Dynamiser les territoires ruraux grâce aux festivals culturels
Les petites municipalités en région peuvent compter sur les festivals culturels pour animer leur territoire et favoriser l’attractivité touristique. La collaboration de la communauté locale est essentielle à la réussite de ces événements.
Sur le site de Québec Original, parmi les festivals et les événements répertoriés, seuls 26 % se tiennent dans les régions éloignées. Pourtant, ils deviennent souvent des vecteurs de développement économique et social pour ces villes et ces régions rurales. Voici trois exemples de festivals en France et au Québec qui ont fait rayonner leur communauté en mettant la culture à l’honneur.
Transformer une petite municipalité en un festival
La Gacilly est une municipalité de 4000 habitants située en Bretagne, en France. La ville a célèbré cette année la 14e édition du Festival Photo La Gacilly, qui est devenu au fil des ans le plus grand festival de photo en plein air du pays. Entre juin et septembre, près de 400 000 visiteurs étaient attendus pour contempler le travail de photographes internationaux de renom, issus du monde de l’art et du photojournalisme. Chaque année, une région du monde est sous le feu des projecteurs et représentée sous un angle humaniste et écologique. Les œuvres sont mises en scène dans les rues, sur les maisons, sur les bâtiments et dans les boisés de la ville.
Source : © Festival Photo La Gacilly
L’implication des résidents est indissociable de la réussite de l’événement
L’événement géré par une association financée par des organismes publics et des entreprises privées locales offre une programmation entièrement gratuite. Cette année, il s’étend à deux autres communes où se sont tenues deux expositions. La durée et l’omniprésence dans la ville du festival exigent l’implication des résidents puisqu’ils sont indissociables de la réussite de l’événement. Les commerçants et les restaurateurs sont mis à contribution pour la logistique, et cette année des artistes locaux ont créé des œuvres pour l’occasion, dont une exposition photo mettant en vedette les habitants (voir les deux photos ci-dessous).
Source : © Ed Alcock – CDT 56/Agence Myop pour Le Festival Photo La Gacilly 2017
Selon Auguste Coudray, président du festival, les résidents veulent de plus en plus s’impliquer et mettre à profit leur savoir-faire. Il est également ravi de constater que cet événement culturel crée des emplois saisonniers et contribue au rayonnement du territoire. L’impact touristique dépasse les frontières de la région puisque selon une étude de 2012, un tiers des visiteurs provient de l’extérieur de la Bretagne et un autre tiers de l’étranger.
Créer des liens entre villages de montagne
Le principe d’itinérance permet à des villages plus isolés d’être les hôtes de cet événement
L’Espace culturel de Chaillol en France organise depuis plus de 20 ans le festival de Chaillol dans une trentaine de municipalités de moins de 10 000 habitants des Hautes-Alpes. Le principe d’itinérance permet à des villages plus isolés d’être les hôtes de cet événement dédié à la musique et d’attirer des visiteurs. Au fil des années, plusieurs villes ont démontré leur intérêt à y participer, permettant ainsi à l’événement d’étaler sa présence sur le territoire. Ce festival se tient un mois durant l’été et valorise le patrimoine puisque les concerts, les rencontres, les débats et les cafés littéraires ont lieu dans des églises, des chapelles et des châteaux.
Source : Facebook/Festival de Chaillol © Alexandre Chevillard
Le festival et les petites municipalités, qui ont parfois moins de compétences et de capacité financière pour créer une offre culturelle de qualité, mutualisent leurs moyens. Diverses parties prenantes de chaque ville participante prêtent main-forte à l’Espace culturel. Les collectivités territoriales et diverses associations collaborent à l’organisation et à la programmation, et les entreprises de la région commanditent l’événement. Afin de soutenir sa démarche écoresponsable, le festival priorise l’achat local, que ce soit pour la restauration des artistes et des organisateurs, pour les cadeaux des artistes ou pour les boissons offertes aux participants.
Source : Festival de Chaillol
En 2016, 57 concerts avec 87 artistes dans 32 municipalités ont eu lieu, attirant près de 7000 spectateurs. Cette édition a nécessité un budget de 410 000 euros (l’équivalent de 595 000 dollars canadiens). Depuis 2009, le concept du festival s’est étendu au-delà de la saison estivale avec les Week-ends musicaux. De janvier à juin, quatre concerts sont présentés dans quatre municipalités de quatre vallées de la région, pendant quatre jours à la fin de chaque mois. La singularité du festival de Chaillot tient à son nomadisme et à sa capacité de dynamiser et de rallier un large territoire rural. « Aller à la rencontre plutôt que faire venir », voilà l’objectif des organisateurs.
Transmettre des valeurs ancestrales dans le cadre d’un festival
Mashteuiatsh, la seule communauté innue du Saguenay–Lac-Saint-Jean, a créé le Festival de contes et légendes Atalukan en 2011. Depuis, sept autres localités se sont ralliées à l’événement et accueillent des activités durant une semaine au mois d’août. Les conteurs invités et locaux transmettent les croyances de ce peuple des Premières Nations dans plusieurs lieux, essentiellement au camping Plage Robertson de Mashteuiatsh, mais aussi dans une microbrasserie, un musée, un couvent, un café et une place publique. L’année dernière, le coup d’envoi du festival fut donné par une balade contée en canot sur le lac Saint-Jean, activité qui a attiré les journalistes de la région, garantissant des retombées médiatiques non négligeables.
Source : Facebook/Festival de contes et légendes Atalukan
Ce festival permet l’échange et le partage de traditions orales d’une communauté culturelle
Ouvert tant aux autochtones qu’aux visiteurs d’ailleurs, le festival a accueilli près de 2500 personnes en 2016, soit le double de l’année précédente. Les commanditaires de l’événement sont avant tout des organisations locales, telles que le Conseil de bande de la Première Nation et la caisse populaire Desjardins du Pekuakami, le camping Plage Robertson, mais il compte aussi sur l’aide financière du Conseil des arts du Canada. Ce festival permet l’échange et le partage de traditions orales d’une communauté culturelle en situation minoritaire, tout en facilitant sa mise en valeur et son rayonnement.
Source : Facebook/Festival de contes et légendes Atalukan
Principal facteur de réussite
Ces festivals sont nés sous l’impulsion de la communauté locale et doivent leur succès à la collaboration entre les municipalités, les associations, les commerces, les entreprises, les attraits touristiques et les citoyens. Tous bénéficient des retombées de ces événements qui permettent de faire rayonner leur territoire, tout en valorisant la culture.
Source de l’image à la une : © Dominique Rolland — Festival Photo La Gacilly
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Source(s)
– France Info. « Événement : le Festival photo La Gacilly, jusqu’au 30 septembre 2017, en Bretagne », 20 juin 2017.
– Gill, Pierre. « Le Festival de contes et légendes Atalukan est là pour rester ! », Premières Nations magazine, 5 novembre 2016.
– Hallmann, Johana. « Dans les coulisses de la Gacilly », Focus Numérique, 4 juin 2017.
– Renault, Gilles. « La Gacilly cultive ses images », Libération, 30 juillet 2013.
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