Sensibiliser le public lors de l’observation de la faune sauvage
Que ce soit pour observer les baleines du fleuve Saint-Laurent ou les flamants roses de Camargue, les visiteurs doivent adopter un comportement respectueux envers les milieux de vie naturels, et cette responsabilité incombe à l’entreprise qui organise ces activités.
Le premier gage de succès d’une organisation d’observation de la faune sauvage réside dans sa mission. Celle-ci doit promouvoir la conservation des milieux, mais aussi la sensibilisation auprès du public, afin de minimiser l’impact des activités de l’entreprise sur la biodiversité. Mais comment créer une expérience touristique attrayante, tout en respectant les principes rigoureux de préservation de la faune? Plusieurs entreprises d’observation de la faune sauvage se démarquent par leurs actions de sensibilisation et d’éducation auprès des visiteurs. En voici quelques-unes.
Promouvoir et sensibiliser grâce à un événement
La Ville de Port-Saint-Louis-du-Rhône en France a créé le festival de la Camargue et du Delta du Rhône pour promouvoir et valoriser la faune et la flore de ce territoire et ses acteurs. Il coïncide avec l’arrivée des oiseaux migrateurs dans la région, afin que les visiteurs puissent observer un plus grand nombre d’oiseaux dans leur milieu naturel. Le festival regroupe 40 sites partenaires qui offrent des animations, des spectacles, des conférences, des films, des sorties en nature et des circuits-découvertes. Le « village des kids » propose différents ateliers qui répondent à l’un des principaux objectifs du festival : la sensibilisation des jeunes générations à l’environnement. Le village propose, entre autres :
- une découverte de la migration des hirondelles par un jeu sur plateau et la construction d’un nid d’hirondelle;
- une activité de fabrication d’un cerf-volant en forme d’oiseau durant laquelle les animateurs présentent du contenu pédagogique sur les oiseaux et l’environnement.
De plus, les festivaliers sont invités à partager le mot-clic #suivezloiseau sur les réseaux sociaux, contribuant ainsi au rayonnement de l’événement et de l’emblème de la destination.
Créer un parc animalier
Les visiteurs placent l’intérêt des animaux avant le leur, ce qui se rapproche d’une vision durable du tourisme
Selon le professeur Dirk Reiser de l’Université de Sciences appliquées de Rhin-Whaal en Allemagne, la principale mission des réserves et des parcs animaliers n’est pas de divertir le public, mais bien de l’éduquer sur la préservation des espèces dans leur milieu naturel. Lors d’une étude qu’il a menée auprès des visiteurs du parc animalier de Bonorong en Australie, il a pu prouver que leurs attentes étaient en cohésion avec les objectifs du parc. En effet, les répondants ont donné de l’importance aux éléments suivant :
- l’apprentissage et l’éducation : l’information proposée est de qualité, les panneaux explicatifs sont situés à hauteur des yeux des enfants, des visites guidées sont proposées;
- la protection des animaux : les visiteurs peuvent observer la vie sauvage sans détruire les habitats naturels et la conservation est un axe majeur du site;
- la santé des animaux : les enclos reproduisent les habitats naturels.
Ainsi, les visiteurs placent l’intérêt des animaux avant le leur, ce qui se rapproche d’une vision durable du tourisme.
Le Centre de la Biodiversité du Québec énonce clairement sa mission, soit « sensibiliser et éduquer jeunes et adultes à l’existence et à la conservation des espèces biologiques du Québec, ainsi qu’au développement durable de notre belle planète ». Il présente, entre autres, une exposition permanente sur la biodiversité du fleuve Saint-Laurent. Les visiteurs ont accès à des sentiers pédestres qui traversent plusieurs écosystèmes forestiers et qui sont agrémentés de panneaux d’interprétation.
Source : Facebook
Mettre à contribution des bénévoles
Les terrils du Nord-Pas-de-Calais en France, ces collines créées par l’exploitation minière, ont été reconvertis en un lieu d’activités sportives et d’observation de la faune et de la flore. L’association responsable du site propose une formation gratuite de Naturaliste amateur afin de mieux identifier les espèces peuplant le site. L’objectif est de former les participants pour qu’ils puissent effectuer des inventaires naturalistes de façon autonome sur leur territoire, mais aussi de leur permettre de participer à ceux dirigés par l’association. Grâce à cette formation, une cinquantaine d’actions ont été menées en cinq ans, permettant de faire un suivi de l’impact des changements climatiques sur le comportement des espèces.
Source : Chaine des terrils
Réaliser un guide de pratiques écoresponsables
L’Alliance Éco-Baleine est un regroupement constitué d’entreprises québécoises d’excursions en mer, du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), de Parcs Québec et de Parcs Canada. Son objectif est de faire du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent un modèle d’observation responsable des baleines. Dans un travail de concertation, l’Alliance a élaboré le guide des pratiques écoresponsables pour les capitaines et les naturalistes en mer. Il présente les meilleurs comportements à adopter pour sensibiliser les visiteurs et pour la navigation, afin de favoriser la qualité des activités d’observation en mer et la protection des baleines. Différents exemples de discours sont suggérés selon l’étape de l’expérience (dès le départ, au cours de l’excursion, au retour). En voici un exemple :
Source : Guide des pratiques écoresponsables
Cette concertation entre les milieux du tourisme et de la recherche se concrétise aussi par la création du Fonds Éco-Baleines. Il permet d’investir une partie des bénéfices des entreprises membres de l’Alliance dans des projets de recherche scientifique et d’éducation.
Il existe de multiples activités d’observation de la faune sauvage qui conjuguent découverte, plaisir et sensibilisation. La valorisation de la biodiversité d’une destination assure la qualité de ses offres et contribue à son attractivité écotouristique.
Pensez-vous que la sensibilisation du public s’intègre facilement à une offre touristique de nature?
Image à la une : ©Québec Original/Cécile Benoit
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Source(s)
- Cohez, Vincent. « Les terrils du Nord - Pas-de-Calais, destination nature », tourisme-espaces.com, février 2016.
- Communiqué de presse. « Alliance Éco-Baleine célèbre la 5e saison d’observation écoresponsable », eco-baleine.ca, 1er juin 2015.
- Godlewski, Pierre. « De l'observation de la faune à celle de la biodiversité », tourisme-espaces.com, février 2016.
- Michelot, Jean-Louis et Philippe Cannesson. « La biodiversité, un atout de développement touristique », tourisme-espaces.com, février 2016.
- Morin, Sylvie. « Le festival de la Camargue et du delta du Rhône », tourisme-espaces.com, février 2016.
- Reiser, Dirk. « Le parc animalier local, avenir du parc zoologique ? », tourisme-espaces.com, février 2016.
Très bel article, j’ai moi-même eu la joie d’observer les baleines sur le Saint Laurent. La compagnie Essipit respectait des distances et le capitaine nous en a expliqué les raisons. Toute notre famille était ravie de pouvoir observer les baleines de loin en les dérangeant le moins possible. Cela permettra à d’autres de voir ce beau spectacle. La prochaine fois que nous irons au Québec, nous essaierons le canoë ou le kayak, encore plus respectueux de ces animaux.
Magali – France, Bourgogne
Merci pour le partage de votre expérience Magali!