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Compte-rendu de conférence - 5 novembre 2014

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novembre 2014

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En route vers l’accessibilité pour tous

Le Sommet Destinations pour tous a permis de concerter les intervenants tous azimuts autour d’une déclaration engageant les parties prenantes à se mobiliser.

 

Cet événement international, qui se déroulait du 19 au 22 octobre 2014 à Montréal, a couvert de nombreuses questions liées à l’accès inclusif. La formation, le transport, l’hébergement, les attraits, les activités, la législation, la certification et l’information en sont quelques exemples. Certains constats et enjeux ont été soulignés par plusieurs présentateurs. En voici un aperçu.

 

Un monde de handicaps

Saviez-vous que 70% de tous les handicaps sont invisibles?

On estime à un milliard le nombre de personnes handicapées dans le monde entier, dont 60 millions en Europe et autant en Amérique du Nord. Ce segment constitue 15% de la population — 20% dans le cas des États-Unis. Cette proportion devrait progresser, notamment en raison du vieillissement de la population.

L’European Network for Accessible Tourism estime que le marché potentiel du tourisme accessible s’élève à 130 millions de personnes en Europe et génère des dépenses de 68 milliards d’euros (près de 100 milliards de dollars). En plus des personnes ayant un handicap — moteur, auditif, visuel ou intellectuel —, ce marché se compose de personnes âgées, de femmes enceintes, de familles avec de jeunes enfants et de gens souffrant de maladies chroniques (diabète, maladies cardiovasculaires, allergies, etc.) ou d’incapacités temporaires. Tous ces individus et ceux qui voyagent avec eux ont besoin d’un tourisme accessible.

Informer, informer, informer

Par des anecdotes ou à travers leur présentation, les participants ont témoigné de la méconnaissance des besoins des personnes handicapées. Voici des citations révélatrices de cette réalité parmi les propos rapportés:

  • «L’accessibilité pour tous est une utopie.»
  • «Les gens s’adaptent.»
  • «L’accompagnateur va s’occuper de tout.»
  • «Oui, nous avons une chambre accessible, il n’y a que trois marches à monter pour y accéder.»
  • «La douche est accessible, le rebord ne fait que 8 cm.»

En général, les gens ont une conception floue de l’accessibilité. L’information concernant les besoins réels des personnes handicapées doit circuler. Pour bien cibler leurs besoins et ainsi favoriser leur autonomie, il faut consulter et impliquer les principaux intéressés. En outre, il faut voir à faire respecter les normes. Les nouvelles entreprises, ou celles qui effectuent des rénovations, ont tout intérêt à intégrer les adaptations nécessaires dans leurs travaux, et ce, de manière harmonieuse, plutôt que de vérifier après coup si leurs installations conviennent aux personnes handicapées. De toute manière, toutes les clientèles, qu’elles soient handicapées ou non, bénéficieront de ces améliorations.

La formation, la clé de la réussite

Au cours du Sommet, de nombreux intervenants ont cité l’importance de développer les compétences en matière d’accueil et de service à la clientèle du personnel de l’industrie touristique. Toutefois, comme le mentionnait Scott Rains, consultant américain favorisant les voyages indépendants et l’accessibilité, les programmes de formation ne font pas encore partie de la culture des entreprises.

Toutefois, cet état des choses est appelé à changer grâce à des programmes comme celui de M. Pierre-Margot Cattin, de l’Université des Sciences appliquées de Suisse occidentale, qui offre le cours «Développement du tourisme pour tous» destiné aux étudiants en tourisme. Depuis 2010, il présente entre autres un catalogue des besoins spécifiques des personnes vivant avec un handicap de même que des exemples de bonnes pratiques en matière de tourisme pour tous. Tout comme la Suisse, la France, par l’entremise de l’Association Tourisme et Handicaps, offre un cours de sensibilisation au handicap à 3000 jeunes des programmes de BTS Tourisme par année, de même qu’une formation aux enseignants en tourisme. Inspirée par ces présentations, Mme Martine Lizotte, directrice de l’École internationale d’hôtellerie et du tourisme du Collège LaSalle et animatrice d’un atelier sur la formation à l’occasion du Sommet, a annoncé avec beaucoup d’enthousiasme que dès cette année, tous les étudiants des programmes de DEC de son École recevraient la formation Service Complice offerte par Kéroul.

Vers des villes accessibles

Depuis 2004, toutes les municipalités québécoises de 15 000 habitants et plus sont tenues, selon la loi, de produire annuellement un plan d’action pour éliminer les obstacles à l’intégration des personnes handicapées. Les Villes de Victoriaville et de Gatineau ont initié des rencontres provinciales annuelles sur le sujet. Les travaux de ces entretiens ont permis de produire des documents d’accompagnement tel que le Cahier des bons coups municipaux, qui répertorie des initiatives inspirantes. Patrick Paulin, de la Ville de Victoriaville, est venu présenter le dynamisme de son milieu et estime qu’en regard de ce qui se développe au Québec en ce moment:

  • la bonne volonté existe;
  • les obligations légales sont connues;
  • les coûts sont rarement un obstacle insurmontable;
  • la mise en œuvre partielle des engagements est souvent due à une vision trop étroite de l’accessibilité qui est limitée au cadre bâti.

Le transport local pour les personnes en fauteuil roulant

Une destination accessible pour tous doit offrir des moyens de déplacement appropriés et les promouvoir. Londres fait beaucoup d’efforts pour faciliter la mobilité aux gens en fauteuil roulant et l’organisme Visit London en fait la promotion auprès des visiteurs potentiels. La Société de transport de Montréal a mis en place un plan de développement d’accessibilité universelle et consulte le milieu associatif pour connaître les besoins des personnes en situation de handicap. Des améliorations ont déjà été apportées au réseau du métro.

Des villes comme New York et Toronto ont des objectifs ambitieux en matière de taxis accessibles. La Grosse Pomme vise 50% de sa flotte pour 2020, alors que Toronto ne promet rien de moins qu’une accessibilité totale (100%) de ses taxis pour 2024.

Une déclaration rassembleuse

À la clôture du Sommet, les 300 participants des 30 pays présents ont adopté la déclaration Un monde pour tous. Cette dernière énumère 40 mesures précises qui visent la mise en œuvre des recommandations de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) en faveur d’un tourisme accessible à tous. Ces recommandations s’adressent aux exploitants et aux intermédiaires du tourisme, du voyage et du transport ainsi qu’aux autorités locales, nationales et internationales.

 

Analyse rédigée en collaboration avec Chantal Neault, analyste au Réseau de veille.

 

Image à la une: Sommet mondial Destinations pour tous 2014

Source(s)

- Sommet Destinations pour tous, Montréal, 19 au 22 octobre 2014.

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