Le financement de l’industrie touristique: exemples de bonnes pratiques
Les investissements consentis à l’industrie touristique, qu’il s’agisse de l’hébergement, des équipements ou des infrastructures de transport, façonnent l’offre et conditionnent sa compétitivité. Quelles sources de financement le Québec peut-il créer pour assurer le développement et la promotion de ses produits? Le Comité performance de l’industrie touristique présente quelques exemples de bonnes pratiques dans son rapport soumis à la ministre aux Assises du tourisme 2011.
Quelques cas de bonnes pratiques
Le comité performance identifie les meilleurs programmes de soutien au développement touristique des destinations qui offrent certaines ressemblances avec le Québec ou qui sont reconnues comme étant des succès dans certaines sphères d’activité.
Premièrement, il existe des programmes nationaux de soutien dédiés aux projets des entreprises. Certaines destinations se sont même dotées de lois spécifiques (Suisse et Turquie) et d’institutions dédiées au financement du secteur touristique. Soulignons aussi que le financement des projets vise avant tout l’innovation et le développement de la qualité ainsi que de la compétitivité des entreprises.
Voici plus en détail les exemples de certaines destinations performantes, dont le Québec pourrait s’inspirer.
Autriche
- Banque autrichienne de l’hôtellerie et du tourisme: 36,3 millions de dollars destinés à l’aide et aux prêts des PME.
- Programme Destination Management Monitor Austria (DMMA) visant entre autres à renforcer la compétitivité internationale des 19 régions touristiques participantes.
Écosse
- Soutien financier de projets novateurs par le biais d’un fonds spécifique, le Tourism Innovation Fund, dédié à l’innovation. Le montant maximal alloué par projet atteint les 54 000 $.
- Scottish Enterprise intervient auprès des banques pour améliorer leur perception du secteur touristique et pour leur fournir des indicateurs appropriés de mesure du risque.
- Scottish Development International encourage les entreprises étrangères à venir s’implanter en Écosse et propose des possibilités d’investissement en tourisme.
France
En France, la nouvelle édition du tableau de bord des investissements touristiques met globalement en évidence une reprise de l’investissement touristique en 2010 après la difficile traversée de la crise. Parmi les outils offerts aux entreprises françaises, mentionnons les prêts participatifs gérés par une société d’État (OSÉO); ils visent l’aide à l’innovation et le financement des entreprises, en partenariat, en fonds propres ou en garanties de prêts. Ces aides ont pour but de faciliter les projets de rénovation, d’agrandissement et de mise aux normes d’entreprises d’hébergement touristique. Les montants admissibles varient entre 40 000 € et 300 000 €. Ils ne sont pas liés à des garanties sur les actifs de l’entreprise, ni à des cautions personnelles. Le remboursement du prêt à taux fixe s’étale sur 7 ans.
Ontario
- Fonds de développement du tourisme géré par le Ministère. Ce fonds est axé sur la création ou la revitalisation des attractions, des sites et des expériences touristiques et sur la conception d’expériences ou de produits novateurs destinés aux secteurs émergents (sauf immobilisations).
Portugal
- Société de fonds d’investissement créée en 1995 (fonds de 375 millions d’euros).
- Société de capital de risque dédiée au tourisme incluant un fonds de capital de risque de 50 millions d’euros, un fonds de soutien à l’innovation de 20 millions d’euros et un fonds pour la compétitivité de 20 millions d’euros.
- Protocoles d’investissement en tourisme avec des banques (2007‐2009).
Suisse
- Société de crédit hôtelier offrant des conditions préférentielles à des régions bien précises.
- Loi fédérale encourageant l’innovation et la coopération. Elle favorise la concentration de la majeure partie des crédits disponibles sur quelques projets importants qui respectent les principes du développement durable, renforcent la compétitivité de la destination et favorisent l’innovation touristique. Le budget 2008‐2011 s’élève à 22 millions de dollars.
- Loi fédérale sur l’encouragement du secteur de l’hébergement. Elle encadre la Société suisse de crédit hôtelier dans ses mandats d’aide aux entreprises et de financement. Cette société veille à maintenir et à améliorer la compétitivité et la durabilité des entreprises. Les prêts à taux d’intérêt attractifs sont destinés exclusivement aux «régions touristiques», c’est-à-dire aux territoires où le tourisme est un domaine d’activité essentiel, à ceux qui subissent de profondes fluctuations saisonnières et aux stations thermales.
Turquie
- Loi sur l’encouragement du tourisme offrant des taux avantageux et des subventions sectorielles selon des priorités liées au tourisme culturel ou à l’hébergement. La Loi définit des zones touristiques d’investissement à partir de critères stricts; établit un train de mesures destinées à inciter les investissements touristiques comme des baux de location de terres appartenant à l’État sur de longues durées (jusqu’à 49 ans) ou des prêts à long terme à taux d’intérêt relativement bas.
- Banque de tourisme de la République de Turquie consent des prêts à partir de sources étrangères pour les «investissements certifiés».
- Agence de soutien à l’investissement dont le mandat vise à attirer des capitaux étrangers.
Au Québec, un nouveau fonds voit le jour
Le budget 2011-2012 du gouvernement québécois prévoit certaines mesures susceptibles d’aider l’industrie touristique du Québec, dont le nouveau Fonds de soutien à la croissance des PME touristiques. Ce dernier sera doté d’une capitalisation de 5 millions de dollars, dont un peu plus du tiers proviendra directement d’une contribution du gouvernement du Québec. La création de ce fonds vise à attirer des investissements en capital de risque afin d’améliorer l’offre touristique liée entre autres au tourisme de nature, au tourisme autochtone, aux pourvoiries, au tourisme culturel et à l’agrotourisme.
Quant au Comité performance de l’industrie touristique, il propose la création d’un guichet unique, géré par Investissement Québec, qui regrouperait tous les crédits discrétionnaires axés sur le développement et qui privilégierait des partenariats avec diverses institutions financières. Les formules favorisées iraient du capital patient remboursable à long terme aux remboursements adaptés en fonction des cycles saisonniers.
Et selon vous, comment devrait-on financer l’industrie touristique pour qu’elle soit plus compétitive?
Sources:
– Atout France. «Tableau de bord des investissements touristiques en 2009», Éditions Atout France, 70 pages.
– Comité performance de l’industrie touristique. «Faire des choix pour une industrie touristique performante», rapport déposé à la ministre du Tourisme, mai 2011.
– Tourisme Québec. «Le Budget 2011-2012 salué par le milieu touristique québécois», Communiqué de presse, 18 mars 2011.
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En tant que propriétaire d’un gîte touristique avec succès depuis 16 ans, courtier immobilier depuis quelques années et anciennement du domaine bancaire, je suis très inquiète de la réaction des institutions financières face au financement des établissements d’hébergement touristiques. Ayant plusieurs ventes à mon actif dans ce domaine (gîtes touristiques, auberges), je peux témoigner de la difficulté des acheteurs à obtenir un financement raisonnable considérant les exigences des institutions financières. Un produit de financement spécialisé pour les petits établissements d’hébergement touristique, pourrait être, je suis certaine, rentable pour une institution bancaire. D’ailleurs certaines compagnies d’assurances ont développé des produits très intéressants pour les petits établissements à des prix concurrentiels et adaptés à ce marché. Un financement adéquat serait aussi profitable pour l’industrie touristique permettant aux propriétaires, en obtenant un financement adapté de pouvoir réinvestir, mettre à niveau leurs installations ou préparer une relève intéressante. On mentionne souvent le risque élevé dans ce domaine. De mon côté je constate que depuis que je suis dans ce milieu je n’ai pas été témoin de beaucoup d’insuccès. Je suis peut-être dans l’erreur et si c’est le cas j’aimerais beaucoup qu’on me donne des statistiques à ce sujet. Je fais appel aux développeurs de produits hypothécaires qui se cherchent de nouveaux marchés (l’actif principal dans ce genre de financement étant un immeuble) de développer un produit financier intéressant adapté aux besoins de ce type de clientèle. Un PPE (prêt aux petites entreprises garanti par le gouvernement) c’est très intéressant pour une institution financière (sans risque) mais pas du tout adapté à ce type de clientèle. On dira sûrement que je rêve et que ce n’est pas possible … c’est ce qu’on m’a dit lorsque j’ai ouvert mon gîte touristique il y a de cela près de 16 ans. Au plaisir d’en discuter davantage.
Bonjour monsieur Fournier,
j’aimerais savoir dans quelle région du Québec est votre gîte s.v.p.
merci et au plaisir,
Si vous pensez en faire un reportage, j’aimerais en etre averti car ce sujet me tiens a coeur.
Felicitation pour votre bon travail!
Jean-Robert
eucantravel.ca
Dans leur évaluation du «risque financier», les institutions financières, à l’heure actuelle, ne semblent pas prendre en compte l’effet positif qu’un nouvel établissement à caractère touristique pourrait avoir sur l’économie d’une région.
Notre gîte est situé à Lévis, face au Vieux Québec dans la région Chaudière-Appalaches. Nous sommes présentement en processus de vente. Etant donné la difficulté pour des acheteurs éventuels de financer ce type d’établissement nous vendons notre gîte à des gens qui en feront leur résidence principale et ce malgré que le gîte génère des revenus importants depuis plusieurs années. C’est regrettable pour l’industrie car notre réputation de 16 ans générait des retombées intéressantes ayant toujours eu à coeur de travailler avec nos partenaires touristiques.
Bonjour Madame Fournier,
Actuellement étudiant finissant en maîtrise en développement du Tourisme à l’UQAM je travaille dans le cadre de mes études sur un dossier sur la problématique du financement de l’industrie touristique au Québec. Vos commentaires sont très pertinents et illustrent très bien une des problématiques de ce sujet. Je voudrais savoir s’il serait possible d’en discuter plus en détails avec vous (par email ou par téléphone) et de vous citer à titre d’exemple dans mon dossier ? Mon adresse mail est karim.coulaud@gmail.com
Merci.
Karim,
J’envisage de faire la maîtrise en développement du tourisme à l’UQAM et je désespère de trouver des étudiants ayant suivis ce programme. Je ne trouve en effet pas de témoignages et ai quelques interrogations. Serait-il possible de prendre contact par email??
Merci
Bonjour Flo,
J’ai fait la maîtrise en développement du tourisme à l’UQAM, je peux tenter de répondre à vos questions si vous le désirez. Mon adresse est levesque.caroline.2@uqam.ca
Madame Fournier
Je souhaiterais prendre contact avec vous.
Pourriez-vous me contacter sur mon mail: coralie_laval@hotmail.com
Cela concerne une émission consacrée aux gîtes