Les campings au Québec: des exploitants se prononcent
On compte plus de 870 terrains de camping au Québec, regroupant pas moins de 115 000 emplacements. Globalement, l’industrie semble bien se porter et demeure à l’écoute des attentes, notamment en matière de prêt-à-camper et de pratiques environnementales.
Ces petites et moyennes entreprises, qu’elles soient privées ou publiques, déploient de nombreux efforts pour accueillir une clientèle très diversifiée sur une courte période de l’année. Voici un aperçu de l’état de santé des campings du Québec et de quelques tendances qui teintent leur évolution.
Le Conseil de développement du camping au Québec et ses partenaires – Camping Québec et la Fédération québécoise de camping et de caravaning – ont mandaté la Chaire de tourisme Transat de l’ESG UQAM pour réaliser une étude sur le camping au Québec en 2012. Dans cette optique, tous les exploitants de terrains de camping du Québec ont reçu au printemps 2012 un questionnaire sur divers aspects concernant la gestion d’un terrain de camping au cours des deux années précédentes. Le taux de réponse plutôt faible (94 terrains sur 870) incite néanmoins à considérer les résultats avec réserve. Voici un aperçu de l’analyse de ce sondage ainsi que d’autres enquêtes menées auprès des campings québécois.
Une évolution positive
Globalement, la performance financière des campings sondés privés et publics a été bonne en 2010, et encore meilleure en 2011. La rentabilité des campings privés est supérieure à celle des campings publics, ce qui s’explique essentiellement par une mission économique différente.
Ainsi, tous les campings privés de 121 sites et plus participant à l’enquête ont généré des flux monétaires positifs au cours des saisons 2010 et 2011. Dans le cas des plus petits campings privés (jusqu’à 120 sites), la moitié a réussi à faire de même. En ce qui concerne les campings publics, le taux de succès varie entre 63 et 82% pour les deux catégories ayant répondu au sondage (jusqu’à 120 sites et de 121 à 300 sites) au cours des mêmes exercices.
Le secteur connaît depuis quelques années une progression à plusieurs niveaux. Sur le plan de l’évolution de la tarification, par exemple, les prix ont connu une augmentation annuelle intéressante de 2005 à 2011 (voir le tableau 1).
Si l’on compare ces hausses de prix au taux d’inflation, qui a varié entre 0,9% et 2,9% annuellement entre 2005 et 2011, on peut avancer que les campings ont globalement connu un enrichissement additionnel au cours de cette période.
Des partenariats avec l’offre touristique
Néanmoins, les exploitants ayant participé aux entrevues téléphoniques, complémentaires au sondage mené par la Chaire de tourisme, estiment que les prix de location dans l’ensemble sont trop bas et qu’ils devraient être ajustés selon la qualité de l’emplacement loué et le nombre de services offerts. Toutefois, peu d’exploitants majorent ainsi leurs tarifs, car ils craignent de perdre leur clientèle au profit de campings environnants ou d’autres options qui s’offrent maintenant aux voyageurs, comme la possibilité de garer le véhicule récréatif (VR) dans les aires de stationnement de centres commerciaux ou d’arénas de la région.
Certains préfèrent miser sur l’offre de forfaits «camping – événement», qui tirent profit d’un événement touristique dans la région pour inciter les voyageurs à séjourner dans leur camping. De pair avec l’industrie du tourisme, des exploitants développent des forfaits «camping – attraits touristiques» et étendent de cette manière leur bassin de clientèle potentielle.
Plus de sites pour les saisonniers
Selon les données de Tourisme Québec, la fréquentation quotidienne des terrains de camping a connu une croissance de 11%, ce qui représente en moyenne 7583 sites occupés de plus par jour au cours de l’été 2010, comparativement à l’été 2006. Cette croissance provient principalement de l’augmentation du nombre de sites occupés par les campeurs saisonniers (+14,2%) et, dans une moindre mesure, par les campeurs voyageurs (+2,7%).
Le sondage réalisé par la Chaire de tourisme auprès des campings confirme d’ailleurs cette tendance. Au cours des deux dernières années, 23% des répondants ont transformé des emplacements pour campeurs voyageurs en sites pour saisonniers. À l’inverse, 13% ont attribué des sites de saisonniers aux voyageurs. Globalement, cette conversion semble indiquer un besoin pour les exploitants de campings d’ajuster l’offre au profit des saisonniers, ce qui leur assure une plus grande stabilité de revenus. Au total, parmi les campings de l’échantillon, 129 sites ont changé de vocation en faveur des saisonniers et 50 ont été convertis pour les voyageurs.
Les campings prennent le virage vert et celui du prêt-à-camper
La plupart des exploitants interrogés (89%) ont souligné avoir pris des initiatives pour réduire leur empreinte environnementale. Voici les principales actions entreprises en ce sens par les campings:
- Installation de bacs de recyclage (92%);
- Recours aux produits locaux, lorsqu’il est possible de le faire (56%);
- Utilisation de produits nettoyants biodégradables (56%);
- Sensibilisation des employés et des clients à l’adoption d’une approche écoresponsable (52%);
- Installation de minuterie pour les douches (30%).
La majorité des exploitants ayant pris des initiatives vertes y ont investi moins de 1000$; le tiers d’entre eux y ont consacré moins de 500$. De plus, 41% des campings répondants ont l’intention d’investir au cours des douze prochains mois pour améliorer leur performance environnementale. Près des trois quarts affirment que leurs clients souhaitent adopter des comportements écoresponsables en camping. Malgré cela, la majorité des exploitants ne sont pas intéressés à adhérer à une certification environnementale moyennant des frais maximaux de 500$ par année. Seulement 5% démontrent un grand intérêt pour un tel label.
Un peu moins de la moitié (45%) des sondés proposent d’autres types d’hébergement, en plus des sites de camping. L’offre d’unités en chalet et en cabine est la plus abondante (53%), suivie des caravanes et des tentes-caravanes (17%). Parmi les exploitants qui proposent ce type d’hébergement clés en main, la moitié constatent une hausse de la demande.
Quant à l’industrie du VR, elle n’est pas en peine. Selon l’organisation canadienne Liberté en VR, de janvier à septembre 2012, il s’est vendu 10 126 VR neufs au Québec, ce qui représente une hausse de 3,5% par rapport à la même période de l’année précédente. Du grand aventurier au plus douillet des urbains, le camping ratisse de plus en plus large.
Source:
– Chaire de tourisme Transat de l’ESG UQAM. «La pratique du camping au Québec en 2012», Conseil de développement du camping au Québec et ses partenaires, février 2013.
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En tant que président du centre d’interprétation de l’agriculture et de la ruralité (CIAR) au Lac Saint-Jean, je vois de bon oeil le maillage entre le réseau des terrains et camping et les VR dans la mise en place de forfaits. Je vais en tenir compte dans notre approche marketing.
Je trouve intéressante l’idée de maillage dans l’offre de forfait avec les sites touristiques et les lieux d’interprétation.