Découvrir la destination à la pagaie
Avec le fleuve que l’on souhaite valoriser, quelque 400 000 lacs et de magnifiques rivières, le Québec pourrait miser davantage sur les activités nautiques de pagaie pour faciliter la découverte du territoire par voie d’eau et par l’aventure.
Le Print Measurement Bureau 2014 estime que 673 000 Québécois ont fait du canot à au moins une occasion au cours de la dernière année. C’est sensiblement le même nombre et la même proportion, soit plus ou moins 10% des Québécois de 12 ans et plus, depuis 5 ans. Bien que les statistiques sur la pratique du kayak et de la planche à pagaie (stand-up paddling, SUP) – planche individuelle sur laquelle on pagaie debout – ne soient pas disponibles, nous pouvons affirmer qu’il s’agit de deux activités en vogue depuis quelques années.
Le kayak au premier rang
Le kayak s’avère le sport de pagaie le plus populaire; le nombre de gens le pratiquant a augmenté de 20% de 2010 à 2012
L’organisme Outdoor Foundation publiait récemment un rapport sur la pratique des activités de pagaie par les Américains. L’étude révèle que plus de 19 millions d’individus (6,7% de la population de 6 ans et plus) se sont adonnés au canot, au kayak, à la planche à pagaie ou au rafting en 2012. Le kayak s’avère le sport de pagaie le plus populaire; le nombre de gens le pratiquant a augmenté de 20% de 2010 à 2012, et c’est en Nouvelle-Angleterre que son taux de pratique est le plus élevé (8,2% de la population). Le canot arrive en seconde place tous groupes d’âge confondus, mais il est le sport de pagaie le plus populaire parmi les jeunes de 6 à 17 ans. La fréquence de pratique du canot est plus élevée que pour les autres activités de pagaie, mais son nombre d’adeptes a diminué au cours des dernières années.
Le rafting récolte 1,3% de participants auprès de la population américaine. La plupart (68%) en ont fait moins de 3 fois au cours de l’année. Cette activité est surtout pratiquée par des garçons de 13 à 17 ans. Le rafting est aussi en perte de vitesse. La planche à pagaie est une activité nautique en pleine émergence, dont la croissance de 2010 à 2012 a été de 36%. Elle rejoint pour l’instant 1,5 million d’Américains, soit 0,5% de la population. La planche à pagaie séduit principalement les adultes de 18 à 44 ans. Le tableau suivant rassemble les faits saillants de l’étude de l’Outdoor Foundation et de Coleman.
Faciliter la pratique et initier les jeunes
Les organismes comme Pagaie Canada et la Fédération québécoise du canot et du kayak rassemblent des programmes de formation pour apprendre aux gens à pratiquer ces sports. Aux États-Unis, le National Water Trail System (NWTS), une initiative gouvernementale, fait appel aux coopératives ainsi qu’aux organismes locaux et d’États qui gèrent les différents cours d’eau afin de regrouper les parcours canotables des États-Unis. Le NWTS a ainsi pour but de protéger et de restaurer les rivières, les lacs et leurs berges, tout en y favorisant l’accès aux loisirs de plein air. L’utilisateur peut se rendre sur le site Web de la NWTS pour consulter les parcours canotables, ainsi que les caractéristiques et les cartes utiles pour y naviguer. Les adeptes peuvent y partager leurs histoires de descente de rivières.
Source: National Water Trails System
L’organisme américain Outdoor Nation, dont le but est d’inciter les jeunes – surtout ceux de la génération Y – à faire des activités de plein air, mise d’abord sur les sports de pagaie pour y arriver. En collaboration avec le U.S. National Park Service, entre autres, Outdoor Nation lance la troisième édition de Paddle Nation Grant, un programme de bourses pour les instigateurs de projets qui poussent les jeunes à pagayer. Chacun des 16 projets novateurs gagnants recevra une bourse de 2500 dollars américains.
Sortir des sentiers battus… et se régaler!
Les adeptes de sports de pagaie s’organisent pour pratiquer leur activité de façon autonome ou avec des groupes d’initiés. Mais pour inciter les néophytes à le faire, le producteur doit offrir le service complet qui comprend une courte formation, l’équipement et l’activité guidée. Plusieurs petites entreprises québécoises le font. Certaines vont au-delà de l’offre traditionnelle avec des sorties en mer en plein hiver. C’est le cas de Katabatik, qui propose des sorties hivernales en kayak sur le fleuve dans la région de Charlevoix. L’activité n’est pas plus difficile à pratiquer qu’en été, selon le propriétaire. Lorsque l’on est bien habillé, il s’agit d’une expérience unique et mémorable.
Source: Katabatik
D’autres entreprises misent aussi sur l’aspect épicurien des voyageurs, comme Fjord en Kayak, au Saguenay, qui propose un menu gourmand. En Colombie-Britannique, Edible Canada et Sealegs Kayaking ont créé les Gourmet Kayaking Weekend. Ces séjours combinent la découverte des Gulf Islands en kayak, des nuitées sous la tente et des repas conçus par des chefs à l’aide de produits locaux et de vins de la région. La vidéo suivante donne un aperçu d’un séjour type.
Jouer la carte de la nouveauté
L’effet de nouveauté de la planche à pagaie se fait toujours sentir. Sa polyvalence en fait une activité qui peut se conjuguer de multiples façons, que ce soit en lac, en rivière, que l’on soit jeune ou moins jeune, sur un cours d’eau agité ou calme. D’ailleurs, le SUP Yoga est pratiqué autant en ville qu’en milieu de villégiature. Méditer en plein lac tout en cherchant l’équilibre sur sa planche se prête bien aux objectifs du yoga. Les retraites de SUP yoga se multiplient. Juna Yoga offre notamment à Mont-Tremblant une retraite yoga + SUP + écologie. Le forfait comprend aussi des activités de plein air et des ateliers de cuisine biologique.
Source: Juna Yoga
Un moyen de découverte et de sensibilisation
Pour le Québec et le Canada, les sports de pagaie représentent tout un pan de l’histoire et s’inscrivent dans le patrimoine. Autrefois un moyen de déplacement, ce type d’activité pourrait contribuer à l’interprétation des lieux et à la découverte de milieux naturels et d’espaces spectaculaires, parfois même inaccessibles autrement que par voie d’eau. Les sports de pagaie, qui incitent à la contemplation, permettent de se rapprocher de la nature et de sensibiliser l’utilisateur à sa protection, pour un tourisme plus durable.
Image à la une ©istockphoto
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Source(s)
- Coleman et Outdoor Foundation. «2013 Special Report on Paddlesports», 2013.
- Ferraris, Florence Sara G. «Le son du silence en kayak», Le Devoir, 8 mars 2014.
- National Parks Traveler. «Connecting Youth to National Parks Through Paddling Programs», 8 avril 2014.
- O’Connor, Marci. «Take your Yoga Off the Mat with this Fun New Fitness Trend», Châtelaine, 15 juin 2013.
- Print Measurement Bureau 2014.
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