Attirer les télétravailleurs
Un peu partout à travers le monde, les campagnes de séduction pour attirer les télétravailleurs abondent. Le leitmotiv : « si vous pouvez travailler de n’importe où, pourquoi ne pas le faire à partir d’ici ? ».
Les campagnes de marketing territorial fusaient bien avant la pandémie, mais comme d’autres tendances, elles ont proliféré avec la crise sanitaire. Promotion de paysages à couper le souffle, valorisation d’un milieu de vie attractif, mesures incitatives pécuniaires, adoption de législations favorables : une panoplie de stratégies sont mises de l’avant pour encourager les télétravailleurs à faire le grand saut.
Les ambitions des destinations divergent. Certaines lorgnent des résidents de régions contiguës, de provinces ou de territoires plus éloignés, ou même de pays étrangers. Voici quelques exemples observés.
Les provinces maritimes à la conquête des Canadiens
La Nouvelle-Écosse cible les télétravailleurs canadiens. Elle les incite à venir s’installer sur son territoire à travers une campagne de marketing qui fait valoir ses plus grands atouts. Le site Web Workfromnovascotia.com se dédie à cette initiative et en met plein la vue aux intéressés.
Son voisin, le Nouveau-Brunswick, abonde dans le même sens avec son initiative
« Vivez dans le moment/Live for the moment ». Les agences de développement économique des villes de Saint John, Moncton, Fredericton et la province ont lancé une campagne de marketing conjointe. Cette dernière vise à tirer parti de la vague de Canadiens travaillant à domicile en raison de la pandémie pour contribuer à l’accroissement de la population néo-brunswickoise. Cette tactique cible plus particulièrement les résidents des grands centres urbains tels que Montréal, Toronto, Calgary et Vancouver, qui souhaitent changer de milieu de vie.
Des programmes appuyés monétairement
Aux États-Unis, plusieurs villes et États ont mis en place des programmes incitatifs visant la migration interrégionale. Au lieu de verser des sommes pour que des entreprises s’installent sur leur territoire, les autorités offrent cet argent directement aux personnes qui y déménagent.
Le Vermont a instauré une telle initiative en 2019, bien avant la pandémie. Le Remote Worker Grant Program propose 10 000 $ US aux intéressés qui souhaitent s’établir dans la région pour une période minimum de deux ans. Plusieurs autres critères devaient être respectés pour être sélectionné.
Dans la ville de Tulsa en Oklahoma, le programme Tulsa Remote a aussi pris naissance avant la pandémie, en 2018. Les responsables ont reçu près de 20 000 demandes depuis le lancement. De celles-ci, 400 ont été acceptées et seulement trois personnes ont ensuite quitté l’aventure. Depuis le début de la crise sanitaire, les instigateurs notent une hausse de l’engouement des candidats.
Des visas temporaires pour les travailleurs nomades
Les contraintes légales et fiscales associées à l’exécution d’un travail fait à distance depuis l’étranger freinent de nombreux professionnels. Or, certains pays s’adaptent à la tendance et délivrent des visas pour accommoder ce type de travailleurs, mais aussi pour tirer profit des retombées de leur passage. Les conditions pour accéder à ces visas varient selon la destination.
Quelques États européens offrent le « Digital Nomad Visa » ou le « Remote Work Visa », notamment l’Allemagne, l’Estonie, la Croatie, mais aussi d’autres pays comme la Barbade, Dubaï et le Costa Rica. Ces visas favorisent les longs séjours allant parfois jusqu’à deux ans.
Sur l’île de Madère, au Portugal, l’idée d’accueillir des télétravailleurs ou « nomades numériques » est développée à un autre niveau à travers le projet « Digital Nomads Madeira ». Portée par les autorités régionales de Madère et Startup Madeira, l’initiative vise à attirer des professionnels au Nomad Village de Ponta do Sol, pour une période d’un à six mois. L’objectif consiste à stimuler positivement l’économie locale grandement touchée par la baisse radicale du nombre de touristes depuis le début de la pandémie.
Est-ce que le télétravail s’imposera à long terme ? L’avenir nous le dira. Mais chose certaine, plusieurs organisations évaluent la question. D’ici là, de nombreuses destinations observent et documentent cette tendance qui semble prometteuse pour les mois et années à venir. À suivre…
Source image à la une : Photo de Yan Krukov de Pexels
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Source(s)
- Choudhury, Prithwiraj. « Out Work-from-Anywhere Future », Harvard Business Review, novembre-décembre 2020.
- Cook, Dave. « Remote-work visas will shape the future of work, travel and citizenship », The Conversation, 3 septembre 2020.
- Cox, Aidan. « Campaign pitches people on ditching big cities, moving to N.B. », cbc.ca, 13 mars 2021.
- Elassar, Alaa. « Do you work remotely? This programm could pay you $10,000 to do so from Tulsa », Cnn.com, novembre 2020.
- Holder, Sarah. « Paying Remote Workers to Relocate Gets a Pandemic-Era Boost », Bloomberg.com, 23 juin 2020.
- Menze, Jill. « Digital nomads are helping fuel recovery in the Middle East », Phocuswire.com, 25 février 2021.
- Morrison, Geoffrey. « Croatia Opens Its Doors To Digital Nomads », Forbes.com, 22 février 2021.
- Schmouker, Olivier. « Pourquoi ne télétravailleriez-vous pas… au soleil ? », Lesaffaires.com, 24 novembre 2020.
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