Développer une culture du plein air : tout le monde y gagne!
Offrir des journées de plein air à ses employés ou encore accorder un montant annuel pour la pratique d’activités physiques en nature : certaines organisations adoptent une culture du plein air pour favoriser le bien-être de leur personnel et promouvoir un mode de vie actif.
Un sombre bilan
Selon une étude de l’Institut de la statistique du Québec publiée en 2016, seulement la moitié des Québécois atteint le niveau de base d’activités physiques recommandées, c’est-à-dire au moins 150 minutes d’activités modérées par semaine; 30 % de la population est qualifiée de sédentaire. Ce phénomène contribue à de nombreux problèmes de santé, notamment l’obésité. Au Québec, 70 % des hommes et 45 % des femmes de plus de 45 ans sont en surpoids; près d’un Québécois sur cinq est obèse. À plus grande échelle, le Canada figure parmi les pires pays de l’OCDE en matière d’obésité chez les adultes.
Le plein air fait partie de la solution
Il y a urgence d’agir à l’égard de la sédentarité et du « déficit nature », ce phénomène se traduisant par un contact de plus en plus rare des jeunes avec la nature. Heureusement, des initiatives pour inverser la vapeur voient le jour. On observe depuis quelques années la multiplication des écoles en forêt et des activités de plein air en milieu urbain, ou encore des médecins qui sont de plus en plus nombreux à recommander à leurs patients de faire des promenades en nature pour améliorer leur état de santé. Les pays scandinaves, qui dominent année après année les palmarès des pays les plus heureux, nous rappellent aussi que leur relation avec la nature constitue l’un des ingrédients de leur recette du bonheur. Par ailleurs, de nombreuses études démontrent les bienfaits des activités physiques en nature sur la santé physique et mentale.
Les milieux de travail doivent servir de courroie de transmission pour l’adoption de meilleures habitudes de vie.
Aux États-Unis, l’Outdoor Industry Association (OIA) vient de publier un document visant à sensibiliser les entreprises de plein air à participer activement à ce virage vers un mode de vie plus sain. On peut notamment y lire que les Américains passent 95 % de leur temps à l’intérieur. L’OIA estime que les milieux de travail doivent servir de courroie de transmission pour l’adoption de meilleures habitudes de vie. En intégrant la pratique d’activités en nature dans la culture organisationnelle, l’entreprise favorise la mise sur pied d’un milieu de travail sain, d’une main-d’œuvre en santé, heureuse et engagée. De plus, elle participe à faire croître l’industrie du plein air et contribue à un secteur économique qui profite à tous.
Des pistes d’actions à considérer
L’OIA propose une série de mesures pouvant être intégrées au sein des entreprises qui souhaitent adopter une culture du plein air. En voici quelques-unes :
· Offrir des pauses à l’extérieur durant les heures de travail;
· Faciliter l’usage des transports actifs;
· Créer un comité pour planifier des événements en plein air (randonnées, courses, vélo, etc.) en dehors des heures de travail, mais aussi comme activités de renforcement d’équipe, à quelques occasions dans l’année;
· Offrir des horaires flexibles;
· Allouer un montant d’argent à la pratique d’activités de plein air;
· Établir des partenariats avec des organisations (sites de plein air, équipements, etc.) afin d’obtenir des réductions pour les employés.
Concrètement…
Déjà, plusieurs entreprises de l’industrie du plein air incitent leurs employés à s’activer physiquement. La nature même de ces organisations s’y prête bien. Mais rien n’empêche que d’autres secteurs d’activité fassent de même, au contraire.
REI Co-op
La coopérative d’équipement de plein air REI propose, entre autres, les Yay Days. Il s’agit de deux journées payées qui sont attribuées à chaque membre du personnel dans le but de s’initier à une nouvelle activité extérieure ou de réaliser un projet de plein air (voir la vidéo ci-dessous).
Vidéo : YouTube
Burton
L’entreprise Burton a mis au point plusieurs mesures visant à intégrer la pratique du plein air dans la culture organisationnelle. Elle remet notamment aux employés des laissez-passer pour des stations de ski ainsi que de l’équipement de glisse et propose des horaires flexibles pour en profiter. Mais l’initiative la plus marquante consiste en la formation du comité EPIC (Environmental Protection, Integrity and Conservation). Celui-ci est composé d’employés qui mettent en œuvre des activités d’aventure, des projets de permaculture sur les terrains de l’entreprise, de nettoyage de berges, de courtes excursions à vélo, etc. Le comité EPIC se joint à d’autres regroupements de l’entreprise pour organiser des sorties, comme des week-ends de camping ou encore des excursions de rafting.
Patagonia et Nikwax
L’organisation Patagonia promeut un mode de vie sain auprès, bien sûr, de sa clientèle, mais aussi de ses employés. Ceux du siège social peuvent notamment adhérer à un horaire permettant de concentrer leurs heures de travail de manière à obtenir un week-end de trois jours aux deux semaines. Dans le même but, l’entreprise de produits d’imperméabilisants Nikwax remet à chaque employé une allocation annuelle réservée à la pratique d’activités de plein air.
Parc national du Mont-Orford
Au Québec, les employés du parc national du Mont-Orford reçoivent une carte annuelle donnant accès à tous les parcs nationaux du Québec. Bientôt, ces mêmes employés bénéficieront aussi d’un carnet de découvertes regroupant des rabais sur les services et les hébergements dans les parcs nationaux des Cantons-de-l’Est. Non seulement ces mesures favorisent l’activité physique, mais elles profitent également à l’économie de la région.
De nombreuses raisons de promouvoir le plein air
Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, de telles mesures attirent les candidats, contribuent à l’image de marque de l’entreprise, favorisent l’engagement et la fidélisation des employés. De plus, le gouvernement vient de lancer un programme de soutien aux entreprises pour favoriser la pratique d’activités physiques en milieu de travail. Ce programme concerne tout particulièrement les organisations de 5 à 499 employés et comprend une aide financière aux projets sélectionnés pouvant s’élever jusqu’à 40 000 $.
Le Québec est riche en ressources et en services pour la pratique d’activités d’aventure. Nous avons collectivement tout à gagner à développer une culture du plein air. L’industrie du tourisme d’aventure en bénéficierait, mais surtout la santé de la population. Des résidents en santé et fiers de leurs attraits naturels contribuent fortement au rayonnement d’une destination.
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Source(s)
- Centre ÉPIC — Institut de cardiologie de Montréal. « Le bilan de santé des Québécois : nuages noirs à l’horizon », 13 octobre 2016.
- Ding, Ding, Kenny D. Lawson, Tracy L. Kolbe-Alexander, Eric A. Finkelstein, Peter Katzmarzyk, Willem Van Mechelen et Michael Pratt. « The economic burden of physical inactivity: A global analysis of major non-communicable diseases », The Lancet, publié en ligne le 27 juillet 2016.
- Gouvernement du Québec. « Soutien aux entreprises pour favoriser la pratique d’activités physiques en milieu de travail », communiqué de presse, 18 juin 2019.
- Griffith, Sara , Jessica Gustafson et Ian Stafford. « Outdoor Brands Promoting an Outdoor Culture », Outdoor Industry Association, juin 2019.
- Jacques, Dany. « Pénurie de main-d’œuvre : la carte du plein air de la Sépaq pour recruter des employés », Le Reflet du Lac, 2 juin 2019.
- Statistique Canada. « Quel est l’état de santé des Canadiens? », consulté le 15 juillet 2019.
- Thomsen, Jennifer Marie , Robert B. Powell et Christopher Monz. « A Systematic Review of the Physical and Mental Health Benefits of Wildland Recreation », Journal of Park & Recreation Administration, vol. 36, no 1, hiver 2018.
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