Regard sur les tendances du tourisme nordique
Les destinations nordiques développent une image de marque forte, tout en déployant des initiatives pour encadrer les visiteurs. Le tourisme autochtone constitue un atout majeur pour ces territoires.
Le Réseau de veille en tourisme (RVT) produit depuis plusieurs années le bulletin de veille sur le tourisme nordique pour le ministère du Tourisme du Québec. Cet exercice permet d’informer les intervenants des produits et stratégies en lien avec la Stratégie touristique québécoise au nord du 49e parallèle. Le RVT a passé en revue les bulletins des deux dernières années pour en faire ressortir trois tendances observées au Canada et dans ses marchés concurrents.
Le déploiement d’une image forte et authentique
Les destinations nordiques n’hésitent plus ! Elles s’affirment et créent des images de marque fortes pour séduire les touristes. Fières de leur caractère unique, elles tentent de dissiper les préjugés à leur égard et de faire comprendre leur mode de vie. Elles prônent un contact avec la nature, la neige et les habitants pour vivre des expériences authentiques.
Conséquemment, des pays tels que la Finlande, la Norvège, l’Islande ou le Groenland proposent des sites Web et des campagnes marketing innovantes et surprenantes. En voici quelques-unes qui ont attiré l’attention du RVT :
- Finlande : The Symphony of the Extremes
- Islande : A to Ö of Iceland
- Suède : The 72 Hour Cabin
- Norvège : Norway has no nightlife
- Groenland : Big Artic Five
- Terre-Neuve : Sounds from the Edge
Plusieurs de ces initiatives sont récompensées pour leur qualité et l’impact sur leur milieu. C’est le cas de la campagne The symphony of the Extremes, qui fut sélectionnée dans la catégorie « Best National Tourism Board Campaign/DMO Campaign » lors du dernier International Travel & Tourism Award. Elle se démarque par l’originalité de la démarche, qui voulait refléter les contrastes de l’ADN de la nation finlandaise. En voici la vidéo :
Source : YouTube
La gestion de la croissance des visiteurs
Les pays nordiques font face à une augmentation considérable du nombre de touristes depuis quelques années. Bien que les environnements naturels soient l’une des principales raisons de visite, ils s’avèrent très vulnérables à une fréquentation importante. Le tourisme suscite des préoccupations quant aux mesures à prendre pour gérer l’achalandage, tout en préservant la nature sauvage et la qualité de vie des habitants. Sans négliger le développement des infrastructures pour accueillir les visiteurs, la protection de l’environnement constitue un enjeu de taille pour ces pays. Plusieurs d’entre eux mettent en place des projets, tant législatifs que de marketing, afin de sensibiliser, d’influencer et de gérer les flux touristiques dans le temps et l’espace. Il est à présager que ces initiatives ne feront que s’accroître dans les prochaines années.
(Lire aussi : Planifier et gérer une augmentation significative de visiteurs)
Miser sur la saison hivernale
Alors que le tourisme, dans de nombreuses régions nordiques, demeure très populaire à la saison estivale, les destinations polaires mettent en place des initiatives pour attirer plus de visiteurs pendant l’hiver. Dans le cas de la Finlande, la campagne de marketing d’influence 100 Days of Polard Night Magic, a engendré plusieurs impacts positifs pour la promotion du pays comme destination hivernale.
VisitGreenland développe désormais son offre et fait une promotion pour la saison hivernale. L’organisation affirme qu’une visite à ce temps de l’année permet de vivre une expérience nordique plus authentique. De nouvelles activités sont proposées aux touristes qui désirent découvrir le pays comme le ferait un résident pendant le long et sombre hiver polaire.
Responsabiliser les touristes
Certaines destinations travaillent en amont et concentrent leurs efforts sur la sensibilisation des voyageurs à la protection de l’environnement. L’organisme Inspired by Iceland propose aux touristes de prêter serment pour respecter la nature du pays et voyager de façon responsable. Après avoir signé leur engagement, les participants obtiennent un certificat et sont invités à utiliser le mot-clic #IcelandicPledge. La vidéo suivante présente le projet.
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Mesures législatives
Dans quelques cas, les gouvernements n’ont pas eu d’autre choix que d’intervenir pour encadrer les visiteurs et minimiser leurs empreintes. Les élus norvégiens ont adopté une résolution visant à éliminer les émissions de CO2 des navires et des traversiers dans les fjords d’ici l’année 2026. La croissance du nombre de bateaux de croisière dans les fjords Geirangerfjord et Nærøyfjord cause plusieurs problèmes, notamment l’augmentation de la pollution atmosphérique et divers troubles sanitaires pour les communautés locales. Cette région deviendra ainsi l’une des premières zones maritimes sans émission de CO2 au monde.
Au Canada, le ministère du Développement économique et des Transports du Nunavut a publié le nouveau Règlement sur le tourisme maritime. Ce dernier fournit des outils au gouvernement territorial pour mieux encadrer les exploitants et s’assurer que le tourisme apporte une contribution positive aux populations locales.
Le tourisme autochtone : entre collaboration et partenariats
Avec des initiatives innovantes, fortement ancrées sur le territoire et dans les communautés, le tourisme autochtone constitue un puissant moyen de distinction pour l’offre canadienne. En milieu nordique, le secteur connaît une croissance importante et de nombreux projets sont développés, que ce soit par les communautés autochtones elles-mêmes ou en partenariat avec des non-Autochtones.
Les gouvernements de ces territoires réalisent plus que jamais la portée des activités et des produits proposés par les Premières Nations, puisqu’ils aident grandement à la diversification de l’offre touristique. Par exemple, les autorités des Territoires du Nord-Ouest ont décidé d’investir annuellement plus de 257 000 dollars pour développer le produit touristique et renforcer la commercialisation des cultures et des expériences autochtones.
La force des partenariats
Les échanges et la collaboration entre les peuples autochtones et non autochtones s’avèrent essentiels à la réussite des projets, dans le respect des cultures, des traditions, des communautés et des territoires. Plusieurs partenariats offrent aux communautés de prendre en charge le développement touristique et de créer de l’emploi. Par exemple, Parcs Canada participe à un programme de formation à la conduite d’embarcations et à l’accueil des visiteurs, destiné aux jeunes Inuits.
D’autres partenariats permettent aux destinations de se démarquer et de démontrer leur force de caractère face à l’imprévu. En 2017, le RMS Queen Mary 2 accoste à la ville de Sept-Îles, après avoir donné seulement deux semaines de préavis. Toute la communauté s’est mobilisée pour offrir un accueil exceptionnel aux membres de l’équipage et aux passagers. Porteuse du projet, Destination Sept-Îles Nakauinanu a su établir une synergie et une collaboration uniques avec ses partenaires (la municipalité, le Port de Sept-Îles et Innu Takuaikan Uashat mak Mani-Utenam) pour rehausser le calibre touristique de la région. Le travail de tous fut récompensé par le prix Initiative de partenariat, lors du dernier Gala des Prix excellence tourisme, à l’occasion du sommet touristique organisé par l’Alliance de l’industrie touristique du Québec.
Ces tendances témoignent du dynamisme du tourisme nordique, ici et ailleurs dans le monde. Pour demeurer à l’affût de la veille effectuée sur ce thème, le RVT vous encourage à vous abonner aux bulletins du ministère du Tourisme.
Source de l’image à la une : Unsplash
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Source(s)
– Association des croisières du Saint-Laurent. « Destination Sept-Îles Nakauinanu rayonne aux Prix excellence tourisme », communiqué de presse, 7 novembre 2018.
– Brown, Beth. « Nunavut’s new marine tourism rules stress common sense », Nunatsiaq News, 7 juin 2018.
– Fiser, Adam. « Canada's indigenous tourism sector: Economic impacts and insights », The Conference Board of Canada, octobre 2018, 12 p.
– Oian, Hogue, et collab. « Tourism, nature and sustainability: a reviez of policy instruments in the nordics countries», Nordic Council of Ministers, 2018, 102 p.
– Quinn, Eilis. « Indigenous tourism biz gets new investments in Canada’s Northwest », Eye on the Artic, 1er octobre 2018.
– UNESCO. « Le Parlement norvégien adopte une réglementation “zéro émission” dans les fjords du patrimoine mondial », 17 mai 2018.
Merci Julie pour cet excellent papier.
Tout comme les animaux qui migrent massivement vers le Nord dans notre hémisphère à cause du réchauffement climatique, ce n’est qu’une question de temps que la pression du tourisme de masse se fasse sentir. Il faut donc dans notre développement nordique dès maintenant songer à s’en prémunir.