Comment travailler avec les blogueurs
Les blogueurs sont sans conteste de véritables ambassadeurs et influenceurs. Fins connaisseurs du Web, ils sont de plus en plus sollicités par les marques pour accroître leur notoriété sur la Toile.
Blogueur ou journaliste?
Alors que le journaliste effectue bien souvent très peu de contacts directs avec ses lecteurs, le blogueur, lui, interagit beaucoup avec eux sur son blogue, mais surtout sur les réseaux sociaux d’après Marie-Julie Gagnon, auteure, chroniqueuse et blogueuse. Il utilise un ton personnalisé et dispose d’une plus grande liberté que le journaliste, qui fait toujours attention pour ne pas se retrouver en conflit d’intérêts, et qui doit aussi se plier aux contraintes imposées par son employeur. Ainsi, il pourra plus facilement raconter une histoire (storytelling) à travers des mots, des photos, des vidéos ou des témoignages. Autre distinction, le blogueur gagne parfois sa vie grâce à la conclusion de partenariats publicitaires, ce qui n’est absolument pas le cas de son confrère journaliste. De plus, selon une récente étude d’Abbi Agency, réalisée auprès d’une centaine de blogueurs de voyage américains influents, 70 % d’entre eux ont déjà reçu une compensation financière pour la rédaction d’un article.
Le blogue est un média qui laisse transparaître la personnalité de son auteur
Le blogue est un média qui laisse transparaître la personnalité de son auteur. Il est souvent très ciblé et affiche un positionnement particulier (par exemple le luxe, le plein air, l’aventure, les voyages en solo, etc.), et donc un lectorat particulier.
Pourquoi s’associer à un blogueur?
De nos jours, le tourisme ne peut plus se concevoir sans le Web, qui facilite la recherche à toutes les étapes du voyage. Toutefois, dans un contexte d’infobésité, il demeure difficile de s’y retrouver, d’où l’importance d’être recommandé par des pairs ou des personnes d’influence, et les blogueurs sont justement de puissants influenceurs. Comme ils disposent d’une grande communauté de lecteurs, leur parole compte et ils peuvent devenir des alliés indispensables pour une entreprise désirant accroître sa notoriété ou positionner sa marque. Ils fédèrent une communauté autour de récits « plus authentiques » et personnels. De plus, un blogueur influent utilise plusieurs canaux de diffusion : son blogue, Facebook, Twitter, Instagram, YouTube, etc., offrant ainsi une visibilité accrue et instantanée en amont, durant la préparation, lors de ses déplacements et enfin à destination.
Qui sont les blogueurs de voyage et que recherchent-ils?
Selon une étude du voyagiste Marmara réalisée au début de l’année 2015 auprès de 151 blogueurs de voyage, 75 % d’entre eux travaillent pour des marques, mais ils demeurent très critiques envers celles qui les sursollicitent.
Bien que la majorité d’entre eux passent 10 heures ou plus par semaine sur leur blogue et que 1 sur 5 y consacre plus de 30 heures, plus de la moitié (58 %) des personnes interrogées ne se considèrent pas comme des blogueurs professionnels.
La prise en compte de leurs intérêts figure au cœur des préoccupations des blogueurs dans leur relation avec une marque. Comme ils visent la création d’une vraie relation humaine, les approches doivent être ciblées et personnalisées, de préférence par courriel. Une fois le contact établi et le partenariat conclu, les blogueurs s’attendent à tester les produits et services et à monnayer leur information (voir l’image ci-dessous). La plupart (70 %) reçoivent également une certaine rémunération sous forme d’hébergement, d’activités ou de produits.
Source: Marmara
Comment les choisir
Avant qu’une marque s’associe à un blogueur, ses représentants doivent lire plusieurs blogues pour trouver celui (ou ceux) dont la personnalité, le positionnement et les valeurs correspondent à ses objectifs, à son image ou à sa cible
Selon Adeline Gressin, auteure du blogue Voyagesetc.fr, avant qu’une marque s’associe à un blogueur, ses représentants doivent lire plusieurs blogues pour trouver celui (ou ceux) dont la personnalité, le positionnement et les valeurs correspondent à ses objectifs, à son image ou à sa cible. Faire de la veille sur les réseaux sociaux constitue également un bon moyen de dénicher les personnes qui savent le mieux animer leur communauté et interagir avec elle, prouvant ainsi leur influence. Les conférences réunissant des blogueurs de voyages comme Travel Blog Exchange (TBEX) ou le Salon des blogueurs de voyage sont une excellente façon de mettre en contact marques et influenceurs.
Comment mesurer leur influence
La plupart s’entendent pour dire que l’influence qu’exerce un blogueur ne se mesure pas uniquement aux statistiques de son blogue. Pour analyser un blogue qui correspond à sa thématique, il importe de prendre en considération certains critères, comme :
- les commentaires sur les articles. Un bon indicateur de l’engagement d’une communauté est sa fréquence à commenter les articles du blogue. Si plusieurs personnes donnent leur opinion, il y a fort à parier qu’elles ont un intérêt marqué pour les publications du blogueur et qu’elles le lisent jusqu’au bout.
- les partages par article. Un influenceur possède forcément du pouvoir de diffusion. Certains blogueurs ont inclus un compteur dans leurs boutons de partage sur les réseaux sociaux. Attention toutefois, cette méthode n’est pas exhaustive, puisque l’article peut être partagé d’une autre manière que par ces boutons.
- l’engagement sur les réseaux sociaux. Comme tous les lecteurs ne commentent pas nécessairement directement sur le blogue, il est nécessaire de comptabiliser aussi ce qui se passe sur la page Facebook, la chaîne YouTube, le compte Twitter ou le profil G+ du blogueur.
Enfin, il existe plusieurs outils de statistiques, comme Alexa, Mustat, SimilarWeb, PeerIndex, Kred ou Klout, le plus populaire en Amérique du Nord. Ce dernier accorde une note sur 100 au blogue, la moyenne étant 40. On considère donc qu’un blogue est intéressant lorsqu’il atteint un score de 50 ou plus, selon Marie-Julie Gagnon.
Le mot de la fin
Selon Anne Lataillade, auteure du blogue Papilles et Pupilles (1 million de visiteurs par mois!), un blog trip réussi lui aura fourni de l’information, du vrai contenu en fonction de ses centres d’intérêt, mais lui aura aussi procuré du plaisir et des émotions, sans oublier de la liberté et un temps de pause, le tout, idéalement, dans un groupe pas trop nombreux (5 à 8 personnes). Et vous? Êtes-vous prêt à accueillir des blogueurs?
Source de l’image à la une : https://static.pexels.com/photos/6508/nature-laptop-outside-macbook.jpg
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Source(s)
Sources :
- Anderson, Connie. « Putting it into PR-spective: What travel bloggers want [infographic]», theabbiagency.com, 6 mai 2015.
- Canarias, Stéphane, et collab. « Comment travailler avec les blogueurs sur son offre destination?», présentation dans le cadre des 10es rencontres nationales du tourisme institutionnel, Pau, 8 et 9 octobre 2014.
- Gressin, Adeline. « 8 trucs à savoir avant de travailler avec les blogueurs voyage», collectif-blogueurs-voyage.fr, 30 septembre 2014.
- Marmara et Synodiance. « Étude sur les relations marques – blogueurs voyage en 2015», marmara.com, 2015.
- Matthews, Kristen. « Why brands should consider working with travel bloggers», maximisesocialbusiness.com, 12 janvier 2015.
- Mauffrey, Lucie. « Les blogueurs au cœur de la communication e-tourisme», blueboat.fr, 7 mai 2014.
En tant que journaliste professionnel, je suis toujours choqué de constater l’importance qu’on accorde aux blogues. Dans leur immense majorité, ceux-ci sont rédigés gratuitement par des personnes qui n’ont aucune formation à la recherche de l’information, au recoupement des sources, à l’examen critique… sans parler de l’orthographe, de la syntaxe et du style. Bref, par des oisifs qui n’ont d’autre souci que SE faire plaisir.
Quel crédit peut-on par ailleurs accorder à un blogueur qui « gagne parfois sa vie grâce à la conclusion de partenariats publicitaires » en recopiant servilement, la plupart du temps, la prose des Offices de tourisme ?
Il est vrai que le journaliste ne reçoit pas de « compensation financière » pour la rédaction d’un article : soit il est salarié par un éditeur, soit il facture ses prestations à celui-ci : cela s’appelle une pige. Et supposer que le journaliste, qui fait toujours attention pour ne pas se retrouver en conflit d’intérêts, doit aussi se plier aux contraintes imposées par son employeur, est une insulte à la profession.
Non seulement le blogue de tourisme est en train de tuer le journalisme, mais il participe à l’« uberisation » du genre et à la suprématie de la promotion sur l’information.
C’est une dérive que nous, journalistes professionnels, nous devons de dénoncer.
Claude M. Boumal
Journaliste professionnel
Bruxelles
La suite de clichés ! Le journaliste est payé par son média qui est payé par la publicité. Ok il y a la direction qui éthiquement ne devrait par influencer les journalistes… En principe… Un blogueur professionnel a, comme le journaliste, l’éthique sûil a décidé soit d’être vendu à ses annonceurs, soit d’être indépendant. Celui qui fait la différence, c’est le lecteur ! Si le journaliste est un vendu, il changera de média. Pour les blogs, c’est pareil ! Un blogueur sans éthique ne durera pas, comme un journal. Les journalistes sont formés par des écoles, comme les blogueurs, il n’y a pas d’école de blog, c’est vrai, néanmoins, la majorité des blogueurs professionnels ont des diplomes, écoles de commerce, universités ou autres. Enfin le diplome n’est pas tout, l’important, ce sont les compétences mises en pratique. Là aussi la différence entre le bon grain et l’ivraie est faite par le lecteur….
Je pense qu’il ne faut pas confondre journalisme et blogueurs car ce sont bien des supports différents, personne n’essaie de dire que l’un va remplacer l’autre. Les blogueurs sont devenus un véritable levier supplémentaire, en parallèle des RP traditionnels et des réseaux sociaux. Ils viennent boucler le fameux trio paid / owned / earn medias en y ajoutant une couche plus « personnel » comme le décrit si bien cet article.
Les marques de voyage, hôtels et office de tourisme, s’y intéressent de plus en plus pour développer leur branding et leur notoriété car c’est un formidable canal pour se faire connaître.
Le vrai challenge réside désormais dans l’approche de ces « nouveaux influenceurs » par les marques qui manque encore d’outils à disposition, ce que nous essayons de développer chez Buzz&Go.
I really appreciate this article of yours and really found it helpful