La randonnée de longue distance gagne du terrain
Bien accueillir les randonneurs de longue route ouvre la porte à un tourisme plus durable. Et si le Québec misait davantage sur ce type d’itinéraires ?
Un produit plein de promesses
Promouvoir la connexion à la nature pour ses bienfaits sur la santé physique et mentale, encourager le slow travel, limiter l’empreinte écologique des voyageurs par des moyens de transport actif, favoriser une meilleure répartition des retombées touristiques à travers le territoire (surtout dans les petites communautés), créer des expériences intenses et mémorables… Voilà quelques-uns des bénéfices du déploiement d’une offre de longue randonnée.
Les longs itinéraires attirent et se multiplient
Une randonnée est qualifiée de longue lorsqu’elle comprend au moins une nuitée et se déroule sur deux jours ou plus.
Pour bien situer le type d’offre dont il est question ici, une randonnée est qualifiée de longue lorsqu’elle comprend au moins une nuitée et se déroule sur deux jours ou plus.
L’Europe possède une tradition de voies piétonnières connectant les villages et pour lesquelles l’engouement ne démord pas. L’un de ces itinéraires les plus connus, le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, a enregistré depuis 2011 une progression presque constante du nombre de marcheurs arrivant à Saint-Jacques — objectif convoité par la plupart des participants. L’année 2019 marque un sommet avec plus de 327 000 personnes ayant fait estampiller leur carnet du pèlerin à cet endroit.
Aux États-Unis, certains longs sentiers de randonnée en montagne ou en pleine forêt sont devenus mythiques. Pensons à l’Appalachian Trail qui s’étend sur plus de 3 500 km à travers 14 États. Ce sentier est fréquenté par quelque trois millions de personnes chaque année, dont 3 000 qui tentent de le marcher dans son entièreté. Seul le quart d’entre eux y parviennent.
De nouveaux projets d’itinéraires se développent partout à travers le monde. En Grande-Bretagne, le réseau Slow Ways vise à connecter tous les villages du pays par voies piétonnières. L’Italie reliera 25 parcs nationaux par un sentier continu de quelque 7 000 km.
Source : Slow Ways/Facebook
Comment déployer cette offre ?
Certaines destinations partagent des boîtes à outils pour accompagner les régions, les municipalités et les gestionnaires de sentier dans ce déploiement. C’est le cas de la Suède qui propose une série de guides (en suédois), de vidéos et d’exemples concrets pour inspirer et aider les parties prenantes. L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) publiait, en 2019, un rapport visant à informer et à inspirer les organisations quant au déploiement du tourisme de marche dans un cadre de développement régional. Voici quelques éléments clés tirés de cet outil et de ceux de la Suède :
L’itinéraire
-Ses composantes doivent évidemment être attractives, sans nécessairement être spectaculaires. Ses atouts naturels et culturels doivent être mis en valeur par des points de vue, des panneaux explicatifs, etc.
-Les routes asphaltées, qui ne sont généralement pas appréciées, sont tolérées lorsqu’elles sont de courte distance, peu achalandées par le trafic automobile et permettent de relier certaines sections d’un itinéraire.
-Idéalement, des moyens de transports publics devraient permettre de s’y rendre. Les hébergements aux abords du tracé ou encore les bureaux touristiques sont encouragés à offrir une liaison vers les points d’entrée de l’itinéraire.
-La forme du circuit (en ligne ou en boucle) doit aussi être prise en considération dans le déploiement d’une offre de transport (pour le retour des randonneurs à leur voiture, le cas échéant).
-Une signalisation et un balisage clair qui ne dénaturent pas le paysage sont essentiels pour une expérience sécuritaire et agréable.
-Des installations de base sont nécessaires comme des toilettes, des points d’eau, une offre d’hébergement (refuge, abri, sites de camping) à certains endroits clés.
-Le chemin doit être entretenu et régulièrement contrôlé afin d’effectuer les ajustements rapidement pour des questions de sécurité, mais aussi de préservation de l’environnement.
La destination
-La région n’a pas besoin d’avoir une grande renommée pour attirer des randonneurs, puisque l’itinéraire de longue distance sera en lui-même le but du voyage.
-Lorsque la route est bien structurée, en sections, chacune pouvant être réalisée en quelques heures ou en une journée, le sentier peut alors attirer d’autres types de randonneurs, moins aguerris.
-L’activité de randonnée peut devenir un véritable levier économique et touristique pour la région. Parmi les opportunités, soulignons :
- Services de guides de randonnée, de transport de bagages, d’hébergement, de navette ;
- Vente de guide-papier et de cartes bonifiées, quoique les informations de base devraient être fournies gratuitement (documentation imprimée ou en ligne) ;
- Vente de nourriture et de boissons pour randonneurs, d’équipement spécialisé, de souvenirs à l’effigie de l’itinéraire ;
- Programmes d’activités touristiques connexes (festivals, activités culturelles, dégustations en micro-brasseries, etc.). Voilà qui pourrait prolonger le séjour des voyageurs avant ou après la randonnée.
-L’analyse de la satisfaction de la clientèle permet de prendre connaissance, d’ajuster et de bonifier certains éléments de l’itinéraire pour maximiser la qualité de l’expérience. Cette analyse peut se faire par sondage récurrent ainsi qu’en suivant les médias sociaux.
Le Québec sur la bonne voie
Le Québec dispose d’une offre croissante d’itinéraires de longue randonnée. Le projet de Sentier national du Québec, qui équivaut à 1650 km de sentier pour la randonnée pédestre, la raquette et le ski nordique à travers neuf régions touristiques de la province, progresse bien. Les circuits et routes de marches pèlerines à faire en autonomie se multiplient. Mentionnons les Sentiers Entre Vents et Marées qui parcourent les Iles de la Madeleine sur 230 km ou encore le Sentier Notre-Dame-Kapatan au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Cette façon de découvrir une destination gagne en popularité, faisons en sorte que le Québec se positionne avantageusement dans ce créneau.
Lire aussi : Promouvoir les itinéraires de longue randonnée
Image à la une : Pexels
Image dans le texte : Unsplash
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Source(s)
- Caron, Dominique. « La longue randonnée, quel avenir au Québec ? », Rando Québec, septembre 2017.
- Cooperman, Jackie. « The Sentiero dei Parchi: A new hiking trail uniting Italy », 18 mai 2021.
- Knapp Sarah. « Slow travel and long distance hikes : how to embrace the new outdoor travel trends », Lonely Planet, 13 juillet 2022.
- Les Chemins Vers Compostelle. « Les statistiques du pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle », consulté le 3 avril 2023.
- Merrill, Anne. « About the Appalachian Trail », Appalachian Trail Conservancy, consulté le 3 avril 2023.
- Northam, Bruce. « 8 Epic Long Hikes Around the World », Thrillist, 28 juin 2022.
- World Tourism Organization (UNWTO). « Walking Tourism – Promoting Regional Development », Madrid, 2019.
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