Valoriser une destination grâce aux activités fauniques
L’observation de la faune, la chasse et la pêche peuvent être perçues comme des activités touristiques menaçantes pour l’environnement, mais l’instauration d’une approche intégrée de gestion permet de valoriser la diversité faunique des destinations.
Pour respecter les principes du développement durable, l’offre proposée en tourisme de nature doit s’organiser en concertation avec les adeptes d’activités fauniques, les professionnels du tourisme, la population locale, les instances gouvernementales et les environnementalistes.
Qui pratique la chasse, la pêche et l’observation de la faune?
Selon le ministère du Tourisme du Québec, pour le tourisme de nature, le milieu naturel constitue la motivation principale à la visite. Les activités proposées peuvent inclure un prélèvement faunique (chasse et pêche) ou non (observation de la faune).
Selon les données du Print Measurement Bureau (PMB) de 2014, 5% des Canadiens qui ont effectué un voyage au Canada ont pratiqué la chasse ou la pêche durant leur séjour. Les hommes représentent 62% de cette clientèle. Les deux tiers des chasseurs ou pêcheurs ont moins de 50 ans. Le PMB ne fournit pas de données concernant l’observation de la faune, mais 8% des Canadiens ayant effectué un voyage au Canada ont visité un parc national ou provincial. Cette fois-ci, ce sont les femmes qui sont légèrement plus présentes, avec 52% de participation.
Les enjeux liés au tourisme de nature
D’un point de vue économique, le tourisme de nature permet d’assurer une meilleure répartition des bénéfices du tourisme sur l’ensemble du territoire, de maintenir le dynamisme économique hors des grands centres et de valoriser la main-d’œuvre locale. Si certaines régions, comme les Laurentides, se démarquent déjà sur la scène internationale, d’autres s’affairent progressivement à mettre en place une offre exclusive (régions du nord du Québec). Voici quelques données en vrac:
- Les dépenses effectuées dans le réseau Parcs Canada contribuent au produit intérieur brut (PIB) à hauteur de près de 3 milliards de dollars;
- D’après la Sépaq, 15$ sont générés localement pour chaque dollar dépensé dans un parc national;
- Les zones d’exploitation contrôlée (zecs) assurent directement le maintien de plus de 600 emplois en région;
- Les pourvoiries accueillent tous les ans 420 000 touristes et emploient 2500 personnes.
Un des enjeux majeurs du tourisme de nature concerne son impact sur l’environnement. En effet, les professionnels doivent encourager la venue de visiteurs, tout en respectant le seuil de tolérance du milieu afin de ne pas abîmer la ressource, motivation première du voyage. Les acteurs du tourisme de nature, de plus en plus conscients de cette réalité, encadrent le comportement de leur clientèle, notamment par des règlements et des chartes de bonne conduite.
Source: Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs
Pour éviter les conflits entre les usagers (population locale, forestiers, touristes, environnementalistes, agriculteurs, etc.), les politiques gouvernementales de gestion du tourisme de nature sont développées en concertation avec les différentes parties prenantes.
Les bonnes pratiques durables
La chasse pour réguler la population faunique
Le développement intensif de l’urbanisation, la déforestation et les changements climatiques exercent une pression sur l’environnement qui n’est pas sans conséquence (diminution des prédateurs, perturbation du cycle alimentaire animalier, etc.). Sur l’île d’Anticosti, la surpopulation de chevreuils crée un déséquilibre environnemental qui a des répercussions sur l’écosystème et l’agriculture. Une des solutions de régulation adoptée fait appel à la chasse touristique afin de minimiser les déséquilibres.
Dans le Parc national de la Pendjari, au Bénin, la surpopulation de gros gibiers (lions, buffles, hippopotames, antilopes, etc.) menace l’agriculture et la sécurité des locaux. Afin de pallier ce problème, les chasseurs se voient proposer deux alternatives:
- Faire appel à des guides privés qui organiseront leur séjour de chasse et verseront 30% des redevances perçues aux riverains de la réserve ;
- Choisir de chasser sur les terres des villages environnants, en passant directement par une association de villageois.
Dans les deux cas, l’intégralité de la viande est remise aux populations locales. L’initiative permet de faire participer les communautés, d’assurer une meilleure répartition des revenus touristiques, de valoriser les connaissances des locaux, de limiter la rancœur des villageois envers les animaux sauvages et de lutter contre le braconnage.
La pêche pour attirer les visiteurs
Plusieurs destinations misent sur leur diversité faunique pour se distinguer. Conscient de l’opportunité que représente la pêche sportive, le Pays de Galles a lancé le programme Wild Fishing Wales afin d’améliorer son offre. Ainsi, ce sont 71 km de sentiers, 86 km d’accès aux points d’eau et 18 cours d’eau qui ont pu être réhabilités.
Afin d’aider les pêcheurs à trouver les meilleurs emplacements pour pratiquer leur loisir, la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs a créé une carte d’accès aux plans d’eau pour l’ensemble de la province. En Gaspésie, les acteurs ont profité de cette initiative pour recenser et caractériser les plans d’eau, ainsi que les ressources marines. En Colombie-Britannique, le projet Family Fishing Water répertorie les emplacements de pêche accessibles en famille.
Source: Allons pêcher
Aux Îles-de-la-Madeleine, Les Trésors de la Lagune proposent une excursion pour aller pêcher les coques et initier les visiteurs aux traditions culinaires et maritimes des Madelinots.
Source: Les Trésors de la Lagune
L’observation de la faune et la sensibilisation
En Suède, les visiteurs peuvent être hébergés dans le Kolarbyn Ecolodge, une hutte rustique située au milieu des bois. Des guides entraînent ces touristes qui sont en immersion totale pendant trois jours sur la trace des élans, des castors, des baies sauvages et des champignons. Ce séjour relativement peu invasif est adapté aux familles et permet au visiteur de se fondre dans l’espace à observer en devenant une espèce parmi d’autres.
Source: Wild Sweden
Convaincu que la conservation passe par l’éducation, le Réseau d’observation des mammifères marins (ROMM) a mis en place une série d’initiatives pour transformer les visiteurs sensibilisés en «ambassadeurs dans la conservation et la protection du Saint-Laurent». Afin de faire progresser les connaissances de la faune du fleuve, les locaux et les touristes sont ainsi invités à partager leurs observations de celle-ci avec une application mobile.
Source: ROMM
Lorsqu’il est abordé de façon intégrée, le tourisme de nature permet de valoriser l’environnement et les cultures locales, mais il contribue également à l’enrichissement des connaissances et à la protection du milieu.
Cette analyse a été produite pour alimenter le site Web EspaceTourismeDurable.com, destiné aux acteurs touristiques de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine.
Visionnez la vidéo réalisée par l’organisme:
Image à la une: © BY SA NC Steve Wall
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Source(s)
- Communiqué de presse. «La forêt québécoise: au-delà du bois», Fédération des pourvoiries du Québec, 2013.
- Lovelock, Brent. «Tourism and the Consumption of Wildlife: Hunting, Shooting and Sport Fishing», Routledge, 2008.
- Ministère du Tourisme. «Nature et tourisme au Québec. Orientations et plan d’actions 2003-2008», mai 2003.
- Ministère du Tourisme. «Plan de développement de l’industrie touristique 2012-2020. Un itinéraire vers la croissance», 2012.
- Organisation internationale de la francophonie. «179 bonnes pratiques pour le développement durable dans les pays membres de la francophonie».
- PMB, 2014.
- Réseau Sépaq. «Plan stratégique 2012-2017», 2012.
- Ross, Mélissa. «L’impact du cerf de Virginie sur les plantes rares et les milieux fragiles du parc de l’île d’Anticosti et les mesures à prendre pour les protéger», Université de Sherbrooke, mai 2014.
- Rougier, Agnès. «Chasser pour nourrir les hommes et protéger la biosphère», rfi, 2009.
Sites Internet:
- Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs
- Impact économique de Parcs Canada
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