Un peu d’intimité S.V.P.
Après la découverte, l’apprentissage et l’authenticité, la prochaine exigence des clientèles pourrait simplement être une plus grande intimité! C’est du moins une évolution que l’on constate dans l’offre du tourisme de luxe. Mais cette volonté d’isolement, de calme et d’intimité n’est pas l’apanage des mieux nantis et pourrait en partie expliquer la popularité grandissante de la location de résidences privées.
De la recherche du calme…
Pour un nombre grandissant d’individus, les vacances sont devenues l’ultime échappatoire à la vie trépidante et au brouhaha incessant de la routine quotidienne. D’ailleurs, selon divers sondages, une majorité d’Européens et d’Américains associent les vacances à la détente, au repos et à la tranquillité. (Lire aussi: Des clients rêvent de ne rien faire)
Certains centres de villégiature, comme le Dar Mimosas au Maroc, n’hésitent plus à afficher concrètement qu’ils n’offrent aucun programme d’animation, afin justement de garantir la tranquillité de leurs clients.
… à la quête d’intimité!
Toutefois, malgré la promesse d’un environnement plus calme, l’intimité offerte par l’hôtellerie traditionnelle va rarement au-delà de la chambre. Les clients sont souvent obligés de se côtoyer les uns les autres afin de profiter des services de l’établissement (restaurant, piscine, centre de santé et autres) ou encore être en contact avec le personnel pour profiter des services à la chambre.
À Paris, l’hôtel La Trémoille a poussé le souci de discrétion un peu plus loin en développant le hatch, un système de sas privé qui permet au personnel de service d’accéder à une partie de la chambre sans imposer la nécessité d’un contact avec le client qui profite ainsi pleinement de son intimité.
L’espace privé et l’intimité seront les deux éléments les plus rares et les plus recherchés dans l’univers du tourisme de luxe de demain. C’est du moins ce qu’affirme Michael Sagild, directeur de l’exploitation chez Minor International, important gestionnaire asiatique d’établissements de luxe. Selon lui, le client du resort haut de gamme exigera à la fois une villa luxueuse avec piscine privée, un environnement de qualité et un sentiment d’authenticité en lien avec la destination visitée.
Récemment, un article de Forbes mentionnait que le secteur de la restauration fait également face à une demande croissante de salles privées. Selon la National Restaurant Association, cette demande provient essentiellement du segment des consommateurs fortunés et cette expérience est principalement offerte par des restaurants haut de gamme.
Cette aspiration pour une plus grande intimité se reflète aussi dans le secteur aérien, alors que la première classe de plusieurs grands transporteurs aériens offre désormais un aménagement des fauteuils qui permet au voyageur de n’avoir aucun contact visuel avec ses voisins. Par exemple, sur certains de ses appareils, Emirates Airlines offre même des sièges/suites dotés de portes qui procurent une totale intimité au voyageur.
Destination clubs: pour se sentir comme chez soi!
Également inspiré de ce désir de jumeler intimité et excellent service, le concept de «destinations clubs» gagne en popularité auprès de la clientèle aisée. Depuis une dizaine d’années, on voit fleurir ces country clubsnouveau genre. Ces clubs offrent à leurs membres de 15 à 45 jours de location dans des propriétés de luxe qui garantissent une intimité égale à celle de leur foyer ou d’une résidence secondaire, avec le niveau de service d’un resort de luxe. On en devient membre à la suite du dépôt d’une contribution variant de 200 000 USD à 425 000 USD (remboursable à 80%) auquel s’ajoute un paiement annuel de 15 000 USD à 30 000 USD.
Selon la firme Helium Report, il y aurait déjà plus de vingt clubs de ce genre actuellement en service aux quatre coins du globe. Le leader dans ce marché, Exclusive Resorts, compte 2500 membres qui ont accès à plus de 300 maisons dans le monde. La valeur foncière de ces résidences excède déjà le milliard de dollars américains et l’entreprise prévoit prochainement ajouter 150 propriétés.
Pas que pour les mieux nantis!
Cette tendance à vouloir profiter des vacances pour se couper du regard du monde semble prendre de l’importance pour tous les segments de clientèles. Il y a fort à parier que la forte croissance de l’offre de location de résidences privées est un reflet de cette volonté des consommateurs de trouver un coin de vacances leur garantissant un espace privé qui leur procure une plus grande intimité que l’hôtel traditionnel.
Cette motivation n’est naturellement pas la seule. La location de résidences ou de chalets a aussi d’autres avantages, comme la capacité d’accueil plus importante qu’une chambre d’hôtel, la possibilité de préparer des repas… Toutefois, le désir de s’isoler demeure un déclencheur assez puissant pour que certaines destinations, par exemple la Croatie, ajoutent spécifiquement cette nouvelle catégorie à leur offre d’hébergement!
Le Québec n’échappe pas à la tendance… Selon le ministère du Tourisme du Québec, de 1998 à 2004, le nombre de nuitées liées à la location de chalets a crû de 45,3%, constituant la plus forte augmentation parmi les modes d’hébergement commerciaux. (Lire aussi: L’industrie hôtelière au Québec: où en est-on?
Le cocooning prendrait-il la route?
Alors que le tourisme a souvent craint que le cocooning ne ralentisse le désir de partir des consommateurs, il lui faut peut-être maintenant l’envisager comme une façon de prendre des vacances. (Lire aussi: La fin du cocooning). Le défi est lancé: comment séduire le touriste en lui promettant plus d’intimité pendant ses vacances?
Sources:
– Banay, Sophia. «Ritzy Private Dining Rooms», Forbes.com, 18 janvier 2007.
– Reed, Danielle. «The Rise of Destination Clubs», Forbes Traveler.com, 24 avril 2007.
– Siew Hoon, Yeoh. «Wanted: Privacy and Space», ehotelier.com, 16 février 2007.
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