Des destinations touristiques qui répondent au phénomène climatique
Certaines destinations ont mis la main à la pâte et décidé d’agir face au réchauffement. Les efforts entrepris par plusieurs d’entre elles pour atténuer les effets des changements climatiques ou même en tirer parti se dessinent à l’international. Cette analyse expose des exemples de mesures et de stratégies d’adaptation.
Parce qu’il faut atténuer mais aussi s’adapter
En 2013, la Commission européenne (CE) a mis en ligne un système d’indicateurs pour la gestion durable des destinations touristiques. Ce guide vise à soutenir et à orienter les destinations dans leur démarche vers un développement viable des ressources. L’atténuation, soit la réduction des gaz à effet de serre, demeure la clé de la durabilité économique, environnementale et sociale. Néanmoins, les critères liés à l’adaptation au climat (p. ex.: infrastructures touristiques en zone vulnérable, mise en place d’une stratégie) s’inscrivent maintenant dans le volet environnemental, signe que l’industrie subit ou profite déjà de certains impacts.
L’Australie, un leader
Les écosystèmes fragiles de l’Australie (les récifs, régions tropicales, parcs nationaux ou régions montagneuses) sont sensibles aux effets des changements climatiques. L’engagement des entreprises en adaptation figure dans la stratégie touristique nationale à long terme de l’Australie, intitulée Tourism 2020.
Dans la même optique, Sustainable Tourism Australia, une organisation appartenant à Ecotourism Australia, a mis sur pied une certification pour reconnaître les efforts mis de l’avant face au climat. Elle est accessible à l’ensemble des organisations touristiques publiques ou privées.
Le programme Climate Action Australia classe les organisations en trois niveaux:
- Certifié business: l’entreprise a mis en place des actions de réduction de gaz à effet de serre et d’adaptation, mais ne mesure pas nécessairement son empreinte carbone.
- Certifié innovator: l’entreprise a mis en place des actions de réduction de gaz à effet de serre et d’adaptation, évalue et mesure son empreinte carbone.
- Certifié leader: l’entreprise a mis sur pied une stratégie intégrée sur les changements climatiques à tous les niveaux pertinents des activités et de la planification d’affaires.
Une mise à jour sera effectuée au même rythme que l’évolution des technologies, de la disponibilité de l’information et des changements législatifs. Voici quelques-uns des critères du programme:
- éthique et responsabilité collective: considérer les options d’assurance pour se prémunir des dommages liés aux événements météorologiques extrêmes, travailler ensemble pour réduire les coûts;
- clientèle: colliger de l’information sur les répercussions sociales du changement climatique (décision d’achat, comportement de voyage) pour adapter son produit, son service et son marketing, assurer le confort du visiteur, communiquer les risques liés à la santé et à la sécurité;
- choix de fournisseurs responsables.
Investir dans la sauvegarde du patrimoine naturel
Dans la région de Devon, située au sud-ouest de l’Angleterre, l’offre touristique est composée de parcs nationaux, de sports extrêmes, de plages, de plaisirs gastronomiques, de villages et de villes rustiques. L’organisation de gestion de la destination, Visit Devon, engage autant les habitants et entreprises de la région que les touristes dans une démarche durable et collective pour la conservation de l’héritage naturel, la façon qu’elle a choisie pour combattre les impacts du réchauffement. L’objectif est que la région devienne la plus «verte» d’Angleterre.
Source: Visit Devon
Le site destiné aux professionnels, Devon Tourism Advice, propose des ressources aux entrepreneurs actuels et futurs pour le développement durable. Plusieurs outils sont mis à leur disposition, notamment:
- un réseau de «champions» formé d’entrepreneurs prêts à aider les autres dans leur processus de gestion responsable;
- des suggestions pour partager la responsabilité de conservation avec les clients (projet Visitor Gifting). Par exemple, les entreprises peuvent collecter de l’argent lors d’événements spéciaux ou ajouter un supplément sur des produits locaux;
- le guide Green Tourism Marketing Toolkit;
- plusieurs certifications et récompenses régionales (p. ex.: Dartmoor first, Devon Environmental Business Initiative Awards) et nationales (p. ex.: Green Tourism Business Scheme) axées sur la durabilité (environnementale, sociale, économique et locale).
La promotion du site Climateprepared, un site Web qui aide les gestionnaires à agir maintenant face aux inondations, aux sécheresses, à l’érosion côtière et aux périodes de canicule.
Source: Climateprepared
Miser sur l’excellence
La destination de ski Åre en Suède a participé au programme de recherche international Clim-ATIC de 2009 à 2011 pour s’adapter aujourd’hui au changement potentiel dans les habitudes de voyage dû aux changements climatiques. La destination vise à diversifier l’offre et répartir les risques d’affaires sur un plus grand éventail d’activités de même qu’à réduire sa dépendance à l’égard des combustibles fossiles, par le développement d’un réseau de transport écologique alternatif et l’économie énergétique. La destination de ski a opté pour une stratégie environnementale nourrie par des alliances entre les autorités locales et le secteur privé (110 entreprises). Elle compte assurer le leadership européen en matière d’adaptation et développer les sports (hiver et été) en misant sur l’excellence et la recherche.
Des solutions adaptées
Source: Facebook. The North Face Ultra-Trail du Mont-Blanc.
Après trois ans de mauvaises surprises météorologiques, l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (France, Suisse et Italie) propose un format de course garanti pour 2013 en cas de mauvais temps. Les organisateurs ont prévu des parcours de rechange avec des caractéristiques semblables à ceux d’origine, ce qui assurera la sécurité des coureurs et des bénévoles.
Dans un autre ordre d’idées, certains se proclament anticaniculaires. Par exemple, France Montagnes, un organisme de promotion des sports de montagne, profite des vagues de chaleur pour attirer la clientèle dans ses «zones de fraîcheur».
Au Québec, les entreprises réagissent depuis longtemps à l’imprévisibilité des conditions météorologiques et communiquent de plus en plus efficacement avec leur clientèle. Le simple fait d’être proactives leur permet de mieux se préparer et de se prémunir contre des effets indésirables. À un autre niveau, un encadrement législatif et politique pour soutenir les entrepreneurs s’avèrent nécessaires pour l’élaboration de stratégies face aux effets des événements météorologiques en matière de ressources humaines, financières et matérielles de l’entreprise.
Également, l’anticipation des changements de comportement de la clientèle assurera une plus grande résilience de l’industrie touristique et, par le fait même, un meilleur positionnement à long terme.
Cette analyse a été rédigée en collaboration avec Stéphanie Bleau.
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Source(s)
- Bleau, S., Germain, K., Archambault, M. et D. Matte. «Analyse socioéconomique des impacts et de l’adaptation aux changements climatiques de l’industrie touristique québécoise», Rapport final pour Ouranos, 2012.
- Commission européenne. «European Tourism Indicator System TOOLKIT For Sustainable Destinations», Entreprises et industrie, février 2013.
- France Montagnes. «La montagne : solution anti-canicule!», consulté en ligne le 12 mars 2013.
- The North Face Ultra-Trail du Mont-Blanc. «Communiqué de presse: Sport / Aventure», 26 octobre 2012.
- Tourism Australia. «Tourism 2020», 2013.
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