Retour

Retour
Analyse - 19 octobre 2021

Filtres

Filtres

Type de contenu

Tous les types

Thématique

Toutes les thématiq...

Analyste

Tous les analystes

Chronologie

octobre 2021

Recherche

L
Imprimer Tourisme durable,

Le serment, et puis quoi après ?

Afin d’optimiser l’adoption d’un tourisme plus durable, le serment doit être jumelé à d’autres moyens de communication et de sensibilisation.

En Islande, avant la pandémie, les voyageurs étaient six fois plus nombreux que les habitants, ce qui exerçait une pression sur les milieux naturels. Dans le but de protéger ses glaciers, ses fjords et ses volcans, ce pays a été le premier à créer un serment adressé aux visiteurs. Depuis sa parution en 2017, on peut y lire :

« Lorsque j’explore de nouveaux endroits, je les laisse tels qu’ils sont.
Je suivrai la route vers l’inconnu, mais je ne m’aventurerai jamais hors des sentiers.
Je resterai sur mon emplacement de camping attribué, lors d’une nuit à la belle étoile. » – serment islandais

icelandic_pledge

Source : Visit Iceland

Qu’en est-il des serments aujourd’hui ? Avec la sortie du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) témoignant du dérèglement accéléré du climat, le message est clair : les citoyens et les entreprises doivent agir maintenant pour tâcher de minimiser leur impact sur les écosystèmes. Dans l’industrie touristique, la responsabilité sociale et environnementale est au cœur des discussions. Les serments s’inscrivent parmi les solutions pour sensibiliser les touristes à être plus responsables. Quels sont leur rôle et leurs avantages ? Y a-t-il d’autres moyens pouvant être utilisés pour encourager l’exécution de gestes pro-environnementaux ?

Qu’entend-on par serment et quel est son rôle ?

Il s’agit d’une liste d’actions à respecter, généralement rédigée à la première personne du singulier, qui vise à susciter un engagement volontaire chez son lecteur. Son rôle est de sensibiliser les touristes et les entreprises à la préservation de l’environnement et au respect des communautés locales. Cependant, il n’existe souvent aucun recours légal s’il n’est pas respecté.

En Nouvelle-Zélande, la promesse Tiaki, qui signifie « protéger et prendre soin de » en langue maorie, a été partagée sous forme de capsules vidéo dans lesquelles les enfants kiwis garantissent aux enfants des voyageurs qu’ils leur feront découvrir leur pays lorsqu’ils seront grands. En échange, ils suggèrent à leurs parents de voyager de façon responsable et leur proposent certains comportements à adopter afin de ne pas mettre en péril leur territoire et ses habitants. Cette stratégie de communication est un clin d’œil à la définition même du développement durable tirée du rapport de Brundtland, publié en 1987 :

« Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. »

Source : 100% Pure New Zealand

Les îles Palaos, en Océanie, est le premier pays au monde à exiger aux visiteurs la signature d’un serment s’ils désirent obtenir leur visa de touriste. Pour ce faire, ils s’engagent auprès des enfants locaux en leur promettant de respecter leurs terres.

« Enfants de Palaos, je m’engage en tant qu’invité à préserver et à protéger votre île magnifique et unique. » – peut-on lire dès les premières lignes.

Les entreprises de l’archipel sont aussi invitées à le signer pour témoigner de leur responsabilité à s’engager vers un tourisme durable.

iles_palau_serment

Source : Palau Pledge

Quels sont les avantages du serment ?

Le serment permet d’augmenter la notoriété de ses prestataires et d’encourager les acteurs de l’industrie à se mobiliser vers un tourisme plus durable.

Promouvoir la destination

Bien qu’il s’agisse avant tout d’un outil de sensibilisation, le serment permet à la destination ou à une entreprise de faire connaitre ses actions en matière de tourisme durable et, ainsi, de se positionner comme une référence dans le domaine. L’Islande et la Nouvelle-Zélande, deux pionnières de cette approche, sont aujourd’hui reconnues à l’international pour cette initiative.

Selon une enquête en ligne de la Chaire de tourisme Transat menée à l’automne 2020 auprès de 1174 voyageurs québécois âgés de 18 à 74 ans, le tiers affirme porter plus d’attention aux pratiques durables des prestataires touristiques depuis la COVID-19. Pour une destination ou une entreprise, il est donc tout à son avantage de partager son serment. Plus il sera déployé sur plusieurs plateformes et à l’aide de différents médias, plus le pays ou l’organisation aura de la visibilité. Dans le cas de la Nouvelle-Zélande, la promesse était entre autres diffusée à bord des avions, sur les réseaux sociaux et dans les centres d’information touristique.

Influencer les entreprises à adopter des pratiques responsables

Plutôt que d’attendre la création d’un serment national, l’agence TTB Travel au Vietnam en a conçu un que ses clients et ses partenaires doivent signer. Plus qu’un document de sensibilisation, c’est un contrat légal à travers lequel les signataires s’engagent à respecter les dix clauses inscrites. Cet acte permet de responsabiliser les diverses parties prenantes. Selon Van Thai Nguyen, un des dirigeants de l’agence, c’est un bon moyen pour susciter de réelles actions de la part des entreprises et d’encourager l’industrie à faire de même. Bien qu’il s’agisse d’un document légal, les directeurs de TTB Travel ne comptent pas avoir recours à des procédures juridiques si les clauses ne sont pas honorées. L’intention d’engagement est surtout symbolique.

Aux îles Palaos, un accompagnement est réalisé avec les gestionnaires ayant signé le serment. De cette manière, ils deviendront les principaux moteurs du tourisme durable de l’archipel et agiront à titre d’ambassadeurs. Plus d’un demi-million d’individus à travers le monde ont apposé leur signature en ligne, en gage de soutien. Cela témoigne de la visibilité d’une telle pratique pour une destination. Les visiteurs désirant entrer sur le territoire doivent tout de même signer le serment en personne lors de leur arrivée pour obtenir leur visa.

Des outils complémentaires aux serments

Bien que les serments participent au rayonnement des destinations et tentent d’influencer l’industrie à adopter des pratiques plus responsables, divers acteurs et organisations touristiques remettent en question leur efficacité à susciter un changement de comportement significatif. C’est pourquoi ils se doivent d’être utilisés au sein d’une stratégie plus large et non comme une action isolée.

Une taxe écologique

Pour entrer en Nouvelle-Zélande, depuis le 1er octobre 2019, les voyageurs doivent payer une taxe écologique d’environ 30 dollars canadiens. Cette mesure partage les mêmes objectifs que la Promesse Tiaki élaborée un an auparavant, soit la préservation de l’environnement dans une perspective pérenne des activités touristiques. Face à une augmentation annuelle de 8 % de visiteurs avant la pandémie, l’argent récolté vise à financer les infrastructures nécessaires pour répondre à cette demande croissante, en plus de permettre la réalisation de projets de conservation. Cette taxe et la Promesse Tiaki font partie d’une même stratégie de tourisme durable pour la destination.

Une stratégie de communication 

Le serment est un outil de sensibilisation parmi tant d’autres dans le cadre d’une stratégie de communication. Multiplier ses canaux et diversifier ses messages permet d’atteindre un plus grand nombre de personnes et différents segments de clientèles.

En plus du Icelandic Pledge, l’Iceland Academy de Visit Iceland a créé des capsules vidéo pour éduquer les touristes sur les bons comportements à adopter lors de leur visite. Plus récemment, Inspired by Iceland a lancé une campagne ludique invitant les voyageurs à apporter leur survêtement pour le transformer en bottes imperméables adaptées aux intempéries locales. Ces méthodes de communication, bien que différentes, partagent un seul et même message : encourager les gens à réaliser des actions écoresponsables.

À retenir

Plus le message d’adoption de pratiques responsables sera diffusé, plus il sera vu, et plus des actions seront susceptibles d’être enclenchées. C’est la raison pour laquelle divers moyens, au-delà du serment, doivent être déployés et partagés de façon soutenue pour assurer l’adhésion aux principes du tourisme durable de la part des voyageurs et des entreprises.
Et vous, pensez-vous créer un serment pour sensibiliser vos visiteurs ?

Quels autres moyens utilisez-vous pour protéger les milieux naturels et les cultures locales ?

Source(s)

Albrecht, Julia et Eliza Raymond. « Successful Tourism Pledges are only One Part of a Sustainable Destination Strategy », Adventure Travel News, 4 février 2020.

Davis, Kelvin. « Kelvin Davis explains the #tiakipromise », RNZ, 1 novembre 2018.

Gué, Victoire. « Les différents canaux de communication », Hubspot, 27 août 2020.

Hall, Nicholas. « Pledge Strategies Trend Canvas », DTTT, consulté le 1er octobre 2021.

OECD. « Islande », consulté le 20 septembre 2021.

Privé, Marie. « Pour entrer en Nouvelle-Zélande, les touristes devront payer une taxe écologique dès le 1er octobre » , GEO, 20 mai 2019.

Raymonde, Eliza. « The rise of the destination pledge », Good Travel, 14 décembre 2020.

Relations-Presse. « La répétition dans la publicité est-elle la clé de la réussite », Relations-Presse, 27 octobre 2018.

Welch, Chantal. « Pledge Strategies : Industry Insights », DTTT, 27 avril 2020.

Sites web :

https://palaupledge.com/business/

https://visiticeland.com/pledge

Consultez notre Netiquette