Le low cost est à la mode!
Porté par le niveau d’exigence à la hausse des voyageurs, le marché du low cost est en pleine mutation. C’est un modèle d’affaires qui est adopté tant par les entreprises déjà bien ancrées dans l’industrie touristique que par les entreprises entrantes.
Les services des prestataires touristiques à bas prix sont aujourd’hui plébiscités par des segments de clientèles diversifiés. La raison? Leur modèle d’affaires low cost monte en gamme, l’offre de produits et services est bonifiée et élargie, alors que le prix se maintient au plus bas. Ce succès rend envieuses d’autres compagnies qui tentent alors de faire une percée dans ce créneau…
Le secteur aérien
Il y a une quinzaine d’années, la naissance des transporteurs à bas coûts a chamboulé tout le secteur aérien, et leur succès continue de grandir. Selon Euromonitor, ces compagnies voient leur part de marché et leur popularité s’accroître chaque année, exacerbant la rivalité avec les transporteurs réguliers. En novembre 2013, elles proposaient 20% de l’ensemble des vols et 25% des sièges hebdomadaires à l’échelle mondiale.
Elles opèrent de nombreux changements dans leurs stratégies de développement et de prix. Tandis que le modèle ultra low cost, popularisé par Spirit Airlines et Allegiant Air, continue son avancée aux États-Unis, les transporteurs européens à bas coûts se rapprochent davantage de celui du middle cost à l’instar de easyJet.
Le premier modèle d’affaires consiste à vendre des billets à très bas prix et à ajouter de nombreux services payants (bagages, nourriture, impression des billets). Ces suppléments représentent en moyenne 40% du prix total d’un voyage avec Spirit Airlines. Or le prix moyen d’un vol est passé de 94 à 75$ US depuis l’adoption de cette stratégie en 2007. Le second modèle, lancé par easyJet, est à présent adopté par Air Berlin, Vueling et plus récemment Ryanair. Ces compagnies aériennes baissent les coûts de certains services (frais de bagages, réimpression de carte d’embarquement) et bonifient leur offre en ajoutant des services payants, comme la réservation de siège et le passage rapide à l’aéroport. Ce modèle d’affaires est aussi un moyen de concurrencer davantage les transporteurs réguliers, en:
- se déployant sur les aéroports principaux;
- multipliant les dessertes;
- se positionnant sur des lignes stratégiques;
- ajoutant des vols long-courrier. Norwegian Air Shuttle (voir l’image ci-dessous) et XL Airways offrent des vols entre l’Europe et les États-Unis. Air Asia X, la plus grande compagnie low cost d’Asie, proposera des liaisons vers l’Europe d’ici 2016.
Source: businessinsider.com
Ce modèle vise aussi la clientèle d’affaires. Des sections comportant des sièges plus larges et confortables lui sont maintenant réservées. Par exemple, JetBlue le fera dès juin (voir l’image ci-dessous). Cette compagnie proposera des tarifs comprenant des cocktails, un repas amélioré et un accès Wi-Fi. Vueling lançait en 2012 la classe «Excellence» avec pour objectif de compter 50% de voyageurs d’affaires dans sa clientèle avant la fin de 2013. En France, une nouvelle compagnie low-cost vient de voir le jour, La Compagnie, et se positionne entièrement sur le segment affaires pour des vols entre Paris et New-York.
Source: investor.jetblue.com
Par ces transformations, le modèle d’affaires des compagnies aériennes middle cost se rapproche de celui des transporteurs réguliers, alors que ces derniers, face à cette rude concurrence, tentent de se faire une place dans le créneau low cost. Air Canada rouge, Air France avec ses filiales Transavia et Hop! ainsi que Lufthansa et sa nouvelle marque WINGS en sont des exemples.
Qu’en est-il de l’hôtellerie?
On observe deux évolutions similaires à celles du secteur aérien: la montée en gamme de ces hébergements et la création de chaînes modernisées.
Sur le marché hôtelier, le segment économique bouscule son modèle d’affaires. On observe deux évolutions similaires à celles du secteur aérien: la montée en gamme de ces hébergements et la création de chaînes modernisées. Ces changements répondent aux nouvelles attentes des voyageurs, qui recherchent des offres alléchantes sans lésiner sur la qualité des installations, du confort et du design.
Le groupe hôtelier Accor rénove les décors et installations de ses raisons sociales économiques depuis quelques années. Ses hôtels formule 1 et Etap Hotel (voir l’image ci-dessous) ont changé de nom (respectivement hotelF1 et ibis budget), leurs espaces publics et leurs chambres sont désormais plus fonctionnels et conviviaux grâce au soin apporté au design.
Source: ibisbudgethotel.ibis.com
Les nouvelles chaînes low cost easyHotel et Motel One connaissent un succès en Europe qui ne démord pas. La plus récente, Eklo Hotels, a réussi à adopter une démarche environnementale en utilisant des matériaux de construction plus innovants et écologiques, en favorisant la polyvalence des employés et en faisant payer tous les suppléments aux clients.
Source: eklohotels.com
Certaines auberges de jeunesse surfent sur cette montée en gamme et attirent des clientèles variées
Certaines auberges de jeunesse surfent sur cette montée en gamme et attirent des clientèles variées: des adultes de tous âges aux familles, en passant par les voyageurs d’affaires, tous à la recherche d’une expérience sociale dans un lieu au design contemporain et équipé des technologies dernier cri. Ces établissements sont dotés d’installations similaires à celles des hôtels traditionnels: salles de bains privées, piscine, salles de conférence et salles d’entraînement. De plus, certains équipements et certaines offres ont un caractère plus exclusif: salle de cinéma, salle de jeux, organisation d’activités sociales, tours de ville, etc. La chaîne d’auberges européennes Generator (voir l’image ci-contre) fait partie de ces établissements «nouvelle génération» qui s’inspirent des hôtels lifestyle tout en offrant des prix concurrentiels (à partir de 10€).
Source: Generator
De nouveaux concepts d’hôtels hybrides fleurissent dans les grandes villes. Par exemple, l’hôtel Fusion à Prague est à la fois un établissement trois étoiles et une auberge de jeunesse. Il propose des espaces de réunion informels, des jeux vidéo interactifs, un bar-lounge pouvant accueillir des événements, etc. Il est possible de réserver différentes catégories de chambres dont le coût varie de 60 à 130€ la nuit ou un lit à partir de 14€. Il s’agit d’une solution alternative pour les voyageurs d’affaires, comme l’explique son directeur général.
Source: fusionhotels.com
Une stratégie qui séduit toute l’industrie
D’autres secteurs touristiques sont séduits par ce créneau. En voici quelques exemples.
- Train: le groupe SNCF, en France, a lancé en avril 2013 son nouveau train à grande vitesse économique, le Ouigo, dans le but d’attirer de nouveaux clients. Les billets sont en vente à partir de 10€.
- Autocar: présente au Canada (notamment à Montréal) depuis 2009, la compagnie à bas prix megabus.com utilise des véhicules haut de gamme équipés d’un accès Internet. Elle lance fréquemment des offres alléchantes à partir de 1$.
- Location de voiture: les principales compagnies proposent des services moins chers à leur clientèle grâce à des filiales d’autopartage telles que Hertz 24/7.
Le low cost revampé, avec une touche d’originalité, séduit l’industrie et semble être le créneau qui rallie une variété de segments de voyageurs. Le défi pour une entreprise reste à maintenir une gestion rentable autour de ce modèle d’affaires, quitte à intégrer seulement quelques-uns de ses principes.
Image à la une © megabus.com
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Source(s)
– Ali, Rafat. «Skift Report: 14 Global Trends That Will Define Travel in 2014», skift.com, 6 janvier 2014.
– Cholez, Laury-Anne. «Ryanair met le paquet pour séduire les voyageurs d’affaires», tourmag.com, 28 novembre 2013.
– Deloitte. «Hospitality 2015, game changers or spectators?», deloitte.com, 2014.
– Euromonitor International. «Low-cost carriers: exploring new territories», Passeport, janvier 2014.
– Esposito, Odile. «Low cost et écologie peuvent-il faire “chambre commune”?», latribune.fr, 5 mars 2014.
– La Rédaction. «Lufthansa renforce son offre low cost avec Eurowings», tourmag.com, 9 juillet 2014.
– Les Échos. «Les compagnies ultra-low cost, nouveau modèle du transport aérien américain», lesechos.fr, 6 décembre 2013.
– Les Échos. «Ouigo: un an d’existence et 2,5 millions de voyageurs transportés», lesechos.fr, 12 avril 2014.
– Mohin, Tanya. «Hostels Gain Popularity With Business Travelers», nytimes.com, 23 septembre 2013.
– Southan, Jenny. «JetBlue to roll-out business class seat from June», businesstraveller.com, 3 avril 2014.
– Thomaselli, Rich. «New Paris-to-New York Airline Promises Lower Prices, More Comfort», travelpulse.com, 17 juin 2014.
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