Tout le monde en parle: la téléphonie sur IP
On entend beaucoup parler, ces derniers temps, d’aéroports ou d’hôtels qui transfèrent leur téléphonie vers un système VoIP («Voice over Internet Protocol» ou téléphonie sur protocole Internet). Pourquoi? Comment? De quoi s’agit-il vraiment? Quels sont les avantages ou les inconvénients?
La téléphonie IP c’est, en quelques mots, comme un aliment transgénique (OGM): c’est un téléphone traditionnel couplé avec un gêne de souris (d’ordinateur, bien sûr).
Définitions et mode d’emploi
Comme le souligne fort justement le Centre francophone d’informatisation des organisations (Cefrio), l’Office de la langue française (OLF) donne les définitions suivantes (il est intéressant de noter la nuance entre les deux appellations):
- voix sur IP (Voice over Internet Protocol)
Technique permettant d’intégrer la voix aux données transmises par paquets sur un réseau utilisant le protocole IP. - téléphonie sur IP (Telephony over Internet Protocol)
Ensemble des techniques qui, dans une entreprise ou un organisme, permettent de mettre en place des services téléphoniques sur un réseau utilisant le protocole IP.
En effet, il ne faut pas confondre les termes «voix sur IP» et «téléphonie sur IP». La voix sur IP est une technique de transmission de messages vocaux sur un réseau IP, alors que la téléphonie sur IP consiste à mettre en place des services téléphoniques sur un réseau IP, en utilisant la technique de la voix sur IP. Ces notions sont très proches, mais l’OLF conseille cependant de les distinguer.
Disponible pour les grandes entreprises et les PME, la téléphonie sur IP est issue du phénomène Internet. Elle permet de transporter des signaux de voix de la même façon et simultanément sur le même canal que des signaux de données.
De très nombreux avantages
Ce système attire surtout l’attention pour ses nombreux avantages:
Outre les économies affichées sur la facture du téléphone (il faut néanmoins toujours acquitter la facture d’Internet), les fonctions combinées entre le téléphone et les outils informatiques actuels en font un excellent outil de relation client (qualités très appréciées lors de l’équipement d’un centre d’appels, par exemple).
Cette nouvelle forme de téléphonie va permettre d’ajouter des fonctions ou d’en simplifier d’autres, comme:
- la constitution d’un annuaire de l’entreprise;
- le renvoi automatique d’appels;
- la messagerie unifiée (permet de recevoir les messages téléphoniques, les fax et les courriels sur une seule et même application);
- des applications de téléconférence, etc.
Bien sûr, quelques inconvénients sont tout de même à dénombrer, comme:
- le fait que ce soit une technologie en phase de maturation;
- il n’existe pas encore de standard (les normes sont en évolution constante);
- comme c’est une technologie difficile à intégrer, le choix du partenaire est déterminant;
- l’envoi d’une tâche plus complexe (un gros document à imprimer, par exemple) peut ralentir l’envoi d’autres paquets de communication;
- c’est une technique qui demande une bonne maîtrise de l’installation après l’intégration.
Les petites et très petites entreprises, qui ne sont pas équipées d’un réseau informatique, peuvent toujours utiliser le système de voix sur IP (de type NetMeeting, par exemple) qui offre quand même une solution intéressante pour diminuer les coûts des appels interurbains.
Une technologie cependant peu (et mal) connue
Ce phénomène mondial prend beaucoup d’expansion et la concurrence sur le marché est féroce. À tel point que des compagnies comme Bell sonnent le glas de l’interurbain «traditionnel» et ont décidé de se lancer dans la course aux nouveaux clients. Au Québec, Bell tente principalement de concurrencer Vidéotron et Cogeco, qui offrent des forfaits à tarif unique combinant câblodistribution, télévision numérique et accès Internet à haute vitesse.
Pourtant, dans la vie de tous les jours, peu de personnes savent réellement de quoi il en retourne exactement.
Au Canada, selon une étude Ipsos-Reid portant sur l’usage de services de transmission de la voix sur IP auprès des Canadiens, seulement un internaute adulte sur quatre (soit 23%) a indiqué avoir déjà entendu parler de la voix sur IP, tandis qu’un sur cinq (soit 19%) a déclaré la même chose dans le cas de la téléphonie sur IP.
Des 52% d’internautes qui disent connaître les bases de la téléphonie sur IP, seulement 8% ont déclaré en faire usage à la maison, ce qui ne représente somme toute que 1% de l’ensemble des ménages canadiens.
Aux États-Unis, selon une étude du Pew Internet Project, seulement 27% des internautes américains ont entendu parler de la téléphonie sur IP et environ 3,5% ont envisagé cette solution. 11% des internautes américains (soit quand même 14 millions de personnes) auraient déjà expérimenté ce type de communication, que ce soit chez eux ou au travail.
Bref, que l’on soit un particulier, une petite ou une grande entreprise, la téléphonie sur IP présente de séduisants avantages… qui, une fois mieux compris, ne risquent pas de tomber dans l’oreille d’un sourd!
Voir aussi
Sources:
– Radio-Canada. «Les Canadiens tardent à utiliser la téléphonie IP», 5 juillet 2004.
– Ipsos-Reid. «Canadians slow to embrace VoIP», [www.ipsos-na.com], janvier 2004.
– Horrigan, John et Alan Hepner. «One Quarter of Online Americans Have Heard of VOIP Telephone Service; About One in Eight are Considering Getting it at Home», Pew Internet Report [www.pewinternet.org], 27 juin 2004.
– Vallières, Martin. «Bell sonne le glas de l’interurbain traditionnel», La Presse, 18 juin 2004.
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