Les copains ensuite… Que devient l’univers masculin du voyage?
À l’heure où les femmes exercent une influence dominante dans le choix des vacances du couple et de la famille, où elles génèrent près de la moitié du volume de tourisme d’affaires et où le phénomène des escapades entre copines prend de l’ampleur, que devient l’univers masculin du voyage?
Évolution du rôle masculin
Au cours des dernières années, en Occident, le modèle masculin a été questionné, remodelé et redéfini, et ce, tant sur le plan de l’univers du travail que du couple et de la famille.
Un des symboles de ce changement est sans contredit l’émergence du phénomène «métrosexuel», une segmentation qui réfère au style de vie d’un groupe de consommateurs masculins urbains plus soucieux de leur image et plus intéressés par les expériences et les produits axés sur le bien-être, la santé et l’esthétisme, le bon goût et les offres «branchées». (Lire aussi: Bienvenue dans le merveilleux monde des sociostyles.)
On peut également souligner les changements découlant de l’accession des hommes de la génération X au statut parental. Cette nouvelle génération de papas aspire à un meilleur équilibre travail-famille. Cette implication accrue dans la cellule familiale influence leurs préférences et leurs habitudes en ce qui a trait à leurs vacances familiales et à leurs déplacements professionnels. (Lire aussi: Le tourisme familial et les «parents X».)
Et cette évolution sociale du comportement de l’homme a-t-elle eu une incidence sur ses intérêts de voyage? Bien sûr!
Les voyages des hommes
N’échappant pas aux tendances, on constate que la traditionnelle fin de semaine de pêche doit désormais faire un peu de place à la tournée des vignobles californiens, au séjour de luxe et au séjour dans un spa. D’ailleurs, l’industrie du spa doit désormais 25% de son chiffre d’affaires aux consommateurs masculins.
La chaîne hôtelière Loews tente de capitaliser sur cette tendance en offrant le forfait «Metro Man», un séjour incluant un repas gastronomique, une leçon sur l’étiquette, un cours sur les vins et une consultation avec un conseiller vestimentaire. L’option «deluxe» permet même d’y ajouter des soins esthétiques (traitement à la cire, facial et blanchiment des dents).
Toutefois, on peut se demander si cette sensibilité accrue des hommes pour les spas et le bien-être ou la gastronomie trouve écho principalement dans leurs comportements de voyages en couple ou en famille ou est-ce également le cas lors des voyages entre chums?
Les voyages pour hommes
Contrairement aux escapades entre copines, un phénomène en croissance (lire aussi: «Les copines d’abord»), le voyage entre boys est un marché qui, quoique difficile à quantifier, existe depuis fort longtemps. En fait, selon la Travel Industry Association (TIA), les voyages de groupes réunissant uniquement des hommes représenteraient environ 4% des voyages.
Malgré que certains voyages d’affaires, de motivation et de congrès soient compris dans ces données, on tend encore à associer les vacances masculines aux séjours privilégiant les activités sportives et celles fortes en adrénaline. Ce stéréotype est-il encore fondé ou la réalité des voyages pour hommes évolue-t-elle en fonction du contexte changeant de l’image de l’homme?
Un survol des différents magazines et webzines (Askmen, men.com, Maxim, Stuff, etc.) qui s’adressent à un lectorat masculin révèle que les thématiques classiques que sont la chasse, la pêche, la course automobile, le golf, les sports professionnels et les défis physiques demeurent incontournables lorsqu’il s’agit de parler voyage aux hommes.
Dans son édition de mars 2006, le magazine américain Men’s Fitness proposait les 24 activités de voyage ultimes pour les hommes. La liste comprenait notamment: lutte avec les alligators, session de course automobile, camp d’entraînement du baseball majeur, plongeon d’une falaise, luge, rodéo, plongée sous-marine, surf, escalade de glace, motocross et plus encore! On est loin des soins esthétiques !
Toutefois, Wow.travel, site spécialisé dans le voyage de luxe, publiait en juillet dernier un article qui proposait sept suggestions d’escapades pour «machos»! Une liste qui laissait une place de choix à la pêche, au golf, à la voile, aux cigares et aux voitures, mais cette fois en prenant soin d’y associer un volet hébergement privilégiant des établissements réputés tels que Ritz-Carlton, Four Seasons et Relais & Châteaux.
C’est une tendance que dénote également le magazine de prestige, Robb Report, qui souligne que leurs annonceurs touristiques proposent par exemple aux lecteurs des escapades en héliski, des séjours sur le yacht privé du golfeur Greg Norman (pour seulement 315 000USD par semaine) et d’autres exubérances.
Par ailleurs, un coup d’oeil à certains sites Internet spécialisés dans les voyages pour la clientèle masculine démontre que les motivations ont bien peu changé.
Il semble donc que les entreprises touristiques désireuses d’intéresser la clientèle des boys pourront continuer d’exploiter les thèmes classiques (sports, voitures, actions, nightlife, etc.). Il leur suffit d’y ajouter des composantes (hébergement, restauration et transport) en fonction du niveau de services recherché par la clientèle (de la rusticité au grand luxe).
Un marché là pour rester!
Avec l’émergence du créneau des voyages de filles qui s’ajoute au traditionnel segment des voyages de gars, il semble que le voyage réunissant les gens du même sexe soit promis à un bel avenir. D’autant plus qu’un sondage Ipsos-Reid (Cranium Fun Study) révèle que les Canadiens, après la famille et le conjoint, ont généralement plus de plaisir avec des amis du même sexe (20%), qu’avec des amis du sexe opposé (15%) ou des collègues de travail (7%).
Sources:
– Johnson, Noah. «24 Fittest Travel Destinations Known to Man», Men’s Fitness, mars 2006.
– Kalson, Sally. «Girlfriend Time: All-women Getaways Let Gal-Pals Relax, Reconnect», Pittsburgh Post-Gazette, 7 juin 2006.
– «WOW.TRAVEL’S Seven Sensational Suggestions for Macho Escapes», www.wow.travel, 11 juillet 2006.
– Zbar, Jeffery D. «Guys Out for More than a Weekend», Advertising Age – Midwest Region Edition, 10 mai 2004, vol. 75, no 19, p. S22.
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