S’adapter aux changements climatiques : le faites-vous?
S'adapter aux changements climatiques : en sentez-vous l'urgence? Trois intervenants touristiques qui vivent ces changements de façon différente présentent leurs défis et des pistes d'adaptation.
À l’occasion de l’événement Faire face aux changements climatiques, présenté dans le cadre des tables rondes du Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec, en collaboration avec la Chaire de tourisme Transat de l’ESG UQAM, des représentants d’organisations touristiques ont partagé leur expérience à propos des changements climatiques.
Tendances climatiques
Kate Germain, co-coordonnatrice du programme Tourisme et changements climatiques rappelle quelques-uns des constats sur l’évolution climatique au Québec, tels que la hausse des températures moyennes enregistrées ou encore la baisse des précipitations neigeuses dans les régions du sud du Québec. Le tableau 1 rassemble ces tendances.
Pour les entreprises touristiques, ces tendances s’ajoutent aux divers phénomènes météorologiques qui engendrent de nombreux impacts comme une baisse de l’attractivité des lieux, des difficultés à prévoir les besoins en main-d’œuvre ou encore un changement de comportement de la part de la clientèle.
Le ski de fond : fabriquer de la neige et diversifier les activités
Madame Manon René de Cotret, directrice générale du Regroupement ski de fond Laurentides démontre que depuis cinq ans :
- l’ouverture de la saison est un moment critique qui a lieu de plus en plus tard, souvent après la période des fêtes;
- le nombre de jours où l’on peut pratiquer le ski est globalement en baisse;
- le nombre de jours fermés à la pratique durant la saison est en hausse;
- la saison se prolonge parfois jusqu’en avril.
Sur plus de 124 lieux de pratique répertoriés au Québec, un seul possède un système d’enneigement, celui de la Forêt Montmorency, dans la région de Québec. L’équipement nécessaire à la fabrication de neige et à l’entretien est coûteux, et les fonds publics sont difficiles à obtenir. Parmi les pistes de solutions envisagées, Mme de Cotret mentionne :
- la mobilisation des intervenants tels que les gestionnaires de réseaux, les fabricants et les détaillants d’articles de ski de fond, la fédération de ski de fond, les adeptes et les hôteliers pour une mise à niveau des infrastructures;
- un partenariat public-privé pour un investissement en équipements de fabrication de neige et d’entretien des pistes;
- la diversification des activités en sentier (vélo hivernal ou Fatbike, raquette, marche avec animation ludique, etc.)
Terrain de golf : des adaptations techniques
Monsieur Dany Beauséjour, directeur général du Golf Le Sélect à Mirabel, précise que la météo constitue une préoccupation de chaque instant. Elle implique la mise en place de stratégies quotidiennes et d’interventions qui permettront une meilleure gestion à moyen et à long terme. Il faut savoir s’adapter, mais aussi tirer profit des changements climatiques. À titre d’exemple, depuis quelques années, la saison de golf s’étire. Elle débute beaucoup plus tôt, en mars, et se termine en novembre. M. Beauséjour indique que les golfeurs ne sont cependant pas toujours au rendez-vous lors des ouvertures hâtives. Il faut créer l’habitude, le réflexe chez les adeptes. Pour l’instant, il s’agit d’un investissement en entretien, main-d’œuvre, etc.
Les pluies abondantes qui se succèdent depuis quelques années ont causé bien des dommages sur les terrains de golf. Les accumulations d’eau posent de sérieux problèmes et impliquent parfois la fermeture des parcours. Pour réduire sa vulnérabilité aux intempéries, le Golf Sélect a notamment :
- agrandi son réservoir d’irrigation;
- installé des tuyaux de drainage plus volumineux;
- créé des bandes riveraines plus larges;
- mis en place une procédure pour briser systématiquement la glace sur le terrain en hiver.
M. Beauséjour souligne l’importance de penser à rentabiliser chacune de ces dépenses. Par exemple, à la suite d’une micro rafale qui a fauché des centaines d’arbres, le Club de golf a récupéré le bois pour son système de chauffage à la biomasse.
Enfin, la diversification des activités figure aussi parmi les stratégies du Golf Le Sélect, notamment avec la mise en place d’un parcours de Footgolf, où l’on troque la balle pour un ballon de soccer et le bâton pour le pied. Ce parcours est situé sur une partie surélevée du terrain qui est donc mieux drainé.
Adapter l’hébergement, les activités et les infrastructures
Madame Julie Zeitlinger, propriétaire de la station de plein air Au Diable Vert, a bonifié et adapté son offre, afin de résoudre certains problèmes générés par des conditions météorologiques défavorables aux structures et activités existantes.
L’entreprise a ainsi réduit le nombre d’emplacements de camping pour tentes, afin d’offrir davantage de cabanes rustiques 4 saisons. La politique de réservation est aussi plus stricte : annulation non remboursable dans les 13 jours précédant la date du séjour.
Le drainage a été amélioré grâce au recours au gravier, à des ponceaux dans les sentiers, à l’installation de passerelles, à l’aménagement d’un quai à hauteur variable, et en surélevant au-dessus du sol certaines structures comme les toilettes sèches et les refuges. Des activités de plein air guidées de plus courte durée, ainsi que de l’équipement en location comme des crampons et des raquettes sont également proposés.
Avoir une vision à long terme
Les prévisions scientifiques sont sans équivoque : ces changements sont bien enclenchés. Ils présentent des risques et des opportunités pour les secteurs de l’industrie touristique. Les organisations proactives, qui s’adaptaient hier à la météo, tentent aujourd’hui de s’ajuster à la météo ET au réchauffement climatique.
Image à la une : splitshire.com
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Pour avoir de bons comportement et réussir l’adaptation aux nouvelles habitudes écolo, beaucoup de routines auxquelles nous sommes habitués doivent être cassées. Cela y va de la survie des générations futures sur cette bonne vieille planète.
Aussi, je me demande si le Québec n’est pas susceptible de subir les affres de la réduction de la calotte glacière. Déjà on constate une diminution de précipitations de neige. Pour ma part, je pense qu’une étude sérieuse devrait se pencher sur le sujet pour permettre de définir les bonne habitudes à adopter
Pour ce qui est des collectivités, l’adaptation aux changements climatiques s’effectuent à trois niveaux. Il y a l’adaptation anticipative ou préventive ; il s’agit de celles qui sont mises en place avant même la manifestation des changements. Ensuite, l’adaptation spontanée; c’est celle qui constitue une réponse immédiate à un changement effectif. Enfin l’adaptation planifiée. C’est celle qui résulte d’une décision politique.