Tendances dans le tourisme culinaire
Des événements bien relevés, des restaurants aussi éphémères qu’une part de gâteau, la cuisine de rue en ébullition et des boustifailles sympathiques chez les résidents, le tout, pimenté et partagé par des blogueurs ingénieux!
Social dining
Dans cette mouvance de l’économie collaborative où sont prônés les notions de partage, de découverte de l’autre, de « bons plans » et d’entraide, la cuisine a trouvé sa place : c’est ce que l’on appelle le social dining ou le foodsurfing. Les plateformes pour découvrir la cuisine locale d’une destination fleurissent et se déclinent en différentes options. Parmi elles, Voulezvousdîner, EatWith, VizEat ou encore Feastly mettent en relation un inconnu avec un habitant qui cuisine chez lui. Le repas se déroule souvent en petit comité. Des plateformes essaient de nouveaux concepts en proposant des rencontres thématisées.
Source : VizEat
Quelques offres sont disponibles à Montréal.
Source : VizEat, Montréal
Blogueurs
Si la cuisine, et plus largement la nourriture, est devenue un phénomène sociétal, c’est aussi grâce à l’avènement des réseaux sociaux. On parle désormais de « journalisme citoyen », où chacun peut s’exprimer sur un sujet et devenir un acteur de la communication sur le Web. Ainsi, de nombreux internautes et blogueurs font la part belle à la nourriture en partageant leurs découvertes et leurs préférences notamment avec les photos qui valorisent le repas sur les réseaux sociaux comme Facebook, Flickr, Instagram, Pinterest ou encore YouTube. Les touristes aiment essayer de nouveaux plats et les prendre en photo.
Source :Jardins de Métis @Katherine-Lune Rollet
Événementiel
À constater le nombre croissant de manifestations thématiques sur les produits culinaires et la cuisine locale, l’événementiel est un indicateur qui dynamise le tourisme gourmand. La cuisine est plus que jamais reconnue dans la culture des sociétés. Ainsi, des événements interdisciplinaires font leur apparition. Certains qui n’avaient, à première vue, pas de lien particulier avec la gastronomie la combinent à présent avec le milieu de la musique, de l’art, de la littérature, de la bande dessinée ou encore des startups. Les points de vente de cuisine locale (sous forme de tentes, de conteneurs, de camions de cuisine de rue, etc.) créent une véritable valeur ajoutée pour le visiteur. En France, la SlowUp de la Route des Vins d’Alsace combine élégamment cyclotourisme, œnologie et gastronomie locale, avec un succès grandissant.
Source : SlowUp Alsace
Le restaurant, cet endroit éphémère et insolite
Une nouvelle approche du restaurant où le consommateur souhaite se laisser surprendre par une cuisine locale, de manière non conventionnelle, se dessine. Bousculés par l’arrivée de nouveaux acteurs et concepts dans le paysage de la restauration, les professionnels, y compris de grands noms de la gastronomie, se convertissent à ces nouvelles pratiques.
Les restaurants éphémères fleurissent partout et sont appelés aujourd’hui « supper club », « underground restaurant », « pop-up restaurant », « secret restaurant », « guerrilla dinner », ou « anti-restaurant ». Ces établissements prennent vie dans un endroit insolite ou original, l’espace d’une ou de plusieurs soirées. Les lieux fréquents sont des salons, appartements privés ou des galeries d’art ouverts par des particuliers. Les participants, principalement invités par le bouche-à-oreille ou via les réseaux sociaux, doivent réserver et s’acquitter du prix du repas sur place. S’il revêt un caractère illégal, puisque non contrôlé sur le plan de l’hygiène, des taxes, etc., le restaurant éphémère a fait décoller la carrière de plusieurs grands chefs dont le talent a été reconnu grâce à ce type de manifestation.
Afin de promouvoir leur patrimoine culinaire, un groupe de Finlandais a lancé en 2011 le Restaurant Day, dont le principe est le suivant : le temps d’une journée, tout un chacun peut installer son restaurant, son bar ou encore son café. Fort de son succès, le concept a largement dépassé les frontières finlandaises pour s’étendre à 75 pays et villes aux quatre coins du globe, dont Montréal et la Suisse. Sur le site internet Restaurant Day, les participants géolocalisent leurs restaurants éphémères, dressent la carte des menus et publient les horaires de leurs événements.
Source : Nightlife
Cuisine de rue
Le phénomène des camions de cuisine de rue bat son plein. Le concept, né aux États-Unis, est particulièrement bien implanté en Amérique du Nord. On estime d’ailleurs que les revenus générés par l’industrie de la cuisine de rue atteindront 2,7 milliards de dollars américains d’ici 2017 aux États-Unis. Les food trucks gagnent en popularité en Asie, en Australie, au Mexique et dans certains pays d’Europe comme la Belgique, le Royaume-Uni et la France. Ils ne sont cependant pas toujours bien accueillis par l’industrie de la restauration.
À l’origine, les repas servis, destinés aux employés pressés des quartiers d’affaires, ravissaient par leur côté pratique et leur service rapide. Ils se distinguent de plus en plus par leur côté gourmet ou encore excentrique. Dans certaines villes, ils deviennent des attractions touristiques. À Portland, les 500 camionnettes ont autant modifié le paysage urbain que l’offre culinaire de la destination, tandis qu’à Austin, des tours guidés y sont dédiés. En septembre 2014, l’office de tourisme d’Australie a décidé d’utiliser un camion de cuisine de rue comme outil de promotion touristique à Paris. La camionnette a sillonné les rues de la capitale pendant une dizaine de jours afin de valoriser la cuisine australienne.
Ce phénomène émerge maintenant dans les zones rurales. Ces engins s’offrent un nouveau look pour conquérir la clientèle des stations de ski. Dernière innovation en date, la première dameuse cuisine de France est arrivée cet hiver dans les Pyrénées, au Grand Tourmalet, et aussi dans les Alpes, à Val Thorens plus précisément. Cette cuisine mobile sur un domaine skiable est censée séduire une jeune clientèle. La station de ski de Bormio en Italie propose également une dameuse gourmande, la snowlicious.
Source : La Folie Douce
Bref, on ne s’ennuie pas sur la scène du tourisme gastronomique et il est à parier que sa popularité ne fera que croître.
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Cet article a été intégralement rédigé par nos confrères suisses de l’Observatoire Valaisan du Tourisme de l’Institut de Tourisme de la HES-SO Valais.
Source de l’image à la une : iStock
Collaboration
Emeline Hébert
Analyse et rédaction de blogs Tendances & innovations touristiques
Après des études en animation et gestion touristiques régionales, une Licence en valorisation du patrimoine à l’Université d’Angers, Émeline Hébert s’installe pendant quatre ans à Montréal. A l[...]Lire plusa suite d’un Master en Développement du Tourisme à l’UQAM, elle travailla aux côtés de l'équipe du Réseau de veille. En novembre 2015, elle intègre l'Observatoire Valaisan du Tourisme (Suisse), où elle exerce à présent la fonction d’analyste et de blogueuse.
Site de l’institution : https://www.tourobs.ch/fr/accueil/
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