Les microbrasseries en pleine effervescence… touristique!
Qu’elle soit blonde, brune ou rousse, la bière de microbrasserie est à la mode. Elle accompagne les plats gastronomiques et intéresse les touristes par sa fabrication artisanale et régionale. Les microbrasseries québécoises sont nombreuses et leur nombre ne cesse de croître. Elles font désormais partie des intervenants touristiques, alors comment peuvent-elles aider à promouvoir le Québec comme destination?
Une tendance enivrante: Beer is the new wine
Selon le magazine Flavor & The Menu, la tendance numéro un en 2009 dans le milieu de la restauration est le mariage de la bière et d’une variété de mets gastronomiques. L’article confirme que la «révolution des microbrasseries» est la cause de cette nouvelle perception favorable, car les produits qui en sont issus présentent une palette de saveurs qui se marient mieux avec celles des aliments que du vin.
En raison de son prix moins élevé, la bière se prête davantage à une dégustation dans un cadre informel, une ambiance décontractée, ce qui convient bien au climat économique actuel. Cet avantage expliquerait la popularité croissante des pubs gastronomiques ou «gastro-pub» en Europe et en Amérique du Nord.
Faire mousser l’intérêt touristique
Cette nouvelle popularité pour la bière artisanale se traduit par un intérêt accru pour la tradition brassicole et ses origines. En 2008, les petites et grandes brasseries de la République tchèque ont reçu 380 000 touristes, une hausse de 8,5% par rapport à l’année précédente. Le «tourisme de bière» constitue le segment à plus forte croissance dans ce pays.
En Belgique, on mise beaucoup sur la culture de la bière pour vendre la destination. En effet, le site Internet de l’Office de tourisme de Belgique fournit le calendrier des nombreux événements et festivals de bières qui ont lieu pendant l’année, dresse la liste des brasseries et musées par région ainsi que des grossistes et des forfaits thématiques sur la bière. On y trouve également une panoplie de ressources permettant aux visiteurs de mieux connaître le produit belge. Ailleurs, la ville de Copenhague invite les touristes à visiter les brasseries, à goûter le produit et à échanger leurs impressions avec le maître-brasseur.
Dans les Alpes suisses, la brasserie Monsteiner Bier offre aux visiteurs neuf expériences uniques de dégustation, dont un forfait découverte qui inclut un parcours panoramique en train, une randonnée en montagne, la visite de la brasserie et, bien sûr, la dégustation de ses produits.
La popularité des microbrasseries s’observe également aux États-Unis, où les ventes de bières artisanales ont augmenté de 12% en 2007, selon le Brewers Association. Le magazine Forbes affirme d’ailleurs que les visites de brasseries deviennent de plus en plus sophistiquées. De la tournée animée par le maître-brasseur aux leçons brassicoles pour les touristes, ces visites attirent un nombre grandissant d’amateurs locaux et internationaux. Constatant cet intérêt pour ses produits, la brasserie Rogue à Newport, en Oregon, a ouvert un petit hôtel-appartement judicieusement appelé Bed & Beer.
Les microbrasseries du Québec: levons notre verre!
De nos jours, les Québécois consomment 90 litres de bière par année en moyenne. Toutefois, même si la tradition brassicole est bien ancrée dans les racines du Québec, ce n’est que depuis la fin des années 1980 qu’on produit de la bière artisanale un peu partout dans la province. Et ce n’est pas terminé! «Les brasseries artisanales poussent comme des champignons», affirme l’éditeur en chef du magazine Bières et plaisirs. En 2007, la part de marché des microbrasseries du Québec atteignait 4,3%, mais l’Association des microbrasseries du Québec (AMBQ) souhaite la faire passer à 12% d’ici 2017.
Au Québec, on commence depuis quelques années à voir les microbrasseries dans le portrait touristique. Cette année, la Microbrasserie du Lac St-Jean a été désignée lauréate d’or des Grands prix du tourisme 2009, dans la catégorie «Développement touristique – Restauration». L’an dernier, la Microbrasserie Nouvelle-France en Mauricie emportait le bronze dans cette même catégorie.
Actuellement, 14 des 22 régions touristiques du Québec ont au moins une microbrasserie sur leur territoire. Leurs bières plaisent aux touristes à la recherche de produits de fabrication locale et d’expérience authentique. En raison de noms comme «L’écume» (Îles-de-la-Madeleine), la «P’tit train du Nord» (Laurentides), «La Ciboire» (Québec) ou «La Noix de marmotte» (Montérégie), les bières des microbrasseries québécoises deviennent de véritables produits identitaires qui se rattachent à la région, à ses spécificités géographiques, à son peuple et même parfois à son folklore. De plus, l’AMBQ vise l’augmentation de son approvisionnement en ingrédients locaux, ce qui permettrait à certaines microbrasseries d’obtenir une appellation réservée.
Pour aider le consommateur à s’y retrouver, les Éditions Néopol consacrent un guide Petit Futé complet aux microbrasseries du Québec (Petit Futé s’est d’ailleurs associé à la microbrasserie Au Maître Brasseur (Laval) pour commercialiser sa propre bière!). De plus, le Mondial de la bière distribue une carte des microbrasseries du Québec, mais celle-ci n’est offerte qu’en version papier seulement. Peut-être y aurait-il lieu de créer une version électronique de cette carte afin de promouvoir ce produit distinctif et de le diffuser en ligne, à un public élargi. Fait intéressant, le site de planification de vacances www.quebecvacances.com dresse maintenant la liste des microbrasseries sous la catégorie «Activités et attraits».
Le Québec s’exporte…
Le Mondial de la bière de Montréal célèbre les bières d’ici et d’ailleurs depuis maintenant 17 ans. En octobre, l’événement ira faire connaître le Québec par le biais de ses bières à Strasbourg, de l’autre côté de l’Atlantique. Le lancement d’une édition sud-américaine du festival fait également partie des projets envisagés.
La bière «400e» d’Unibroue, brassée à l’occasion du 400e anniversaire de Québec, a réellement souligné l’événement. Servie dans les établissements de la capitale, la «400e» était aussi en vente dans le reste du Québec, aux États-Unis et dans la vingtaine de pays où les produits Unibroue son distribués, procurant ainsi une visibilité accrue à la microbrasserie, mais aussi à la ville et aux festivités qui s’y déroulaient. La fête étant maintenant terminée, la «400e» sera toujours vendue au Québec en guise de passage à l’histoire.
Sachant que cette entente a profité autant à Unibroue qu’aux festivités, y aurait-il lieu d’avoir une plus grande collaboration entre les microbrasseries, les événements et les attraits touristiques? Une chose est certaine, les microbrasseries et leurs bières sont à la mode. On aurait tout avantage à en offrir plus aux clientèles touristiques dans les bars et les restaurants du Québec, mais aussi dans les boutiques de souvenirs!
Sources:
– Artis, Olivier. «Le 400e part, la 400e d’Unibroue reste», Bières et plaisirs, février-mars 2009.
– Artis, Olivier. «Capitaine Marois contre vents et marées», Bières et plaisirs, juin-juillet 2009.
– Morin, Annie. «Les microbrasseries locales en quête d’ingrédients québécois», Le Soleil, 1er mars 2009.
– Ruiz, Rebecca. «World’s Top Brewery Tours», Forbes Magazine, 1er juillet 2008. [http://www.forbes.com]
– Wouters, Philippe. «Mot de l’éditeur», Bières et plaisirs, février-mars 2009.
– Wouters, Philippe. «Invitation à la gourmandise», Bières et plaisirs, avril-mai 2009.
– Wouters, Philippe. «Fiers d’être bleu!», Bières et plaisirs, juin-juillet 2009.
– «Czech Republic Flooded by Beer Tourists», Tourism Review, 18 décembre 2008. [http://www.tourism-review.com]
Sites:
www.bonjourquebec.com
www.festivalmondialbiere.qc.ca
www.neopol.ca
www.quebecvacances.com
www.unibroue.com
www.visitbelgium.com
www.visitcopenhagen.com
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