Connaissez-vous les parcs régionaux du Québec?
Saviez-vous qu’il existe près de 200 parcs régionaux dans la province et qu’ils totalisent de 15 à 19 millions de visites annuelles? En avril dernier, une centaine d’intervenants se sont rassemblés au Manoir du lac Delage pour assister au premier Colloque québécois sur les parcs régionaux. Cet événement était organisé par le Groupe IBI/DAA, en partenariat avec l’Association québécoise du loisir municipal, ATR associées du Québec et la Fédération québécoise des organisations locales de tourisme. Les nombreux panels et conférences ont permis de faire un tour d’horizon de ce créneau quelque peu éclaté à travers la province.
Qu’est-ce qu’un parc régional?
C’est un site en milieu naturel proposant des activités de loisir et de plein air avec, au minimum, un rayonnement régional. Cette définition regroupe un large éventail de sites potentiels, tels que des infrastructures municipales, des parcs régionaux, des sites récréotouristiques privés et des coopératives de plein air.
Un parc régional reconnu par le gouvernement du Québec est adopté par règlement, selon la Loi sur les compétences municipales. Il naît d’une initiative régionale et s’établit sur des terres publiques ou privées accessibles au public. Une minorité de parcs régionaux, sur les quelque 200 se définissant comme tel, porterait l’appellation légale et reconnue par le gouvernement du Québec. Le processus de reconnaissance s’avère long et fastidieux pour plusieurs petits organismes qui doivent s’adresser à de multiples instances. De plus, l’utilisation multifonctionnelle des ressources naturelles assujettit les gestionnaires de parcs à plusieurs lois qui relèvent de ministères différents.
Qu’un parc soit reconnu ou non, sa pérennité repose sur l’équilibre entre sa vocation récréotouristique dominante et une utilisation saine du milieu naturel avec un respect de son seuil de tolérance.
Portrait des parcs régionaux
Le groupe IBI/DAA a présenté les résultats d’une vaste enquête réalisée auprès des gestionnaires de parcs régionaux du Québec. La participation de 80 d’entre eux a permis de dresser un premier profil sectoriel, dont voici les principaux faits saillants.
En moyenne, ces parcs existent depuis plus de 25 ans et représentent plus de 6000 emplois au Québec, dont un tiers de travailleurs permanents. Ils génèrent des revenus totaux de plus de 80 millions de dollars pour la province (voir graphique 1). La période de fort achalandage débute généralement au printemps et se termine à l’automne: environ la moitié des parcs reçoivent moins de 25 000 visiteurs annuellement et 21% plus de 100 000.
Parmi l’offre estivale, 90% des parcs proposent de la randonnée pédestre (25 km de sentiers en moyenne), délogeant de loin le vélo de montagne et de randonnée, les terrains de jeux, le canot, le kayak, la pêche, et les centres d’interprétation se maintiennent tous entre 30% et 40%.
Selon les répondants, la marche arrive presqu’à égalité avec la raquette parmi les activités offertes en hiver dans les parcs régionaux (voir graphique 2).
Près de la moitié des parcs offrent au moins un type d’hébergement (camping, refuge, tente prospecteur, prêt-à-camper, chalet locatif), 43% louent des équipements pour les activités hivernales (patins, ski de fond, etc.) et 33% des embarcations nautiques.
Les gestionnaires de parcs ont mentionné plusieurs enjeux touchant
- les ressources humaines: précarité des emplois, difficulté à attirer une main-d’œuvre qualifiée;
- le financement: difficulté à s’autofinancer, à obtenir une subvention récurrente et à investir dans des projets;
- le territoire: vandalisme et vol, problème d’entretien du site, gestion de l’occupation du territoire;
- le produit: maintenir la qualité de l’offre et innover.
François Chevrier, spécialiste du Web et du marketing touristique, faisait remarquer le manque de référencement des parcs régionaux sur les moteurs de recherche et une présence encore inexploitée pour la majorité dans les médias sociaux. Les parcs sont les maîtres de leur contenu et de leur histoire; le Web est un outil efficace pour faire vivre l’expérience au client et l’inciter à se déplacer.
Modèles structurants
Certains parcs ont mis en place une structure organisationnelle innovante pour renforcer leur positionnement à l’échelle régionale. Par exemple, la municipalité régionale de comté (MRC) Matawinie, dans Lanaudière, regroupe six parcs régionaux en terres publique et privée. En misant sur le récréotourisme comme moteur économique, la Société de développement des parcs régionaux de la Matawinie (SDPRM) a donné naissance au premier réseau de parcs régionaux au Québec en 2009. La planification et la mise en valeur récréotouristique des parcs dans une optique de développement durable constituent la mission première de l’organisme. L’ensemble des municipalités de la MRC contribuent financièrement au fonctionnement de la SDPRM. Cette mise en réseau a comme objectif de faire connaître la région comme lieu incontournable de plein air.
Source: Parc régionaux MRC Matawinie
Dans la région de Portneuf, les gestionnaires de la Coopérative de solidarité Vallée Bras-du-Nord usent de leur passion et de leurs compétences pour mobiliser en continu les propriétaires de la vallée et la population dans ce projet structurant de sentiers de randonnée pédestre, de vélo de montagne et de modes d’hébergement alternatifs. Leur coopérative se présente comme une réussite en matière d’appropriation des lieux par les résidents. (Lire aussi Développer une région touristique de façon harmonieuse, c’est possible! (Compte rendu de conférence))
Vers une vision d’avenir?
La cohabitation difficile des usages et des ressources du territoire, la valeur locale des parcs et la précarité du financement et des ressources humaines peuvent constituer des freins au développement d’une offre et d’une image provinciales. Monsieur Langevin Gagnon du Parc régional du Mont Ham propose des solutions pour rassembler le secteur. Par exemple, développer un branding avec une thématique familiale ou de rencontre avec l’art de vivre des gens de chez nous, mettre en place une association pour la mise en marché et l’accompagnement de projets, une certification, tout cela pour bâtir un réseau durable.
À cette première édition s’ajouteront fort probablement d’autres rencontres. La situation actuelle a été diagnostiquée, mais elle est encore loin de celle souhaitée. Ces passionnés de plein air ont franchi un premier pas vers une concertation plus structurée du secteur et le développement d’une force commune, tout en préservant leur unicité.
Source :
– Colloque québécois sur les parcs régionaux, Manoir du lac Delage, 27 et 28 avril 2011.
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Ce fut un très bon colloque ! Merci aux initiateurs de ce premier rassemblement de gestionnaires de parcs régionaux.
Cordialement,
Patrick Beauvais, gestionnaire des centres de plein air
Ville de Gatineau
je cherche un site qui liste les 200 parcs
Bonjour Pierre, le nombre de parcs avait été établi selon une définition (précisée dans l’article). Depuis la publication de cette étude, l’Association des Parcs régionaux du Québec a été créée. Je vous invite à les contacter : https://www.parq.ca/