Le transport par taxi arrive à une intersection
De nouvelles entreprises mettent en relation directe chauffeurs et utilisateurs, provoquant toute une commotion dans l’industrie du taxi. Le principal nouvel acteur, Uber, fait grandement parler de lui, mais pas seulement pour les bonnes raisons.
Comme d’autres jeunes entreprises Internet (start-up), Uber a trouvé l’adéquation entre le Web, la mobilité, les communautés sociales et la géolocalisation pour offrir un nouveau mode de consommation répondant à des besoins exprimés par des individus ou des voyageurs. Airbnb en est l’exemple classique. Ces services se heurtent parfois aux législations, mais leur popularité prend généralement le dessus.
La plateforme Uber, fondée à San Francisco et présente dans 150 villes dans le monde dont Montréal, permet de repérer les taxis situés aux alentours et de les héler à l’aide de son téléphone intelligent. Des milliers de chauffeurs se rendent ainsi disponibles, discrètement, sans nécessairement le dévoiler à la société qui les emploie. Uber prélève une commission, mais fournit un iPhone aux chauffeurs. Limousines, voitures de luxe et véhicules utilitaires sport (VUS) font également partie de l’offre répertoriée. Parallèlement, UberX fait appel aux particuliers, qui peuvent offrir du transport à bord de leur propre véhicule, faisant ainsi directement concurrence aux chauffeurs professionnels. Ce service est encore peu développé. Lyft et Sidecar proposent un concept semblable.
Pourquoi ça roule bien?
Le succès de ce concept repose sur la réponse à des besoins émis et à la simplification du processus.
- Trouver un moyen de transport est plus facile que jamais. On peut contacter un taxi ou un particulier qui est tout près de nous et suivre son approche. C’est l’utilisation optimale des téléphones intelligents. L’application est même intégrée à TripAdvisor, et on peut réserver un transport directement sur les pages d’attractions ou de lieux touristiques et dans la version mobile de Google Maps.
- Payer est plus facile que jamais. Plus besoin d’avoir d’argent comptant ou de gérer un lecteur de cartes de crédit. Tout se fait par l’application.
- Éviter les intermédiaires. Uber prélève une commission considérable sur le coût du trajet (variable entre 15 et 25%), mais les conducteurs jouissent de latitude et de contrôle comme ils n’en ont jamais eu.
- Réduire les dépenses de transport. Pour les voyageurs d’affaires entre autres, cette plateforme permet de diminuer les coûts relatifs à leurs déplacements, d’autant plus depuis que des partenariats ont été conclus avec des spécialistes du voyage d’affaires tels Concur (une entreprise de gestion des déplacements professionnels, utilisée par plus de 25 millions de personnes), American Express et TripCase de Sabre.
- Qualifier le service. Le système de commentaires réciproques peut discréditer les mauvais utilisateurs, qu’ils soient conducteurs ou passagers.
Notons qu’en plus de TripAdvisor et Google Maps, Uber permet à plusieurs autres entreprises d’intégrer son API telles que Expensify, Hyatt Hotels & Resorts, OpenTable, Starbucks et United Airlines.
Un parcours accidenté
… Uber ou une autre entreprise se fraiera un chemin si le service offert répond à un besoin exprimé par la population.
Uber fait face à diverses poursuites ou interdictions dans plusieurs pays. L’entreprise fera appel de cette décision. Elle change d’ailleurs d’attitude progressivement pour mieux travailler avec les autorités en place, notamment à New York. Elle se débat toujours avec les réglementations européennes et avec la concurrence en Asie. Des milliers de chauffeurs de taxi ont manifesté le 11 juin dernier dans quelques villes européennes pour dénoncer cette concurrence jugée déloyale. De nombreux soubresauts sont certainement encore à prévoir, mais en fin de compte, Uber ou une autre entreprise se fraiera un chemin si le service offert répond à un besoin exprimé par la population.
De plus, Uber a les reins solides. Ce dernier est soutenu par des investisseurs majeurs tels que Google Ventures, Amazon et Goldman Sachs, portant sa valorisation à plus de 18 milliards de dollars américains, ce qui représente davantage que Hertz et Avis réunis et le place devant Airbnb et Dropbox.
La corde sensible de la sécurité
Taxicab, Limousine & Paratransit Association, qui représente 1100 compagnies de taxis, soulève l’enjeu de la sécurité avec la campagne Who’s Driving You, qui vise la sensibilisation de la population aux dangers de faire confiance aux conducteurs lorsqu’il ne s’agit pas de chauffeurs de taxi. Le site invite les utilisateurs à dénoncer des situations fâcheuses qu’ils ont déjà vécues. Uber tente de rassurer sa clientèle avec un programme d’assurances.
D’autres voies
La réglementation de Las Vegas ne permet pas encore à Uber d’y être présent. Une nouvelle application approuvée par les autorités, Ride Genie, permet néanmoins de héler virtuellement une limousine, une voiture de luxe et bientôt un taxi.
Hailo, une entreprise anglaise qui offre depuis novembre 2013 une application similaire à Montréal, a collaboré avec les responsables du transport par taxi et a obtenu un permis d’exploitation en bonne et due forme. La rude concurrence sur le marché nord-américain l’a cependant amenée à plier bagage.
Autre service intéressant, Bandwagon permet de partager des taxis. Cette application lancée en juillet vise à regrouper les passagers se rendant à des destinations similaires ou rapprochées. Le tarif par personne est moins élevé que si le passager avait été seul, mais le revenu total pour le chauffeur de taxi est plus élevé. En plus d’une application, une borne est installée à l’aéroport La Guardia de New York.
Source: Shareable
Bref, les entreprises mettant en relation chauffeurs de taxi et passagers qui travaillent avec les répartiteurs officiels semblent trouver un terrain d’entente. Les choses se corsent lorsque les centrales sont évitées ou, ce qui est encore plus controversé, lorsque des particuliers sont invités à offrir leurs services. Un petit coup d’œil dans le rétroviseur laisse cependant croire que si d’autres organisations perdurent et chamboulent les modèles établis en hébergement et en restauration, par exemple, pourquoi cela n’arriverait-il pas dans l’univers des transports urbains?
Quand la ville prend les devants
La ville de Montréal lançait en août dernier sa Politique montréalaise sur l’industrie du taxi, qui vise à faciliter son autofinancement et à prendre les virages technologique et écologique. Cette réorganisation est tout à fait louable, mais ces géants de l’économie collaborative s’implantent, qu’on approuve ou non, et bouleversent les structures en place. Saura-t-on trouver un terrain d’entente?
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Source(s)
- Bourguignon, Clément. «L’offensive d’Uber dans le secteur du voyage», Voyage sur le net, 21 août 2014.
- CBS Las Vegas. «“Ride Genie”App To Hail Taxis, Limos From Smartphone», lasvegas.cbslocal.com, 13 août 2014.
- Conrad, Jessica. «Taxis Go Communal: Bandwagon Brings Taxi Sharing to NYC», Shareable, 23 septembre 2013.
- Hachey, Isabelle. «Uber sonnera-t-il le glas du taxi?», La Presse, 14 juillet 2014.
- Huet, Ellen. «At $18.2 Billion, Uber Worth More Than Hertz, United Continental», Forbes, 6 juin 2014.
- Infopresse. «Hailo se retire du marché nord-américain», 21 octobre 2014.
- Lawler, Ryan. «Uber Opens Its API With 11 Launch Partners, Including OpenTable, TripAdvisor, and United Airlines», TechCrunch, 20 août 2014.
- Merot, Claudie. «TripCase de Sabre intègre Uber», Travel on Move, 21 août 2014.
- Saitto, Serena. «Uber to Debut Car-Booking Services for Business Travelers», BusinessWeek, 29 juillet 2014.
- Travel Industry Today. «Need a Ride», Travelindustrytoday.com, 14 août 2014.
- Ville de Montréal. «Dévoilement de la Politique sur l’industrie du taxi, un joueur incontournable dans l’offre de transport montréalais», Communiqué de presse, Newswire.ca, 14 août 2014.
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