Chaud devant! Le réchauffement climatique pourrait raccourcir la saison de ski
Selon Alain Bourque, climatologue à Environnement Canada, il faut s’attendre d’ici la fin du 21e siècle à une augmentation de la température moyenne de la surface du globe, d’environ 1 à 3,5 °Celsius (sur base des prévisions actuelles d’augmentation de la concentration atmosphérique de gaz à effet de serre et de sulfates).
Une étude effectuée récemment par le Programme des Nations unies pour l’environnement conclut que le réchauffement climatique aura un effet dévastateur sur l’industrie du ski.
Selon des chercheurs de l’Université de Zurich (Suisse), les précipitations de neige dans les centres de ski à basse altitude vont devenir de plus en plus faibles et difficiles à prévoir au cours des prochaines années. Les centres de ski de la côte Est du Canada, par exemple, pourraient constater un raccourcissement de la saison de ski de 7 à 32% d’ici à 2050.
Alain Bourque fait observer que, au Canada, la température moyenne annuelle pourrait augmenter de 5 à 10°C au cours du prochain siècle, entraînant avec elle une modification du régime de précipitations (pluie, neige, etc.). Au Québec, inutile de rappeler les mauvais souvenirs du déluge du Saguenay (1996) ou la tempête de verglas (1998). Le climat et la météo, en général, ne sont pas seulement des sujets de conversation banales pour personnes en mal de dialogue. C’est également une source de préoccupation majeure pour certains scientifiques, analystes et spécialistes du secteur du tourisme.
Le climat présente depuis toujours une tendance naturelle et normale à la variation: en fonction du flux solaire, des courants océaniques, de la couverture de neige et de glace, des éruptions volcaniques, etc. Mais, les changements climatiques actuels sont amplifiés par des modifications de la composition de l’atmosphère (accroissement des concentrations de gaz à effet de serre et des taux de sulfates).
Les données recueillies pour le Québec illustrent clairement le réchauffement «anormal» observé dans le Sud du Québec entre janvier 1998 et mars 2000.
De telles fluctuations auront une influence notoire sur l’industrie, l’environnement et l’économie en général, provoquant notamment:
- la modification des ressources en eau (niveau, température et qualité), ce qui se répercutera inévitablement sur le secteur de la pêche et des transports fluviaux;
- la dégradation du système routier et en général, du transport terrestre;
- l’apparition de problèmes de réseaux d’égouts pluviaux et de drainage, causant des débordements et refoulements;
- la modification du rendement et la productivité agricole;
- la migration et développement de nouvelles maladies (comme le virus du Nil);
- la modification du taux de natalité/mortalité des animaux et donc, la modification de la biodiversité.
Répercussions à envisager pour les stations de ski
Selon certains experts réunis lors de la 1ère Conférence internationale sur les changements climatiques et le tourisme (Tunisie, avril 2003), les répercussions seraient les suivantes:
- des hivers plus humides, c’est-à-dire davantage de neige en haute altitude et de la pluie plus bas;
- une saison de neige plus courte;
- une saison de ski plus courte;
- une demande accrue pour les stations de ski de haute altitude;
- un risque d’avalanches accru;
- etc.
Le changement climatique affecte à peu près de la même façon toutes les régions montagneuses du monde. Cette menace pour les sports hivernaux se manifeste déjà dans certaines régions de l’Europe (comme la Suisse et l’Autriche), alors que l’Écosse enregistre de plus en plus fréquemment des hivers sans neige.
Mesures d’adaptation
Pour les stations de ski, les stratégies d’adaptation à ces phénomènes sont variées. Elles vont de l’atténuation des effets négatifs du changement climatique à une modification complète du produit touristique.
Entre autre, ces stratégies sont les suivantes:
- aux altitudes limites, utiliser davantage la neige artificielle pour élargir et compléter la couverture neigeuse naturelle au fur et à mesure du relèvement des températures;
- les stations de haute altitude deviendront sans doute plus prisées et vont devoir s’adapter à une demande accrue;
- les stations de plus basse altitude, avec une couverture neigeuse réduite, risquent de devoir mettre en place une vaste gamme d’activités de remplacement du ski pendant la saison d’hiver;
- la neige devenant moins stable, il faudra des protections accrues contre les avalanches;
- les stations qui ne peuvent plus compter à coup sûr sur des hivers neigeux devront «se réinventer» et se tourner vers des marchés de remplacement;
- etc.
Il faudra peut-être réaménager l’année scolaire de manière à éviter que les périodes de vacances ne soient trop concentrées et revoir les dates des congés de la relâche. Une ébauche d’aménagement du calendrier scolaire et d’étalement des vacances est déjà en cours pour augmenter les potentiels touristiques.
Il est à noter qu’actuellement, les semaines d’achalandage dans les stations de ski ne correspondent pas aux semaines présentant les meilleures conditions climatiques.
Bref, il nous reste deux solutions: faire l’autruche… ou crier au loup!
Voir aussi
Programme des Nation unies pour l’Environnement
Sources :
– Organisation mondiale du tourisme. «1ère Conférence internationale sur le changement climatique et le tourisme», Djerba (Tunisie), 9-11 avril 2003.
– Bourque, Alain. «Les changements climatiques et leurs impacts», VertigO, vol. 1, no 2, septembre 2000.
– Bueckert, Dennis. «Réchauffement climatique: L’industrie du ski pourrait souffrir grandement», Le Nouvelliste, 15 décembre 2003.
– Watson, Robert T. «Bilan 2001 des changements climatiques: Rapport de synthèse», UNEP.
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Je préfère l’expression « changement climatique » à celui de « réchauffement climatique ». Il est vrai que globalement la Terre va prendre quelques degrés mais il y aura aussi des régions qui seront plus froides par rapport à aujourd’hui (et d’après quelques articles, la France pourrait bien être coupé en deux : le Nord plus froid et le Sud plus chaud…). Je l’ai deja souvent entendu dans le sens ou les extremes seront plus forts donc plus chaud en été avec plus souvent des canicules et plus froid en hiver avec des risques de précipitations hivernales plus fortes. Pour nous rassurer sur l’avenir de notre planête, rappellons nous que les écologistes se sont toujours tromper dans leurs prédictions. C’est peut-être une façon de tracer la frontière entre l’écologie et l’écologie politique. L’écologiste politique est celui qui, au service de son idéologie politique réactionnaire, ose prévoir, installe des taxes et se trompe sans vergogne. Entre temps, il dénature l’idée de progrès. Une fois dit cela, le rôle de scientifique, spécialiste du domaine, c’est de donner les infos avec le maximum de rigueur, c’est à dire (1) ne pas en rajouter des couches sous prétexte d’élever le niveau de conscience des masses (2) attirer l’attention sur les conséquences probables et meme sur celles qui ne sont que possibles mais en précisant le distinguo.