L’internationalisation des aéroports régionaux au Québec
Le monopole de l’aéroport de Montréal sur les voyages internationaux et transfrontaliers du Québec s’amenuise petit à petit. En plus de l’aéroport Jean-Lesage à Québec, cinq autres sont actifs dans le domaine des liaisons internationales en 2011. Ce phénomène d’internationalisation favorise surtout les voyages des Québécois vers l’étranger. Le vrai défi consiste à offrir des vols internationaux qui amènent des touristes dans les régions, comme le fait l’aéroport La Macaza–Mont-Tremblant.
Le dynamisme de l’aéroport de Québec
En 2010, l’aéroport de Montréal sert 93% des voyageurs transfrontaliers et internationaux des aéroports du Québec, ce qui représente 2,5% de moins que la part de marché qu’il détenait en 2005. L’aéroport de Québec est le principal responsable de cette perte relative(voir le tableau 1).
Quelque 548 000 passagers transfrontaliers et internationaux ont embarqué et débarqué en 2010 à l’aéroport Jean-Lesage, soit 6% de tous les passagers québécois. Il s’agit d’une croissance de 145% par rapport à 2005 (217% pour les seuls voyages internationaux). Dans les onze premiers mois de 2011, les voyageurs transfrontaliers y ont crû de 9%, et les voyageurs internationaux, de 23%.
Quatre transporteurs américains (United, Delta, Continental et US Airways) et quatre transporteurs canadiens (Transat, Sunwing, Canjet et Westjet) offrent des liaisons directes hors du Canada. Six villes des États-Unis, dix destinations soleil et deux villes de France (Transat) sont desservies par l’aéroport Jean-Lesage. Air Canada n’y a pas de liaisons directes vers l’étranger. Elles se font par des correspondances à Montréal ou à Toronto, ce qui est comptabilisé comme des vols domestiques pour Québec.
Les transporteurs canadiens actifs à l’international développent essentiellement le tourisme expéditif vers les destinations soleil.
Les liaisons directes pour les États-Unis et la France favorisent aussi le tourisme réceptif pour la région et le Québec. En 2010, le poste de douane de l’aéroport a contrôlé 290 490 passagers entrant au Canada, dont 23% (65 528) sont des non-résidents canadiens. Ce pourcentage est un indice de l’apport des vols transfrontaliers et internationaux au tourisme réceptif. L’amélioration des liaisons vers les États-Unis crée également des conditions plus favorables pour attirer des croisières dont le port d’embarquement et de débarquement est à Québec.
Cinq aéroports régionaux engagés dans des liaisons internationales
Les transporteurs canadiens se livrent une concurrence vigoureuse sur les destinations soleil. Pour se rapprocher de ses clients, Sunwing offre des départs dans quelques régions du Québec en 2006. Transat, en partenariat avec Canjet, a emboîté le pas.
Sunwing réserve un certain nombre de places pour la clientèle des aéroports régionaux, et le reste est attribué à des passagers transitant par un aéroport majeur comme celui de Québec ou de Montréal. Transat–Canjet propose plutôt un vol direct au départ, mais au retour, le vol comprend une escale pour le passage aux douanes.
Cinq aéroports régionaux offrent des liaisons internationales en 2011 (voir le tableau 2). L’aéroport de Bromont a annoncé son intention de le faire, mais le projet est encore à l’étude.
À l’exception de La Macaza–Mont-Tremblant, les quatre autres aéroports favorisent le tourisme expéditif et doivent composer avec l’absence sur place d’un service des douanes. Les services internationaux sont saisonniers.
Situé au Saguenay, l’aéroport de Bagotville est l’aéroport régional le plus actif à l’international; 7 795 passagers sont partis durant la saison d’hiver 2010-2011 pour une destination soleil. C’est 15% de plus que la saison précédente, ce qui laisse croire que le plateau de développement n’est pas encore atteint.
À Sept-Îles, Sunwing offre en hiver un vol par semaine vers Varadero avec escale à Montréal à l’aller et au retour.
À Val-d’Or, Sunwing propose un vol par semaine en hiver vers la République dominicaine avec escale à Québec à l’aller et au retour.
À Rouyn-Noranda, Transat, en collaboration avec Canjet, offre un vol direct par semaine à Cancùn depuis le 21 décembre 2011 avec un appareil de 189 passagers. Au retour, le vol fait escale à Ottawa pour les formalités douanières.
La Macaza–Mont-Tremblant est une exception. L’aéroport met l’accent sur le tourisme réceptif pour soutenir l’achalandage de la Station Tremblant. Porter Airlines y confirme pour l’hiver 2011-2012 un lien direct par semaine vers Newark avec un appareil de 70 sièges. Il propose aussi 16 vols vers Toronto avec des correspondances vers plusieurs villes américaines.
En 2010, 902 passagers de vols commerciaux sont passés à son contrôle douanier. Ce chiffre n’inclut pas les entrées sur les vols de Toronto qui ne passent pas à la douane, et les vols effectués par des avions privés.
Aéroport La Macaza–Mont-Tremblant
À Bromont, l’aéroport compte déjà sur un service de douane assuré au besoin par le poste frontalier de Stanstead. Le projet d’internationalisation, toujours à l’étude, s’inspire de l’aéroport international d’Abbotsford situé à proximité de l’aéroport de Vancouver.
Il serait question d’offrir des liaisons régulières d’affaires ainsi qu’une ou des destinations soleil actuellement desservies avec Sunwing ou Transat. La proximité et la concurrence de Montréal, de Plattsburgh et de Burlington constituent le défi. On mise donc sur le marché régional, les problèmes de congestion à Montréal et des délais d’attente plus courts pour rivaliser avec l’aéroport Pierre-Elliot Trudeau.
Le vrai défi reste à relever
Les liaisons internationales favorisent donc essentiellement le tourisme expéditif, c’est-à-dire le tourisme du Québec vers l’étranger. L’aéroport La Macaza-Mont-Tremblant est la seule véritable exception.
L’offre de départs vers le Sud améliore les services offerts à la population des régions. Ces départs évitent aux voyageurs des frais de déplacement et de séjour pour se rendre aux aéroports majeurs québécois. C’est une façon d’encourager les vacances à l’étranger et de réduire les dépenses faites au Québec liées à ces voyages.
Les transporteurs jugent plus rentable d’offrir les destinations soleil aux Québécois que d’attirer les touristes étrangers dans les régions du Québec. Tout de même, en rivalisant les unes contre les autres sur les marchés de petite taille, les transporteurs tentent «un pari risqué» selon Jacques Roy, spécialiste en transports à HEC Montréal. Le potentiel d’expansion restera limité, sauf à Québec.
Est-il possible de développer des services aériens qui soutiendront la venue de touristes en région? L’exemple de La Macaza est inspirant; les efforts de Québec sont encourageants. Bromont peut-il jouer le rôle de La Macaza pour les Cantons-de-l’Est? Peut-on mettre en place d’autres liaisons saisonnières pour les touristes d’agrément ailleurs au Québec ? Voilà le vrai défi.
Sources:
– Site Web des aéroports concernés et validation téléphonique auprès de ces aéroports.
– Statistique Canada, catalogues 51-203-XIF pour 2005 et 51-203-X pour 2010.
– Les affaires.com. «L’offre des vols internationaux s’intensifie en région», 7 mai 2011.
– Mont-Tremblant, «Porter transportera des New-Yorkais vers Tremblant cet hiver», communiqué de presse, 2 octobre 2011.
– Agence des Services frontaliers du Canada, compilation spéciale.
Sites Web:
– Aéroport La Macaza-Mont Tremblant
Henri Chapdelaine – Consultant senior Union V |
Détenteur d’une maîtrise en aménagement du territoire de l’Université d’Ottawa et d’une licence en géographie de l’Université Laval, Henri Chapdelaine a mené une carrière de 36 ans dans les domaines du développement économique et touristique au gouvernement du Québec.S’étant joint au ministère du Tourisme en 1985, il a occupé divers postes d’encadrement, notamment comme directeur général du développement, directeur général de la recherche et de la planification et directeur général des services aux clientèles touristiques. Il a été responsable du développement du système de gestion de la destination BonjourQuébec.com.Depuis sa retraite en 2007, il agit comme consultant senior. En 2011, il fait partie de l’équipe de l’entreprise Vecteur 5 et il a fondé sa propre entreprise de communications, Union V. |
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Bravo très inspirant pour le développement d’aéroport régional comme celui de Mont-Joli qui gagnerai à s’inspirer d’initiatives aussi progressites pour mieux servir la population de la région….
Un jour il y aura du progrès vers l’avenir,mais la patiente est de mise avec les acteurs actuels qui ont des défis de taille qui mettrons toutes leurs compétences ,nous l’espérons,à faire mieux que leurs prédécédeurs et maintenant s.v.p……
M. LeBoutiller, l’aéroport régional de Mont-Joli travaille depuis 2010 à obtenir des autorités provinciales et fédérales les subventions nécessaires pour l’agrandissement de sa piste principale de façon à pouvoir recevoir les aéronefs utilisés par Transat et Sunwing qui ont permis l’internationalisation de certains aéroports régionaux. Malheureusement pour nous lors de la cession de l’aéroport en 2005, il ne fut pas possible pour des raisons règlementaires de conserver la longueur de la piste à 6000′. La situation étant depuis régularisée, il va s’en dire que l’objectif 1er est de procéder à ce projet. Les voyagistes ont déjà manifesté leur grand intérêt au projet. Nous avons eu d’ailleurs le 10 juin dernier la confirmation de l’argent du provincial. Nous sommes en attente du fédéral et la région du BSL est derrière ce projet.
Plusieurs québécois me font le commentaire de vouloir venir en Espagne mais les vols directs sont très limités à certaines périodes de l’année ou doivent passer par Paris. Est-ce que des compagnies aériennes comme Sunwing,Air Transat pourraient offrir aux clients des aéroports régionaux(Sept-ÎLes,Val d’Or)des vols nolisés vers l’Espagne?
Henri,
Nous sommes heureux de constater que l’aéroport international La Macaza – Mont-Tremblant est l’un des rares aéroports régionaux favorisant le tourisme réceptif. L’aéroport en est d’ailleurs à sa 5e année d’opérations de vols de Toronto et New York. Nouveauté cette année, les vols de New York sont également en liaisons avec des vols de Chicago et Boston, ce qui ouvre de nouveaux marchés américains pour la région des Laurentides.
André Jean Lauzon
je suis sous directeur communication dans une grande boite étatique tunisienne l’office de l’aviation et des aéroports entunisie(OACA).nous gérons sept aéroports dont six régionaux situés dans six communes distinctes. Récemment nous avons créer une direction responsable de la rentabilisation de ces aéroports dont l’investissement est élevé mais la rentabilité nagative. nous serons interessés par vos expériences et si nous pouvons collaborer.
Compte tenu des sommes requises pour garantir les risques financiers selon les modèles d’affaires développer avec les transporteurs, le grand défis pour la croissance, et dans certains cas, la consolidation du secteur aérien, est de mettre à contribution l’ensemble des communautés économiques et touristiques dans l’apport financier.
Utiliser Bagotville comme porte d’entrée pour développer l’offre touristique éco-aventure du Nord québécois est sans aucun doute un bon investissement.
C’est simple, tu ne penses pas à aller très loin une fois que l’avion s’est posé à Montréal.
Il y a tellement à voir.
Si l’avion se pose à Québec, c’est un peu pareil; l’offre touristique de cette région est à même de combler les plus exigeants.
Le Québec, c’est grand, très très grand.
Par contre, si un vol direct en charter me permet de me poser à Bagotville et qui me propose des activités comme le tour du Lac Saint-Jean en moto-neige.
Du traineau à chien dans les Monts-Valin, de voir des ours polaires à St-Félicien, de passer une soirée au Casino de Charlevoix, ça devient très distinctif et attractif
d’aller en vacances à Chicoutimi.
Parce qu’en vérité, les touristes eux, ce qu’ils souhaitent c’est de vivre des choses uniques et magiques dans un court laps de temps.
C’est ça qui est intéressant !
Le Québec c’est un peu ça, des Indiens, de la motoneige, des hivers formidables, des paysages grandioses et des gens fabuleux.
Des rivières, des lacs, des montagnes, des levers de soleils magnifiques et des champs d’étoiles que seul le ciel du Grand Nord est capable d’offrir.
Pour l’industrie, une liaison directe, Paris-Bagotville où Barcelone-Bagotville, etc. c’est plu facile à packager, c’est plus ciblé et plus facile à vendre.
Ça devient distinctif et accessible d’aller dans le Vrai Nord pour un européen et/ou un américain.
Parce qu’en final, l’avion c’est pas important où il se pose, ce qui est important pour l’industrie, c’est qu’il soit plein quand il arrive, qu’il repart avec des gens comblés par une expérience client inoubliable.
Je devine l’enthousiasme que vous exprimez à l’égard des activités de plein air dans la région du Saguenay – Lac-St-Jean. Le défi de faire atterrir des vols nolisés à Bagotville dépend du volume de clientèle pour remplir les avions. Je suis porté à croire que les transporteurs n’y ont pas vu un potentiel suffisant. Les liaison directes Québec-Paris donnent un bon rendement car on peut compter sur des clients aux deux extrémités. Comme vous le dites, ce qui importe c’est que l’avion soit plein quand il arrive. Merci pour votre commentaire.