Comment rendre une destination plus agréable aux piétons
Quoi de mieux qu’explorer une destination à pied pour s’imprégner de son atmosphère, humer ses parfums, vibrer au son de sa musique, s’immerger dans sa culture et aller à la rencontre de ses habitants, le tout en gardant la forme ?
Les visites à pied connaissent un regain de popularité, attirant de plus en plus de voyageurs qui souhaitent ralentir le rythme pour mieux apprécier l’expérience touristique et prendre le temps de découvrir une destination pas à pas. Créer des milieux de vie attrayants en augmentant la marchabilité des destinations, entre autres, grâce à la piétonnisation et à la ludification des espaces publics peut ainsi s’avérer une solution gagnante.
Développer sa marchabilité…
De plus en plus de villes souhaitent rendre leur environnement plus durable en encourageant la marche comme moyen de transport actif et de mobilité durable, tant pour leurs résidents que pour les touristes. Elles développent donc leur « marchabilité ». Ce concept constitue une traduction libre du terme anglais walkability et définit le potentiel piétonnier d’un environnement urbain donné, soit sa capacité à faciliter les déplacements utilitaires à pied. Ces derniers doivent être sécuritaires tout en permettant aux piétons d’atteindre des destinations variées dans un délai raisonnable et en offrant un intérêt visuel, selon les propos de l’urbaniste Michael Southworth, rapportés par l’Institut national de santé publique. Selon Cervero et Kockelman, deux auteurs spécialisés dans le développement urbain, il existe des facteurs environnementaux reliés et interdépendants qui rendent un territoire propice à la marche, soit la densité, la diversité, le design, l’accessibilité de la destination et la distance du transport collectif.
La marchabilité définit le potentiel piétonnier d’un environnement urbain donné
L’outil Walk Score classe les villes américaines, canadiennes et australiennes en fonction de leur marchabilité. Il leur attribue une note (en %) en fonction de la proximité des principaux services tels que les épiceries, les pharmacies, les banques, les restaurants, les parcs et les loisirs. Les installations situées à cinq minutes de marche reçoivent le maximum de points et celles sises à plus de 30 minutes n’en reçoivent aucun. Plus la note totale est élevée, plus la destination s’avère favorable aux déplacements à pied. Celles dont le score est supérieur à 90 sont considérées comme le « paradis des marcheurs », car tous les « déplacements » quotidiens sont accessibles à pied. Les villes dont la note se situe entre 70 et 89 sont « très marchables », ce qui signifie que la plupart des courses quotidiennes peuvent être accomplies à pied. À l’opposé, les gens vivant dans des endroits avec des scores de marchabilité inférieurs à 50 sont « dépendants de leur voiture ». En 2017, New York figurait en tête du classement des villes américaines avec un score de 89,2 suivie de San Francisco (86) et Boston (80,9). En juillet 2018, Montréal obtient une note de 70 et Québec, de 49.
… grâce à des programmes de piétonnisation
En 2006, Montréal adoptait la Charte du piéton, reconnaissant ainsi leur primauté dans la ville. Presque dix ans plus tard, soit en 2015, la Ville se dotait d’un Programme d’implantation de rues piétonnes et partagées pour venir en aide aux arrondissements dans la mise en œuvre d’initiatives variées de repartage de la rue, de réaménagement, d’embellissement, de verdissement et d’animation du domaine public. Déjà, 45 rues font l’objet d’une piétonnisation temporaire, saisonnière ou permanente. L’ensemble de ces initiatives couvre près de 7 km du réseau de rues.
Place de Castelnau, source : Novae
New York a commencé son programme de transformation urbaine en 2007 ; son projet phare étant la piétonnisation partielle de Times Square. À l’été 2009, le ministère des Transports de la Ville a fermé Broadway aux véhicules et a créé des espaces temporaires réservés aux piétons. Fort de ce succès, les autorités ont décidé de les rendre permanents. L’année suivante, ils ont mandaté une firme d’architectes pour concevoir une nouvelle place permanente, dont la première section a été dévoilée en 2014 et complétée deux ans plus tard. D’autres espaces publics sont disséminés à travers la ville. Par exemple, sur la 23e rue, près de l’édifice Flatiron, la Ville a transformé la moitié des rues en vastes places piétonnes avec des tables, des parasols, des chaises et des cafés.
23e rue, New York, Source : Fun Fun New York
En février 2017, Paris annonçait qu’elle allait se doter d’une stratégie globale pour les piétons et signer la Charte internationale de la marche. Ce Paris piéton prévoit, entre autres, de favoriser la diversité d’usages de la rue et d’élever les standards de confort des espaces publics. Divers aménagements déjà existants, tels les zones de rencontre, se multiplieront. Certains seront accessibles toute l’année, d’autres uniquement les dimanches et les jours fériés, comme les célèbres Champs-Élysées ! Cette avenue est désormais interdite aux véhicules tous les premiers dimanches de chaque mois. L’occasion idéale de la découvrir sous un jour nouveau.
… grâce à la ludification
Selon Sonia Lavadinho, docteur en géographie, et Yves Winkin, anthropologue et professeur à l’Université de Liège, la ludification permet d’augmenter le temps de marche des piétons en ville. Pour redonner du plaisir au marcheur et rythmer son parcours, le mobilier urbain, les interventions artistiques, les festivals, les actions éphémères comme Bruxelles-les-Bains ou les Park (ing) Day, l’art urbain sous toutes ses formes ou encore les zones de rencontre sont des avenues à envisager. Ces dernières se caractérisent par un espace partagé à la fois par des piétons, par des cyclistes et par des automobilistes ; la priorité étant toutefois accordée aux cyclistes et aux piétons. Ces derniers ne sont pas confinés aux trottoirs, mais ils peuvent aussi marcher sur la rue. Ces actions de ludification deviennent en soi un attrait touristique.
Source : Youtube
Même s’ils sont d’abord pensés pour les résidents, ces exemples d’aménagements ludiques et piétonniers s’avèrent bénéfiques aux touristes. Il ne vous reste qu’un pas à franchir pour rendre votre destination sûre et agréable pour les touristes piétons !
Source de l’image à la une : © Tourisme Montréal – Madore, Daphné Caron
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Source(s)
- « Les quartiers piétons de Paris », parisinfo.com, page consultée le 24 juillet 2018.
- « Marchabilité et potentiel piétonnier », collectivitesviables.org, page consultée le 15 juillet 2018.
- « Paris aux piétons : vers une stratégie globale », paris.fr, 1er février 2017.
- Brown, T.M. « The Most Walkable Cities in America », thrillist.com, 17 mai 2017.
- Hall, Michael et Yael Ram. “Measuring the relationship between tourism and walkability? Walk Score and English tourist attractions”, Journal of Sustainable Tourism, janvier 2018.
- Laker, Laura. « Where is the world’s most walkable city? », theguardian.com, 12 septembre 2017.
- Maciag, Mike. « The Most Walkable Cities and How Some Are Making Strides », governing.com, 13 décembre 2013.
- Masboungi, Ariella. « Ville consolidée, walkable city, editionsparentheses.com, document consulté le 16 juillet 2018.
- Robitaille, Éric. ‘Potentiel piétonnier et utilisation des modes de transport actif pour aller au travail au Québec, État des lieux et perspectives d’interventions’, inspq.qc.ca, octobre 2014.
- Ujang, Norsidah et Muslim Zulkifli. “Walkability and Attachment to Tourism Places in the City of Kuala Lumpur, Malaysia”, Athens Journal of Tourism, X, No. Y
- Ville de Montréal. “Programme d’implantation de rues piétonnes et partagées – Cadre de référence”, ville.montreal.qc.ca, 2017.
- Warerkar, Tanay. “Times Square’s transformation into a pedestrian-friendly space captured in photos”, ny.curbed.com, 19 avril 2017.
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