La reconquête touristique des berges fluviales
Le Québec peut miser sur le tourisme fluvestre, synergie des activités terrestres et fluviales, pour rendre le Saint-Laurent plus accessible aux Québécois.
Pour de nombreuses municipalités, les berges des fleuves deviennent un élément supplémentaire d’attractivité et un lieu de pratique d’activités nautiques et terrestres. Au Québec, les accès publics au fleuve sont principalement à vocation récréative et sportive et leurs aménagements se multiplient, tout comme dans d’autres pays, notamment la France.
Des activités qui relient le territoire au fleuve
En France, le terme offre fluvestre est utilisé pour rassembler les activités terrestres, réalisées au bord des fleuves, et fluviales, pratiquées sur les fleuves : loisirs nautiques, baignade, vélo, randonnée, événements, visite de sites remarquables, observation de la faune et de la flore, etc. Le développement du tourisme fluvestre permet d’utiliser un territoire sous-exploité. Il a pour effet d’encourager les passagers à s’arrêter en escale et à dépenser, et d’inciter les visiteurs et les résidents à effectuer des activités au bord de l’eau.
Le développement du tourisme fluvestre permet d’utiliser un territoire sous-exploité.
Afin de développer ce type de tourisme, les berges sont aménagées, développées et valorisées. Selon la firme de consultation Horwath HTL, les principales initiatives peuvent se catégoriser comme telles :
- Création d’espaces naturels au bord de la voie d’eau, notamment en zone périurbaine;
- Conception de nouveaux espaces publics en lien direct avec les berges;
- Création de bases de loisirs nautiques ou reconfiguration des installations existantes;
- Création de voies vertes le long de la voie d’eau;
- Développement d’équipements saisonniers ou éphémères (par exemple la Plage de l’Horloge à Montréal).
Une promenade le long des berges
Ancienne zone industrialisée, la promenade Samuel-De Champlain de la Ville de Québec est aujourd’hui un parc aménagé le long du fleuve Saint-Laurent qui a nécessité des investissements de près de 70 millions de dollars. Des sentiers et une piste cyclable donnent accès à trois stations, sur près de 2,5 km :
- La Station des Cageux, où se trouvent un marais, une tour d’observation d’une hauteur de 25 mètres et une descente à l’eau;
- La Station des Sports, dédiée aux activités sportives (terrains de soccer, aire de jeux gazonnée).
- La Station des Quais, constituée de quatre jardins thématiques inspirés de l’environnement et de l’histoire du fleuve : le Quai-des-Brumes, le Quai-des-Flots, le Quai-des-Hommes, le Quai-des-Vents.
Selon la Commission de la capitale nationale du Québec, 313 000 visiteurs ont fréquenté les lieux en moyenne 9,5 fois pour un total de 3 millions de visites en 2015. Cela représente une augmentation de fréquentation de 15 % par rapport à 2013. Les travaux de la dernière phase du développement commenceront en 2017 et comporteront la création de points d’observation, de parcs et de belvédères. Au final, 24 km de littoral seront accessibles aux visiteurs.
Quais des Hommes; source : Flickr/CCNQ
À Paris, un ancien axe routier longeant la Seine a été reconverti en 2013 en un espace de loisirs, d’animations et de culture. Le projet les Berges est composé de 3 aménagements étendus sur 4,5 hectares le long de la Seine :
- Au port de Solférino, un immense escalier fait office d’amphithéâtre pour des projections sur le fleuve. Plusieurs autres installations ont été mises en place : un parcours sportif, un espace de jeux pour enfants couvert en hiver et les « Zzzz », des conteneurs vitrés à louer.
- Au port des Invalides, les visiteurs profitent d’une plage, de restaurants avec terrasse ouverts à partir du printemps et de péniches amarrées au quai proposant une offre de restauration, des spectacles et des croisières.
- Au port du Gros Caillou, un espace nature permet d’observer la faune et la flore sur les jardins flottants de cinq îlots, ainsi que dans le verger.
Port de Solférino; sources : Architecture urbanisme FR et MY TF1 News
Plus de quatre millions de visiteurs ont fréquenté les Berges en 18 mois et les émissions de dioxyde d’azote (NO2) ont diminué en moyenne de 15 % sur le site.
Développement récréotouristique dans une escale nautique
Le projet récréotouristique Écomonde du lac Saint-Pierre situé à Sorel-Tracy, sur la voie maritime du Saint-Laurent, devrait voir le jour en 2017. Situé sur un quai bordé d’une plage, d’une piste cyclable et d’un parc, le complexe comprendra, entre autres, un établissement d’hébergement, un lieu de congrès et réunions, une salle multifonctionnelle et un amphithéâtre extérieur. Une programmation artistique ainsi que des circuits écotouristiques seront proposés. Le Regroupement indépendant pour la relance économique de la région de Sorel-Tracy (RIRÉRST), le promoteur, a invité des firmes de création dont Moment Factory à définir un concept touristique. Le budget prévu pour ces travaux s’élève à 19,7 millions de dollars et les retombées économiques sont évaluées à 6 millions de dollars, pour un potentiel de 240 000 visiteurs par année.
La mise en réseau des sites d’accès au fleuve
La mise en réseau des accès publics au fleuve garantit le succès d’un développement concerté et cohérent mené à l’échelle d’un territoire administré par plusieurs collectivités.
La mise en réseau des accès publics au fleuve garantit le succès d’un développement concerté et cohérent
Le réseau des Haltes du Saint-Laurent est le résultat d’un travail de concertation entre cinq municipalités de la MRC de Portneuf (Deschambault-Grondines, Portneuf, Cap-Santé, Donnacona et Neuville) et divers acteurs locaux. Chacune a aménagé un site au bord des berges du Saint-Laurent afin d’offrir un accès libre et gratuit pour pratiquer des activités nautiques, d’interprétation, d’observation et la baignade. Le projet fut inauguré en 2013 et les cinq sites sont identifiés par une sculpture symbolisant à la fois une voilure et un vol d’oiseau.
Source : Cameleoh!
Une initiative similaire a été entreprise par cinq municipalités de la MRC de Kamouraska. Depuis juillet dernier, sept sites d’accès au fleuve Saint-Laurent sont clairement identifiés par des panneaux « Fleuve & détente » et par le symbole d’une chaise de plage sur la carte vélo du guide touristique.
Ces projets innovants permettent de révéler les multiples usages d’un fleuve et de ses rives. L’aménagement des berges du Saint-Laurent permettra d’atteindre les objectifs fixés dans la Stratégie de mise en valeur du Saint-Laurent touristique, en haussant l’attractivité des dix pôles du Saint-Laurent et de leurs produits prioritaires.
Source de l’image à la une : ©QuébecOriginal/Jean-François Hamelin
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Source(s)
— Alliance des villes des Grands Lacs et du Saint-Laurent. « Étude de caractérisation des accès publics au fleuve Saint-Laurent - Défis et possibilités », glslcities.org, consulté le 27 juin 2016.
— Commission de la Capitale nationale. « Promenade Samuel-de Champlain », capitale.gouv.qc.ca, consulté le 27 juin 2016.
— Charland, Sarah-Eve. « Le projet Écomonde verra le jour en 2017 », les2riveslavoix.ca, 10 juillet 2015.
— ICI Radio-Canada. « Des accès au fleuve entre Maizerets et la chute Montmorency », ici.radio-canada.ca, 25 mai 2016.
— Lavallée, Jean-Luc. « Une note parfaite pour la promenade Samuel-De Champlain », journaldequebec.com, 19 février 2016.
— Malsch, Edouard. « Berges de Seine : et maintenant la rive gauche », urbanews.fr, 17 juin 2013.
— Ministère du tourisme du Québec. « Projets de développement du tourisme fluvestre en Europe », tourisme.gouv.qc.ca, analyse réalisée par le Réseau de veille en tourisme, octobre 2013.
— Paradis, Maxime. « Le fleuve de plus en plus accessible au Kamouraska », leplacoteux.com, 30 juin 2016.
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