La coop, c’est tendance!
Résistant bien aux périodes de crise, branché sur son milieu et en phase avec le développement durable, le modèle coopératif gagne à être connu en tourisme.
Tous secteurs confondus, on compte au Québec près de 3 300 coopératives et mutuelles qui représentent 92 000 emplois, dont la majorité se trouvent en région. Elles génèrent un chiffre d’affaires de plus de 25,6 milliards de dollars. Quelque 255 de ces entreprises œuvrent dans les secteurs du loisir, de la restauration, de l’hôtellerie, des arts et de la culture.
De quoi parle-t-on, au juste?
Comme l’indique Monique F. Leroux, présidente et chef de la direction du Mouvement des caisses Desjardins, la coopérative est un rassemblement de personnes plutôt qu’un regroupement de capitaux, comme c’est le cas dans une entreprise classique. Les individus qui créent la coopérative ont pour objectif de se donner des services afin de répondre à des besoins particuliers.
La formule coopérative s’adapte selon les secteurs d’activités. Mais qu’il s’agisse d’agriculture, d’habitation, de foresterie, de services financiers ou de loisirs, le principe de base demeure le même: un membre, un vote. C’est en assemblée générale qu’est décidé, démocratiquement, comment seront investis les excédents.
Un modèle résolument actuel
la formule coopérative correspond tout à fait aux valeurs actuelles d’un nombre grandissant d’entrepreneurs
Mise en commun des ressources, responsabilisation, démocratie, développement régional, retombées positives directes dans la communauté: la formule coopérative correspond tout à fait aux valeurs actuelles d’un nombre grandissant d’entrepreneurs. Elle s’inscrit dans le mouvement de l’économie sociale, un modèle qui vise l’augmentation de la richesse collective, mais aussi la rentabilité sociale.
Les entreprises coopératives sont généralement très ancrées dans leur milieu. Il s’agit d’un concept basé sur l’ouverture et l’inclusion, qui implique la création de biens et services pour la communauté. La coopérative propose de nombreux avantages et s’insère particulièrement bien dans le paysage économique rural:
- Comme elle est gérée par ses membres afin de répondre à leurs besoins, elle s’adapte et se renouvelle, souvent génération après génération, s’inscrivant ainsi dans le patrimoine.
- Il s’agit d’un actif collectif qui ne peut être vendu ou délocalisé.
- Elle participe activement au développement local par les emplois qu’elle génère et les partenariats qu’elle développe.
- Lorsqu’elle réussit à passer le cap des 10 ans d’existence, elle a une espérance de vie deux fois plus élevée que les entreprises traditionnelles.
Le tourisme et la coopérative
La coopérative de solidarité a la particularité de regrouper plus d’un type de membres, contrairement aux autres catégories qui n’en impliquent qu’un seul (consommateurs, producteurs ou travailleurs). C’est elle qui s’avère le mieux correspondre aux besoins de l’industrie touristique, notamment parce qu’elle favorise les partenariats.
Le développement durable semble aller de soi avec la gestion d’une coopérative. Du moins, les piliers social et économique s’inscrivent déjà au sein des principes de base. Dans l’industrie touristique, celui de l’environnement s’intègre tout naturellement dans les valeurs qui dictent la gestion de l’entreprise. Voici quelques modèles en tourisme qui démontrent un dynamisme inspirant.
La Coopérative de Solidarité V.E.R.T.E. (Vision entrepreneuriale régionale touristique et environnementale), au Saguenay–Lac-Saint-Jean, a été créée en 2007 avec pour mission de «faire vivre la culture régionale aux voyageurs à travers le monde et aux résidents locaux en offrant de l’hébergement diversifié et des activités touristiques et culturelles accessibles».
Grâce à ses 500 membres, elle est propriétaire d’un bar culturel – Le Bar à Pitons – et de l’auberge de jeunesse La Maison Price. Le développement durable est au cœur de ses activités et de ses partenariats. Cette organisation à but lucratif s’est distinguée au fil des années, notamment par son offre hôtelière, aux Grands Prix du tourisme québécois de 2012.
Auberge de Saguenay – La Maison Price – Source: Coop verte
La Vallée Bras-du-Nord, située dans la région de Saint-Raymond, près de Portneuf, est bien connue du milieu touristique. Il s’agit d’une coopérative de solidarité qui vise le développement harmonieux de l’écotourisme dans la région. Elle regroupe les trois types de membres:
- utilisateurs-producteurs: ils utilisent les services de la coopérative tout en en produisant – entreprise de tourisme d’aventure, hôtels, campings, etc.;
- travailleurs: ils travaillent pour la coopérative – les employés qui souhaitent adhérer à titre de membre et déboursent la somme requise;
- de soutien: ils ont un intérêt économique ou social dans la coopérative – des individus ou des organisations y ayant investi.
Source: Vallée bras du nord
Depuis sa création en 2002, la coopérative de la Vallée Bras-du-Nord a remporté plus d’une dizaine de prix. Son modèle est bien représentatif du concept d’économie sociale, puisqu’elle intègre dans son développement la population locale, des jeunes en réinsertion sociale et plusieurs entreprises de la région. Il s’agit là d’un beau modèle de réussite pour une destination.
Écovoile Baie-des-Chaleurs, une petite coopérative de solidarité située en Gaspésie, a pour mission de «promouvoir la pratique du nautisme et faire connaître le milieu marin de la Baie-des-Chaleurs dans une perspective éducative». On y offre des cours de voile, des sorties guidées en mer, de la location d’équipements et un camp de jour de voile. L’un de ses objectifs est de contribuer au développement socio-économique de Carleton-sur-Mer, en exploitant son caractère maritime. Elle semble y parvenir depuis sa création en 2007, grâce à la qualité et à la variété de son membership. La vidéo suivante présente l’esprit qui anime Écovoile Baie-des-Chaleurs et l’importance de la vie maritime pour la communauté.
Former les entrepreneurs à la coopération
Pour soutenir la création de nouvelles coopératives et aider celles qui sont déjà en place, le Québec compte 11 coopératives de développement régional (CDR) dont c’est le mandat premier. La formation des entrepreneurs au modèle coopératif s’avère néanmoins essentielle. Une initiative a d’ailleurs récemment été lancée en ce sens, de concert avec la CDR de Montréal-Laval.
La Chaire de leadership en enseignement en création et gestion de coopératives et d’entreprises collectives de l’Université Laval souhaite sensibiliser les étudiants à cette forme d’entrepreneuriat, mais également contribuer à les former pour assurer le succès de ce modèle d’affaires. Cette Chaire estime que la formule de la coopérative représente un potentiel énorme, puisqu’elle répond aux valeurs de la génération montante en favorisant une meilleure répartition des richesses et en respectant les principes de la démocratie.
Cette analyse a été produite pour alimenter le site Web EspaceTourismeDurable.com, destiné aux acteurs touristiques de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine.
Visionnez la vidéo réalisée par l’organisme:
Image à la une: © istockphoto
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Source(s)
- Favreau, Louis. «Coopératives, économie sociale et action communautaire autonome: état des lieux en 2014», Chaire de recherche en développement des collectivités, 9 janvier 2014.
- Théroux, Pierre. «Apprendre l’entrepreneuriat coopératif à l’école», Les Affaires, 18 janvier 2014.
Sites Web:
- Conseil québécois de la coopération et de la mutualité
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