Le tourisme géologique en pleine expansion
Le tourisme géologique constitue une mise en tourisme du patrimoine géologique et géomorphologique d’un territoire. Il sous-entend l’utilisation d’outils de valorisation et passe par l’interprétation de paysages et de sites, la création d’événements ou l’organisation de circuits.
Le géoparc comme outil de développement touristique du territoire
chaque géoparc doit être formé d’un patrimoine géologique exceptionnel du point de vue scientifique, esthétique ou éducatif
Le géoparc permet la structuration de l’offre touristique autour d’un thème central: le géotourisme. Créé en 2004 grâce à l’appui de l’UNESCO, le Réseau mondial des géoparcs nationaux, qui compte actuellement 100 sites répartis dans 29 pays, vise à reconnaître et à mettre en valeur le patrimoine géologique d’un territoire à l’échelle internationale. La charte sur laquelle il repose mentionne que chaque géoparc doit être formé d’un patrimoine géologique exceptionnel du point de vue scientifique, esthétique ou éducatif. Il peut aussi inclure un intérêt archéologique, écologique ou culturel, et doit absolument s’inscrire dans une stratégie de développement économique durable.
Des exemples venus de plusieurs coins du monde
À l’international, le géoparc Rokua s’étend sur 1326 km² et englobe le parc national Rokua, établi en 1956 en Finlande. Ce territoire nordique se caractérise par diverses formations géologiques inhabituelles qui remontent à une période de glaciation, comme des crêtes glaciaires ou des marmites de géants. Traversé par un réseau de sentiers de randonnée et de pistes de ski, le parc est aussi réputé pour ses eskers et ses dunes. En plus de son environnement incomparable, le géoparc raconte l’histoire d’un village préhistorique et de sa culture. Depuis sa création, la région a connu un nouvel essor touristique et attire de plus en plus de voyageurs venus des quatre coins du monde, grâce à divers projets qui ont permis au géoparc, entre autres, de renforcer sa présence sur le Web et de promouvoir son image de marque.
Le géoparc Stonehammer, au Nouveau-Brunswick, a été le premier d’Amérique du Nord à faire partie du Réseau mondial. Il couvre 2500 km2 et comprend près de 60 sites géologiques et dépôts de fossiles importants, dont une douzaine sont accessibles au public. Ils englobent des lieux d’un intérêt particulier sur le plan scientifique, des parcs publics, des paysages urbains, des musées et des expositions. Ce programme unique de promotion de l’exceptionnel patrimoine géologique du Nouveau-Brunswick a reçu le Prix de l’innovateur de l’année 2011, dans le cadre de la remise des Grands prix du tourisme canadien. Stonehammer est une organisation appuyée par une communauté qui rassemble des propriétaires de sites, des exploitants touristiques, des particuliers et d’autres parties intéressées.
Source: Discover Saint-John
En novembre 2012, plusieurs gens d’affaires de Percé se sont réunis afin de créer la coopérative du géoparc de Percé, dans le but d’adhérer au Réseau mondial des géoparcs nationaux de l’UNESCO. Ils visent ainsi à redonner ses lettres de noblesse à la municipalité et à insuffler de la vigueur à son industrie touristique, entre autres en développant des sentiers et un centre d’interprétation au cœur du mont Sainte-Anne.
Sans être un géoparc à proprement parler, le parc national de Miguasha, site naturel du patrimoine mondial, permet à ses visiteurs de découvrir la vie comme elle existait il y a 380 millions d’années, à travers des poissons et des plantes fossiles. Le patrimoine naturel – falaise fossilifère composée de deux formations géologiques – y côtoie le patrimoine culturel – héritage autochtone toujours présent. De plus, la visite du musée d’histoire naturelle offre aux visiteurs une expérience scientifique extraordinaire.
L’aménagement des sites
L’aménagement des sites géologiques constitue une manière de les valoriser. De nos jours, les infrastructures mises en place visent l’observation des lieux sans leur dégradation
L’aménagement des sites géologiques constitue une manière de les valoriser. De nos jours, les infrastructures mises en place visent l’observation des lieux sans leur dégradation : des sites paléontologiques ont été recouverts de vitres de protection pour permettre au randonneur de découvrir des fossiles, une passerelle transparente s’avance au-dessus du Grand Canyon, une plateforme jetée au-dessus du vide offre une vue sur la «ligne», accident tectonique séparant les Alpes du Nord de celles du Sud. Bien que ces outils soient onéreux, des recherches réalisées sur 10 sentiers thématiques en Suisse ont montré que les retombées pouvaient atteindre 50 fois la somme investie.
Les circuits et géoroutes
En 2012, le Chablais est devenu le 4e géoparc français. Unique d’un point de vue géologique, la région raconte, sur 50 km, l’histoire de la formation des Alpes, qui remonte à 250 millions d’années. Sa géoroute permet la mise en réseau, l’aménagement et l’interprétation de plus d’une vingtaine de sites géopatrimoniaux emblématiques du Chablais. À partir de panneaux d’information, le visiteur peut s’approprier l’histoire des lieux.
La route géologique transpyrénéenne, comme son nom l’indique, traverse les Pyrénées à partir de Bélair, en France, jusqu’à Riglos, en Espagne. L’itinéraire comprend 25 arrêts facilement accessibles, aménagés en bord de route avec des panneaux explicatifs bilingues (français et espagnol), qui racontent, sur 200 km, l’histoire de la formation de cette chaîne de montagnes vieille de 400 millions d’années. Un guide comportant des informations complémentaires ainsi qu’un jeu-questionnaire ludique peut être téléchargé à partir du site Web de la route.
SuisseMobile, le réseau pour la mobilité douce, qui vise à rendre une foule d’activités accessibles de manière non motorisée, a mis sur pied une géoroute pour les cyclistes, qui se traverse en deux étapes principales. Le trajet s’effectue à travers l’un des derniers deltas naturels et franchit un jardin de blocs erratiques qui montre les traces laissées par le glacier du lac de Constance.
Les événements
Créer un événement favorise l’attractivité de la destination, mobilise de nombreux acteurs et procure des retombées directes et indirectes. Voici quelques exemples:
- Le Géofestival cherche à tisser des liens entre sol, sous-sol, ressources minérales et expérience humaine. Il s’articule autour de trois sites: la Bretagne de grès rose, la Réserve de Biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais, et le massif du Beaufortain à Arêches-Beaufort. Au menu: conférences, expositions et géopromenades.
- Le festival Géologie vivante, en Suisse, propose plus de 30 manifestations réparties dans tout le pays pendant 3 journées complètes. Plusieurs géologues se tiennent à la disposition des visiteurs pour transmettre leur savoir.
- Enfin, près de 300 géosites ouvrent leurs portes à tous lors du grand rendez-vous annuel organisé par la Société allemande pour les géosciences.
Régions du Québec, laissez-vous inspirer par ces exemples, et ceux du cahier «Tourisme géologique» de la Revue Espaces, pour mettre en valeur et préserver le géopatrimoine de la province!
– Image à la une ©Stockvault
Cette analyse a été produite pour alimenter le site Web EspaceTourismeDurable.com, destiné aux acteurs touristiques de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine.
Visionnez la vidéo réalisée par l’organisme:
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Source(s)
− Cayla, Nathalie. «Des géopatrimoines au géotourisme. La constitution d’une offre spécialisée», Revue Espaces, no 315, novembre 2013, p. 72-79.
− Cayla, Nathalie, Fabien Hoblea et Dominique Gasquet. «Guide des bonnes pratiques de médiation des géosciences sur le terrain», Géologie de la France, no 1, 2010, p.47-56.
− Masse, Marc-Olivier et autres. «Inventaire du patrimoine géomorphologique de l’archipel des Îles-de-la-Madeleine et identification des stratégies de valorisation géotouristique», Centre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes, février 2011.
− Meignan, Julien. «Valorisation du patrimoine et offre géotouristique», Téoros, vol. 29, no 2, 2010, p. 35-43.
− Murray-Daignault, Caroline. «Projet de Géoparc à Percé», chautva.com, 30 novembre 2012.
Analyse intéressante et pertinente! L’observatoire valaisan du tourisme a publié récemment une analyse sur la thématique:
http://www.tourobs.ch/fr-ch/blog/blog-tourisme.aspx?action=detail&id=6913
Merci d’avoir partagé cette information avec nous!
Je confirme, le texte est très intéressant et résume bien la thèse de Nathalie Cayla.
Sur le même sujet : voir le dossier récent de la revue Espaces
http://www.revue-espaces.com/librairie/8942/tourisme-geologique-geotourisme.html
Merci pour l’information