Le Canada touristique: de plus en plus dans le rouge!
On le dit et on le redit sur tous les tons et au moins dans les deux langues officielles, les Américains voyagent et dépensent moins au Canada, et ce, depuis plusieurs années, qu’elles qu’en soient les causes. Les Canadiens, eux, voyagent et dépensent de plus en plus à l’étranger. Résultat: une balance touristique dans le rouge écarlate! Coup d’œil sur le compte des voyages internationaux du Canada depuis cinq ans.
Le compte des voyages internationaux est une composante de la balance des paiements. Il mesure la différence entre les dépenses des Canadiens à l’étranger et celles des étrangers au Canada. À ce chapitre, le déficit du Canada a presque quadruplé au cours des cinq dernières années, passant de 3,3 milliards de dollars en 2004 à son sommet actuel de 12,6 milliards (tableau 1).
Les dépenses des visiteurs étrangers (des États-Unis et d’outre-mer confondus) ont diminué de 4,5% en cinq ans, atteignant 16,2 milliards de dollars, alors que celles des Canadiens à l’étranger ont augmenté de 42,6% pour se situer à 28,9 milliards de dollars (tableau 1). Il s’agit d’une quatrième hausse annuelle consécutive et du plus haut niveau de dépenses des Canadiens à l’étranger en cinq ans.
La croissance des recettes provenant des voyageurs d’outre-mer (20%) n’a pas été suffisante pour pallier l’augmentation des dépenses des Canadiens à l’étranger (34%) et aux États-Unis (50%).
Ce déficit se poursuit en 2009 (tableau 2) bien que de façon moins prononcée qu’à la même période en 2008, soit 8,2 millions de dollars en 2009 comparativement à 8,8 millions en 2008. Deux facteurs ont contribué à la diminution des recettes en provenance des voyageurs étrangers:
- l’annulation des vols vers le Mexique par les transporteurs aériens canadiens à la suite de l’éclosion dans ce pays du virus de la grippe A (H1N1);
- l’obligation, depuis le 1er juin, de détenir un passeport pour rentrer aux États-Unis par voie terrestre.
Les voyageurs américains dépensent moins au Canada
De 2004 à 2008, le déficit au compte des voyages avec les États-Unis s’est accru de 7,7 milliards de dollars pour atteindre 8,9 milliards, soit une augmentation de près de 700% (graphique 1). Cet accroissement du déficit est dû à la très forte hausse (50%) des dépenses des voyageurs canadiens aux États-Unis et à une réduction, au fil des ans, de près du quart des dépenses réalisées au Canada par les voyageurs américains.
Cette baisse des recettes provenant des Américains en voyage au Canada peut s’expliquer par une diminution de plus de 20% du nombre de voyages effectués au Canada (tableau 3) et de 6 % des dépenses moyennes par voyage (tableau 4). Ainsi, non seulement les Américains viennent moins au Canada, mais ils ont également diminué leurs dépenses moyennes par voyage.
La tendance se poursuit au premier semestre de 2009, où l’on assiste à un déficit au compte des voyages avec les États-Unis de 5,3 milliards de dollars (graphique 2).
Les nombreux voyages des Canadiens vers les pays d’outre-mer gonflent le déficit
De 2004 à 2008, la croissance plus élevée des dépenses des Canadiens dans les pays d’outre-mer que celle des étrangers (autres que les Américains) au Canada (33,5% comparativement à 20%) a conduit à un déficit de 3,8 milliards en 2008, soit 1,7 milliard de plus qu’en 2004 (graphique 2). Cette croissance des dépenses des Canadiens – malgré une diminution des dépenses moyennes par voyage de 6% – s’explique par la très forte hausse du nombre de voyages des Canadiens (42%) à l’outre-mer (tableaux 3 et 4).
Aux deux premiers trimestres de 2009, les dépenses de voyage des Canadiens à l’étranger ont connu une diminution de près de 30%, passant de 3,9 milliards de dollars à 2,8 milliards (tableau 5). Le nombre élevé de voyages dans le Sud durant la période hivernale peut expliquer le niveau supérieur de dépenses au premier trimestre de l’année. Quant aux dépenses des voyageurs d’outre-mer, elles ont crû de 5,3 %.
Pour 2010, le Conseil mondial du voyage et du tourisme (WTTC) prévoit une année difficile, car l’industrie touristique doit surmonter la baisse du trafic et la diminution des tarifs. Les voyages d’affaires sont en chute libre, et les secteurs aérien et hôtelier en souffrent énormément. S’y ajoute l’instabilité des devises comme le dollar et la livre sterling qui pèse sur le trafic international du tourisme. Selon ces prédictions, ce n’est pas demain la veille où nous verrons apparaître un compte des voyages internationaux positif.
Sources:
-Bergeron Ulysse. «Moins de touristes, moins de dépenses» [http://lesaffaires.com/secteurs-d-activite/general/moins-de-touristes-moins-de-d%26eacutepenses/498640], 29 septembre 2009.
– CCT. «Le déficit touristique du Canada atteint 3,1 milliards de dollars au T2 2009» [http://centredesmedias.canada.travel/content/ctc_news/international-travel-account-second-quarter-q2-2009] ,29 septembre 2009.
– CCT. «Tourisme en bref», bilan annuel, Faits et chiffres 2008, [http://www.corporate.canada.travel/docs/research_and_statistics/stats_and_figures/snapshot_YearInReview_2008_fre.pdf], 3e édition, version révisée.
– Statistique Canada. «Compte des voyages internationaux, Deuxième trimestre de 2009 (données provisoires)» [http://www.statcan.gc.ca/daily-quotidien/090827/dq090827a-fra.htm], 27 août 2009.
– Statistique Canada. «Voyages internationaux 2004, 2006, 2008, 1er et 2e trimestres 2009», Catalogue 66-201.
recettes en provenance des voyageurs étrangers:
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Pas étonnant. Le tourisme au Québec coûte très cher. Je peux avoir une croisière de 5 jours sur les côtes de la Floride pour le prix d’une fin de semaine dans un bel hôtel du Québec.
Au Québec, l’offre n’est pas là..Elle n’est pas alléchante, ni pour les étrangers, ni pour les Québécois…c’est plutôt un attrape touriste qui à atteint son plein potentiel.
Il serait temps de se comparer aux autres marchés internationaux et de tenter d’être un peu plus compétitifs.
merci,
Manuel