Quand l’autocueillette devient une expérience
Aller aux pommes, aux fraises ou encore choisir et couper son bouquet de tulipes, son sapin ou sa citrouille… L’autocueillette se décline sous de multiples facettes et se présente désormais sous forme d’expérience.
Plusieurs tendances favorisent la progression des activités d’autocueillette. Le virage entrepris par un nombre grandissant de ménages vers des pratiques culinaires plus responsables, comme de choisir des produits cultivés localement ou biologiquement, en est un exemple probant. On observe aussi un intérêt grandissant pour le tourisme gourmand et les produits du terroir, tel que le révèle une récente enquête sur la clientèle agrotouristique. De plus, le segment familial démontre un grand dynamisme depuis déjà quelques années en matière de voyage ; il constitue un marché important pour les agriculteurs qui offrent l’autocueillette.
Les cueilleurs québécois
Les données sur l’autocueillette s’avèrent plutôt rares. Néanmoins, dans le cadre d’une étude de la Chaire de tourisme Transat sur le plein air, des questions ont permis d’analyser la pratique de cette activité. Ainsi, les trois quarts des adeptes d’activités de plein air s’adonnent aussi à la cueillette (au moins une fois sur trois ans). Quelque 43 % d’entre eux l’ont fait à plus de 2 occasions (voir le graphique 1).
Les adultes âgés de 25 à 44 ans s’adonnent à la cueillette plus que les autres groupes (voir le graphique 2). Ils sont aussi plus enclins à s’y être prêtés à plus de 5 occasions au cours des trois dernières années. Inversement, une plus forte proportion de personnes de 55 ans et plus n’ont pas fait de cueillette.
Les gens des régions du Québec pratiquent la cueillette plus souvent que ceux des grands centres : 22 % s’y sont adonnés plus de 5 fois au cours des 3 dernières années. Cette proportion s’élève à 11 % dans le cas des Montréalais et à 14 % pour les résidents de Québec.
Vivre l’expérience de la cueillette
Cueillir des fruits et légumes ne suffit plus. Les consommateurs veulent une variété d’activités. Les jeunes familles souhaitent passer du bon temps avec les enfants, leur montrer d’où proviennent les aliments, mais aussi les divertir pour que chacun y trouve son compte et que l’expérience soit mémorable.
Les agriculteurs répondent à cette demande en ajoutant un éventail de divertissements, souvent les mêmes d’une ferme à l’autre, soit la possibilité de pique-niquer, de s’amuser dans des modules de jeu, de faire un tour de tracteur, de découvrir les animaux, de marcher dans les champs ou encore de trouver son chemin dans un labyrinthe de maïs. D’autres innovent soit par le type d’aliments offerts en autocueillette, par les activités connexes ou dans la façon de transmettre l’information sur les produits disponibles.
Cueillir son propre bouquet
Une entreprise de Laval offrait pour la première fois au printemps 2018 la possibilité de cueillir des tulipes parmi 500 000 plants de toutes les couleurs. En plus de repartir avec un sceau de fleurs, les visiteurs de Tulipes.ca bénéficient d’un paysage favorable à la prise de photos spectaculaires et propices aux partages sur Instagram. Voilà une excellente façon de faire connaître les lieux gratuitement.
Choisir sa citrouille
Une famille de Saint-Joseph-du-Lac, dans les Laurentides, a choisi de diversifier l’offre d’autocueillette dans la région, surtout orientée jusqu’alors autour de la pomme, en mettant sur pied le Centre d’interprétation de la courge. Le visiteur peut donc en apprendre sur les différentes variétés et cueillir les cucurbitacées qu’il souhaite acheter. L’endroit propose également un bistro avec plusieurs spécialités culinaires à la courge. L’entreprise a développé des forfaits qui combinent visites guidées des champs et dégustation de mets cuisinés sur place.
En Outaouais, le Potager Eardly ouvre aussi sa ferme au public pour l’autocueillette de courges et de citrouilles, mais il anime également les lieux grâce à des ateliers de décoration de citrouilles. Les gourmands peuvent savourer des gelato, sorbets et yogourts glacés maison conçus à base des fruits cultivés à la ferme.
Source : Centre d’interprétation de la courge
Récolter le raisin… et faire du vin
Le Vignoble La Bauge, dans les Cantons-de-l’Est, invite les gens non seulement à visiter les lieux et à déguster les vins, mais aussi à mettre la main à la pâte le temps d’une journée. L’activité consiste à participer aux vendanges, à prendre part à chacune des étapes de la préparation du vin, le tout dans une ambiance festive. Le forfait « Vigneron d’un jour » remporte beaucoup de succès.
Couper son sapin
Plusieurs cultivateurs de sapins proposent aux consommateurs de venir le choisir sur place, encore bien enraciné dans le sol. La Plantation René Matte crée un événement autour de la cueillette et anime les lieux avec une équipe de lutins qui donne un coup de main dans la coupe des arbres choisis. M. Matte a bien cerné le concept de l’expérience avec une mise en scène pour amuser toute la famille. Voici la vidéo de présentation :
Source : YouTube
Aller aux pommes en hiver
Le Domaine Lafrance, dans les Basses-Laurentides, invite à récolter des pommes gelées pour la production du cidre de glace. Cet événement se déroule habituellement durant deux week-ends du mois de janvier dans une ambiance de fête avec visite guidée de la cidrerie, tire de pomme sur glace, feu de joie, repas chaud et dégustation de cidres.
Trouver l’information à jour, en ligne
Les producteurs agricoles qui ont franchi la frontière de l’agrotourisme doivent adopter une approche orientée vers le service à la clientèle. Certains transmettent de façon claire l’information pertinente sur leur site Web afin de bien renseigner les clients sur les produits disponibles en autocueillette. C’est le cas de la ferme Chez Mario qui affiche les quantités disponibles à la cueillette lorsque c’est la saison.
Source : Chez Mario
De bonnes pratiques
Pour outiller les agriculteurs, le regroupement Terroir et Saveurs, en collaboration avec le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec, lançait récemment un rapport comprenant un volet sur les bonnes pratiques d’affaires en agrotourisme. Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation offre de nombreuses pistes de réflexion dans son document étoffé intitulé le Pense-Bête de l’agrotourisme.
L’Université du Vermont publie aussi un guide bien conçu pour informer les agriculteurs des avantages et inconvénients d’ouvrir sa ferme à l’autocueillette et des éléments à considérer pour le faire avec succès.
Voilà autant d’inspirations et d’outils pour enrichir l’offre agrotouristique et ainsi favoriser la fréquentation et le dynamisme des régions rurales québécoises.
Image à la une : StockSnap
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Source(s)
- Chaire de tourisme Transat ESG UQAM. « Étude des clientèles, des retombées économiques et sociales des activités physiques de plein air au Québec », octobre 2017.
- Équiterre. « Le plaisir de cueillir soi-même ses fruits et ses légumes ! », equiterre.org, consulté le 5 juin 2018.
- Ferraris, Florence Sara G. « Le verger qui ne dort jamais », Le Devoir, 20 janvier 2017.
- Krol, Ariane. « Vent de changement dans l’autocueillette », La Presse, 2 août 2015.
- Lemay Stratégies. « Retombées économiques et importance touristique de l’agrotourisme et du tourisme gourmand », Groupe de concertation sur l’agrotourisme et le tourisme gourmand au Québec, septembre 2016.
- Radio-Canada. « L’autocueillette de petits fruits connaît un regain de popularité », ici.radio-canada.ca, 28 juillet 2016.
- Raymond Chabot Grant Thornton. « Enquête clientèle : Agrotourisme et tourisme gourmand au Québec », Association de l’agrotourisme et du tourisme gourmand du Québec, 2018.
- Terroir & Saveurs du Québec. « L’agrotourisme et le tourisme gourmand, désormais au cœur des pratiques touristiques des Québécois ! », Tourismexpress, 2 mai 2018.
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