionnels (association, fondation, fédération ou organisme officiel) de garantir aux clients que ses membres respectent un cahier des charges contrôlé par un organisme interne ou externe.
Au cours des dernières années, la sensibilisation des hôteliers, des intervenants touristiques et des voyageurs aux enjeux du tourisme durable a entraîné un essor d’accréditations à travers le monde. Dans le secteur de l’hébergement, les certifications et labels durables peuvent évaluer tant les bâtiments ou les services que la qualité de la prestation offerte (voir le tableau 1). Alors que la définition du tourisme durable donne une place égale aux préoccupations économiques, sociales et environnementales, les accréditations hôtelières peuvent parfois privilégier une dimension par rapport à une autre. Si les hôtels québécois adhèrent progressivement à des accréditations durables, le milieu est encore en évolution.
Dans la province, le programme RéserVert de l’Association des hôteliers du Québec est l’un des plus utilisés. Celui-ci identifie les établissements hôteliers qui appliquent les principes du développement durable. Un réseau de partenaires des secteurs privé et public assure le contrôle de la certification. RéserVert se veut un programme favorisant l’autonomie des hôteliers, en mettant à leur disposition une trousse à outils qui leur permet d’évaluer leur niveau d’engagement dans le tourisme durable et de réaliser les ajustements nécessaires à l’obtention de la certification. Actuellement, une soixantaine d’hôtels participent au programme (lire aussi: Les pratiques environnementales dans les hôtels).
Les bénéfices des labels et des certifications sont nombreux et se situent à différentes échelles. Ils permettent aux instances politiques de positionner la destination par rapport aux grands enjeux concurrentiels mondiaux. Une fois classifiées, les entreprises peuvent atteindre un meilleur rendement grâce à une gestion plus efficace et utiliser leur nouvelle distinction comme outil de commercialisation. Mais quels sont les avantages pour le touriste?
Perception des touristes quant aux certifications durables
Lors de sa plus récente enquête sur les intentions de voyage, effectuée en janvier 2013 auprès d’un échantillon de 1 505 «voyageurs probables» canadiens, l’AHC s’est penchée sur quelques questions relatives aux enjeux environnementaux du secteur hôtelier. Les résultats démontrent que:
- la sensibilisation des voyageurs d’affaires aux initiatives environnementales introduites dans les hôtels est en hausse de 8% par rapport à 2009. Ainsi, en 2013, 44% d’entre eux jugent leur présence importante;
- 36% des voyageurs d’affaires et de loisirs trouvent important que les hôtels offrent des produits verts;
- la capacité d’acheter des crédits de carbone est qualifiée de très importante par 21% des voyageurs d’affaires et de loisirs;
- le fait qu’un hôtel s’inscrive dans un programme de certification durable est important pour 26% des voyageurs d’affaires et de loisirs.
L’accréditation durable d’un hébergement garantit au touriste que l’hôtelier s’est engagé dans une politique structurée. Outre des actions visibles, comme la réutilisation des serviettes et des draps, l’adhésion à une certification assure un gage d’actions supplémentaires bien souvent invisibles aux yeux des clients. Selon PhoCusWright, en 2009, 56% des voyageurs américains se montraient sceptiques lorsqu’une organisation leur parlait de ses pratiques vertes. Car, rappelons-le, l’usage de l’écoblanchiment ou greenwashing par de nombreuses entreprises nuit à la confiance des consommateurs (lire aussi: Gare au greenwashing, votre réputation est en jeu!). De ce fait, en plus de cadrer l’industrie, les diverses accréditations présentent également l’avantage de rassurer les voyageurs, grâce au contrôle auquel doit se soumettre l’organisation qui s’y affilie.
Plusieurs actions durables sont aujourd’hui ancrées dans le quotidien des citoyens (tri des déchets, achats de produits biologiques, etc.) et lorsqu’ils voyagent, ceux-ci souhaitent garder leurs habitudes. En tant que consommateurs avertis, ils ont des attentes plus élevées en ce qui a trait à la responsabilité durable des entreprises, car celle-ci touche directement à leurs valeurs. Si un programme vert géré au sein même de l’hôtel donne au client l’espoir que certaines mesures soient mises en place, l’accréditation lui offre l’assurance que les actions effectuées s’inscrivent réellement dans une démarche durable vérifiable.
Analyse écrite en collaboration avec Camille Derelle, professionnelle de recherche
Analyse réalisée grâce à un partenariat avec Tourisme Montréal sur le tourisme urbain durable.
Sources:
– Association des hôtels du Canada, communiqué de presse. «Les voyages d’affaires et de loisirs sont en hausse (s’améliorent) – Les derniers résultats de l’enquête 2013 sur les intentions de voyage», 19 février 2013.
– Atout France. «Choisir un label d’hébergement de tourisme durable», Éditions Atout France, mars 2013.
– Barabé, André. «Certification et labellisation: écotourisme et développement durable du tourisme», notes du cours Tourisme et développement durable, Université du Québec à Trois-Rivières, 13 avril 2009.
– Barth, Martin, Fabian Weber et Monika Güntensperger. «Pour y voir plus clair dans la jungle des labels», hotelleriesuisse, mars 2011.
– Baylor, Julie. «The Value of Green Certification», Hotel Business Review.
– GfK. «The Environment: Public Attitudes and Individual Behavior», 2011.
– Millar, Michelle, Karl J. Mayer et Seyhmus Baloglu. «Importance of Green Hotel Attributes to Business and Leisure Travelers», Journal of Hospitality Marketing & Management, vol. 21, no 4, 2012.
– Millar, Michelle et Seyhmus Baloglu. «Hotel Guests’ Preferences for Green Guest Room Attributes», Cornell Hospitality Quarterly, vol. 52, no 3, août 2011.
– Priskin, Julianna. «Evaluating Sustainable Tourism Certification Schemes for Hotels», Chaire de tourisme Transat de l’ESG UQAM, juin 2009.
– Rheem, Carroll. «Going Green: The Business Impact of Environmental Awareness on Travel», PhoCusWright, février 2009.
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Merci pour ce bel article, votre approche est très intéressante…
Pour compléter cette article et s’y retrouver dans les différents labels, certifications et autres démarches de qualité, nous vous invitons sur le blog de Via-SAPIENS (http://blog.via-sapiens.com/)
Très bel article qui fait objectivement le point sur les démarches entreprises par le secteur de l’hôtellerie vers le tourisme durable. Comme l’indique l’article, le client est aujourd’hui alerté et souhaite ne pas être dupé. D’où l’importance de démarches sérieuses, progressives, avec un réel engagement des acteurs et, mieux, du territoire. Les référentiels sont indispensables de même que les démarches « Qualité » contrôlées. Voir à ce sujet l’évolution en cours du label « Stations Vertes ».
Excellent article en effet qui démontre que l’implication des entreprises touristiques dans des démarches de progrès sérieuses, structurées, cadrées par un label ou une certification est une étape cruciale pour rassurer la clientèle, pour mettre en évidence les efforts des équipes (souvent imperceptibles aux yeux du grand public).
Acteurs du tourisme, nous pouvons vous aider ! http://www.francoistourismeconsultants.com