Habitudes générales de voyage des Québécois
En mai 2011, le Réseau de veille en tourisme, le ministère du Tourisme du Québec et un regroupement d’associations touristiques régionales et sectorielles ont réalisé une étude visant à mieux connaître le comportement des voyageurs québécois, particulièrement en ce qui concerne leur processus de planification et de réservation sur le Web. Les données proviennent d’un sondage mené par la firme Ipsos Descarie auprès de 3 058 internautes québécois. Nous proposons ici un premier texte d’une série de cinq analyses tirées de cette étude. Nous traitons d’entrée de jeu des habitudes générales de voyage d’agrément des Québécois.
Méthodologie de l’enquête
L’enquête Ipsos-RVT consiste en un sondage en ligne par panel (lire aussi les faits saillants de l’étude). D’une part, pour se qualifier, le répondant devait avoir séjourné au moins une fois à plus de 100 km de son domicile pour un voyage d’agrément au cours des 12 derniers mois. Celui ayant réalisé uniquement des voyages tout inclus dans le Sud ne fait pas partie de l’échantillon. D’autre part, il devait avoir utilisé un moyen de transport commercial (avion, train — excluant le train de banlieue, autobus de longue distance ou voiture de location) à des fins personnelles ou de loisirs ou avoir utilisé l’hébergement commercial à des fins personnelles ou de loisirs. Le sondage s’est déroulé durant la période comprise entre le 8 et le 20 mars 2011. Certaines informations traitées dans cette analyse sont basées sur des habitudes générales de voyages alors que d’autres concernent uniquement le dernier voyage effectué.
Destinations de prédilection
Globalement, le Québec a été la destination du dernier voyage des Québécois dans 36% des cas (voir graphique 1). Le Mexique et les Caraïbes arrivent en deuxième position (24%), et les États-Unis, en troisième (20%). Dans la province, la région de Québec arrive bonne première (21%), suivie de celles de Montréal et des Laurentides, ayant chacune récolté un peu plus de 10% des voyages. La métropole fait davantage office de bassin émetteur de voyageurs que de destination de choix à l’échelle du Québec.
Les jeunes sont davantage attirés par les destinations urbaines, alors qu’ils représentent 39% des voyageurs à destination de Montréal et de Québec. Le segment des 35-54 ans aime beaucoup (52%) les destinations de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent (52%). Quant aux Québécois plus âgés, ils forment un important contingent de voyageurs qui ont visité les régions de l’Outaouais (41%) et de Charlevoix (39%).
Les séjours dans le Sud, en incluant la Floride, représentent 42% des voyages hors Québec des Québécois (voir graphique 2). Parmi les autres destinations, l’Ontario (9%), l’État de New York (5%) et la France (4%) sont les plus populaires.
Les voyageurs, dont le revenu du ménage est inférieur à 50 000 $, ont choisi à 43% une destination au Québec. Cette proportion chute à 29% pour le segment des revenus supérieurs à 100 000 $.
Globalement, près de la moitié des Québécois ont effectué 1 ou 2 séjours de vacances au cours des 12 derniers mois, et plus du tiers (34%) ont réalisé 4 séjours et plus (voir graphique 3). Environ 30% des Québécois de 55 ans et plus sont des grands voyageurs (5 séjours et plus).
Les habitants des régions éloignées affichent les plus fortes proportions de voyageurs assidus: Abitibi/Baie-James/Nord du Québec (40%), Saguenay–Lac-Saint-Jean et Manicouagan/Duplessis (35%). À l’opposé, les résidents de la Montérégie (53%), du Centre-du-Québec/Mauricie (50%) et des Cantons-de-l’Est (48%) voyagent peu (1 ou 2 séjours). Ce sont les couples sans enfant qui voyagent le plus souvent; 37% ayant réalisé au moins quatre séjours au cours de la dernière année.
Activités pratiquées en voyage
Les graphiques 4, 5 et 6 présentent le taux de participation des voyageurs québécois à diverses activités, selon la région touristique de destination. La catégorie des activités regroupant la visite d’un musée, d’un zoo et les expériences autochtones s’avère populaire en Outaouais (47%) et dans la région de Québec (43%). Quant aux visiteurs de Montréal, près de la moitié d’entre eux ont assisté à un évènement sportif ou culturel.
Les résultats diffèrent pour les régions de villégiature, soit Lanaudière, la Mauricie, les Cantons-de-l’Est et les Laurentides, où les parcs naturels et la randonnée, les évènements sportifs ou culturels de même que les activités aquatiques enregistrent les meilleurs taux de pratique.
En général, les régions un peu plus éloignées sont populaires auprès des amateurs de randonnée et des parcs naturels. Une grande proportion de Québécois a aussi visité un attrait autochtone, un zoo ou un musée en Gaspésie (60%) ou au Saguenay–Lac-Saint-Jean (59%). Quant à Charlevoix, elle attire plusieurs amateurs de jeux de hasard en raison de la présence du Casino de Charlevoix (58%).
Choix de l’hébergement
Lors de leurs voyages, plus de la moitié des Québécois optent d’abord pour une auberge ou un hôtel de 4 étoiles et plus (voir graphique 7). Les établissements de 3 étoiles et moins et les campings hébergent les 18-34 ans dans une plus grande proportion que les autres groupes d’âge. L’option du motel, du condominium ou du bateau de croisière séduit davantage les 65 ans et plus.
L’hébergement chez de la famille ou des amis reçoit la faveur des voyageurs solos, tout comme l’hôtel ou l’auberge de 2 étoiles et moins. La location d’un chalet ou d’une maison de campagne correspond plus aux voyages en famille ou entre collègues et amis.
Lors de prochaines analyses tirées de la même étude, nous traiterons des aspects liés à la planification des voyages, aux comportements de réservation, au phénomène de la mobilité et à l’utilisation des médias sociaux ainsi qu’aux voyages de groupe.
Source:
– Réseau de veille en tourisme de la Chaire de tourisme Transat de l’ESG UQAM. «Comportement Web des Québécois – Sondage Ipsos Descarie – RVT», mai 2011.
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Merci, c’est très intéressant.
Une mise en garde toutefois : on a demandé aux gens leur dernier voyage. Or plus de 50% des voyageurs québécois font plus qu’un voyage par année. Si on pose la question du dernier voyage en septembre, il a de fortes chances qu’il soit au Québec; si on pose la même question en avril, il a de fortes chances qu’il soit dans le sud. Il serait intéressant de faire lister les destinations sur 12 mois plutôt que de demander la dernière destination.
Au moment de la réalisation du questionnaire, nous nous sommes justement posés cette question. L’objectif de ce sondage était de connaître avec précision le comportement de planification de voyages des Québécois, notamment ses habitudes sur le Web. Nous avons choisit de nous baser sur le dernier voyage car il est plus pertinent ensuite d’analyser tous les résultats en fonction d’un voyage précis. Pour chacun des croisements, nous savions exactement à quel type de voyage le répondant faisait référence. Pour ce dernier, il est plus simple de détailler les étapes de son processus de planification lorsqu’il fait référence à son dernier voyage, celui étant le plus frais à sa mémoire.
Par ailleurs, pour éviter une sur-représentation des voyages dans le Sud, nous avons exclus tous les répondants n’ayant réalisé que ce type de voyage au cours de la dernière année. Mais vous avez raison, le scénario idéal, si le temps et le budget nous le permettait, consisterait à effectuer le même sondage à diverses périodes de l’année.
Je suis aussi de l’avis de monsieur Desjardins, la saison estivale biaise. La planifiation de voyage à l’intérieur du Québec ou à l’extérieur (de mon coté ne s’effectue pas de la même facon).
Je ne fais pas juste référence aux voyage dans le sud.
De plus prendre le dernier voyage effectué permet t’il de bien cerner le profil pour ma part dans une même année j’ai visité le québec oui, mais aussi cuba, irlande et la chine (oui je suis chanceuse) mais si on se fit juste au dernier voyage effectué, avons nous le vrai profil de la voyageuse? le dernier ayant été le plus simple, celui dans le sud?
Les voyages tout inclus dans le Sud font partie, qu’on le veuille ou non, de la réalité des québécois qui voyagent. Je trouve un peu étrange d’avoir exclu les gens qui privilégient ce type de voyage d’une étude qui veut recenser les habitudes de voyage… (c’est quoi cette idée de « surreprésentation?? ») Ça biaise à mon avis une partie de l’étude (graphiques 1, 2). Le nombre de séjours mesurés doit également contenir quelques voyages « tout inclus »? Alors le graphique 3 est biaisé selon votre méthode si vous vouliez les exclure. Je suis également d’accord avec les autres commentateurs concernant la mesure du dernier voyage effectué. Il aurait été plus pertinent de recueillir des données sur tous les voyages effectués dans les 12 derniers mois pour avoir un portrait plus fidèle.
Merci madame Morin pour votre commentaire. Comme je l’expliquais dans mon précédent commentaire, nous n’avons pas exclus les voyages dans le Sud, au contraire. Nous avons simplement exclus les gens qui n’ont fait aucun autre type de voyage durant la dernière année. Étant donnée que la période du sondage s’est déroulée durant l’hiver, la firme de sondage nous a fortement suggéré d’ajouter cette règle afin de ne pas avoir un nombre trop élevé de ce type de voyage. En dépit de cette directive, nous avons tout juste atteint notre seuil minimum souhaité quant au nombre de voyages au Québec, soit un peu plus de 1000 répondants alors que plus de 24% des répondants avaient identifié une destination «Sud» comme voyage le plus récent. En ce qui a trait aux forfaits tout inclus, ils n’en sont pas plus exclus, on en retrouve certainement une importante proportion parmi les voyages dans le Sud.
Il faut aussi comprendre que l’objectif de l’étude n’était pas de mesurer avec précision la répartition des voyages des Québécois durant une année mais plutôt d’analyser dans le détail le processus de planification d’un voyage. D’autres enquêtes (Print Measurement Bureau (PMB) et Statistique Canada) mesurent le nombre de personnes ayant réalisé un voyage ou le nombre de voyages effectués, et ce, pour chacun des destinations visitées. Dans notre cas, afin d’être en mesure de décortiquer ce processus de planification, il était impératif de rattacher les réponses du répondant (par exemple quels types de site Web visités pour s’inspirer) à un voyage donné, soit inévitablement le dernier voyage. D’autres analyses traitant de ce sondage exploiteront ces volets du comportement de planification des Québécois.