L’engagement des musées dans la société
Impliquer et mobiliser son équipe pour développer de nouveaux projets, incorporer le savoir-faire du personnel dans ses communications et passer du storytelling au storydoing pour engager un musée dans sa communauté; voilà des exemples présentés lors de l’événement Communicating the Museum (CTM).
La conférence CTM, qui se déroulait à Québec du 15 au 18 novembre 2016, portait sur le thème de l’engagement. Lors des présentations et des ateliers, près de 200 experts culturels internationaux ont échangé à propos des défis que pose l’engagement dans l’ensemble de leurs activités et des bonnes pratiques mises en place par leur institution.
Cette année, CTM a accordé beaucoup d’importance à la mission sociale des institutions muséales et à leurs valeurs. Ce deuxième et dernier compte rendu (lire aussi : L’engagement du public dans les musées) portera cette fois sur l’engagement des musées dans la société et l’implication de leurs ressources humaines.
Le MoMa pose des actions concrètes
Kim Mitchell, chef des communications au Musée d’art moderne de New York (MoMA) et Tiffany Rolfe, partenaire et chef de la création chez co : collective, ont présenté les initiatives mises en place par le MoMA pour clarifier sa raison d’être au cours des dernières années à travers un projet identitaire. Bien que l’institution possède déjà une notoriété dans le milieu muséal, le MoMA a procédé à une réflexion durant laquelle il s’est interrogé sur son essence première, son comportement dans la société et la façon dont il projette de se comporter dans le futur. Pour appuyer cette démarche et la communiquer auprès du public, le musée a privilégié le storydoing, c’est-à-dire mettre en pratique les valeurs de l’institution. En plus d’être cohérente, cette approche marque les esprits, tant du public que des médias.
Fort de l’ambition d’être le musée d’art moderne et contemporain le plus engagé auprès de tous, le MoMA cherche à s’ouvrir et à créer davantage de dialogues avec son public, plus précisément les Newyorkais, les jeunes et la communauté créative. Pour atteindre cet objectif, le musée a mené plusieurs actions. Voici quelques exemples :
- il enraie les obstacles : pour attirer davantage d’artistes au musée, le MoMA leur offre un tarif spécial;
- il ajoute de la valeur : des événements sont organisés pour des groupes spécifiques, durant les heures de fermeture;
- il crée des expériences mémorables : les quiet mornings permettent à des centaines de personnes d’effectuer leur pratique de méditation ensemble au musée.
Source : MoMA
Le MBAM : branché sur son milieu
Pour sa part, Danielle Champagne, directrice de la fondation du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM), a démontré par plusieurs exemples la façon dont le musée agit à titre de vecteur de changements sociaux dans sa communauté et au-delà.
- Thématiques engagées : depuis quelques années, le MBAM ose sortir des sentiers battus pour s’arrimer à des enjeux de la société actuelle tels que la diversité corporelle, l’homosexualité et la bisexualité, la paix et la liberté.
- Engagement communautaire : le MBAM collabore avec plus de 450 organismes œuvrant avec les clientèles immigrantes, réfugiées, défavorisées, handicapées, âgées et à risque. Ses programmes éducatifs, culturels et communautaires ont attiré 307 000 participants en 2015.
- Implication dans des projets liés à la santé : en plus de s’exposer dans des centres médicaux, le musée se veut un espace de mieux-être pour les aînés, en offrant des parcours santé à travers les galeries. Le musée accueille également des personnes atteintes de diverses pathologies en leur proposant un choix d’ateliers.
Le MBAM contribue activement à la société en abordant le monde différemment, en faisant le pont entre le passé et le présent, tout en étant bien conscient des enjeux de son temps.
Source : présentation de Danielle Champagne
L’engagement du personnel
Au Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ), on a cherché à démocratiser l’expérience muséale en produisant du contenu vidéo accessible à un large public. Pour atteindre cet objectif, il fut impératif de mobiliser le personnel et de s’assurer de son engagement envers l’idée. Ainsi, des conservateurs, des commissaires d’exposition, des artistes et même la directrice générale du musée ont mis leur expertise au service d’un projet de websérie en acceptant, entre autres, d’être sous l’œil de la caméra.
Lors de la conférence CTM, Marie-Hélène Raymond, édimestre et gestionnaire de communauté au MNBAQ, a présenté le projet de websérie du musée. La première phase, « Une œuvre expliquée », composée de douze épisodes d’une longueur de plus ou moins trois minutes, a été diffusée sur le Web d’avril 2015 à avril 2016, à raison d’un épisode par mois. La seconde phase, « Un artiste, une œuvre », visant à promouvoir l’art québécois, a pour sa part été diffusée d’un seul trait. Ses 33 épisodes furent donc partagés sur le Web en septembre 2016.
Divers partenaires ont collaboré au projet : des artistes, des humoristes, un cardinal, des enfants, etc. Cette collaboration, entre des membres du personnel et des personnes provenant de tous horizons, a permis aux vidéos d’obtenir une vitrine sur des médias jamais rejoints auparavant. Après avoir été partagées sur les médias sociaux, les vidéos ont été reprises par plusieurs blogues et autres plateformes Web, ce qui a permis d’atteindre un public beaucoup plus vaste.
Source : mnbaq.org
Un musée ne pourrait fonctionner sans le travail et la passion de chaque individu qui œuvre au sein de son institution. Pour toucher le public, il faut d’abord qu’il y ait une cohésion au sein des troupes, il faut mobiliser chaque individu et orienter ses actions vers des objectifs communs fondés sur les valeurs de l’établissement.
Source de l’image à la une : © Agenda
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Source(s)
-« Communicating the museum », Québec, 15 au 18 novembre 2016.
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