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Analyses - 16 août 2010

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août 2010

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L’économie sociale, un fort potentiel de développement

L’économie sociale? C’est une façon d’«entreprendre autrement». C’est une économie à «valeurs ajoutées», car elle vise autant l’atteinte de la rentabilité sociale qu’économique. On la côtoie au quotidien; elle améliore notre qualité de vie. C’est 7 000 entreprises au Québec, 125 000 emplois et un chiffre d’affaires de 17 milliards CAD, ce qui correspond à 6% du PIB québécois. C’est un modèle qui colle bien à la réalité de l’industrie touristique. Et on n’a pas fini d’en entendre parler!

Les pieds dans la marge

Sans entrer dans toutes les considérations sociales et politiques, certains qualifient l’économie sociale de voie parallèle à l’économie de marché. D’autres la voient comme une tentative de réforme du capitalisme, une remise en cause du système économique classique qui a connu plusieurs ratés récemment, de relais de l’État ou encore de levier de changement.

Un fait est certain: on assiste à la reconnaissance formelle de l’économie sociale, mais il reste encore beaucoup à faire pour assurer sa consolidation. Des recherches y sont consacrées afin de définir son rôle actuel et potentiel, l’importance des acteurs sociaux et leur contribution au mieux-être de la collectivité.

On n’est jamais mieux servi que par soi-même!

Alors que les pressions sociales obligent les entreprises à intégrer dans leurs pratiques économiques une gestion responsable et durable de leurs activités, ces notions sont l’essence même de l’économie sociale et figurent au cœur de ces organisations.

Ce type d’entreprise émane d’une mobilisation et d’une action collectives pour créer de l’emploi, soutenir le développement d’une région, répondre aux besoins d’une communauté, améliorer la qualité de vie et le bien-être de la population. Tout en incarnant les valeurs auxquelles elle croit, l’entreprise sociale s’acquitte d’une double mission: rentabilité économique et sociale. Des profits? Oui, mais des profits qui s’inscrivent dans une logique d’intérêt collectif, dans la conciliation de l’économie et des valeurs humaines. Ce modèle de développement est aussi fondé sur le fonctionnement démocratique et le véritable partenariat entre les acteurs, et sur l’autonomie de gestion par rapport à l’État (définition de l’économie sociale).

Modèles variés et secteurs diversifiés

Sans que nous le sachions, l’économie sociale fait partie de notre quotidien. Elle prend principalement la forme de coopératives, d’organismes à but non lucratif, d’organisations communautaires et bénévoles, de mutuelles et de fondations. Selon le Chantier de l’économie sociale, celle-ci est présente dans une vingtaine de secteurs d’activité économique (p. ex. agroalimentaire, commerce de détail, manufacturier, médias et communication, ressources naturelles, éducation, services aux entreprises).

Le commerce équitable, et du même souffle le tourisme équitable, s’imbriquent aussi dans l’économie sociale. Encore marginaux, certes! Mais qui aurait pensé à l’origine qu’ils connaîtraient une aussi forte croissance et qu’ils établiraient de nouvelles règles de commerce international en marge des canaux et des intermédiaires imposés par les voies normalisées?

Le tourisme y est fortement associé

En raison de la nature des services touristiques comme l’accueil, l’information, la promotion, la formation, l’accessibilité, la qualité des services, la préservation et la mise en valeur du patrimoine culturel et naturel, ce secteur est fortement associé à l’économie sociale. C’est sans compter l’implication des bénévoles et de la population dans les différents services offerts (p. ex. la tenue des événements et des festivals).

Dans le secteur des loisirs et du tourisme en économie sociale, on répertoriait, en juin 2010, 547 organismes répartis dans les domaines suivants: activités récréatives (267), centres de loisirs et sports (79), villégiature et hébergement (132), marinas (14), musées et patrimoine (116), agences de voyages (5) et autres (12).

Viable économiquement

Bien que l’on dénonce trop souvent le fait que l’économie sociale vive aux crochets de l’État, il faut souligner que l’entreprise privée récolte aussi sa part d’aide gouvernementale: subventions de démarrage, de développement, de recherche; subventions salariales et pour la formation; crédits d’impôt; financement à des conditions avantageuses; contrats provenant des gouvernements – l’industrie de l’asphaltage vit presque essentiellement de contrats gouvernementaux. En subventionnant l’entreprise d’économie sociale et en contractant des services avec elle (p. ex. les services de garde – CPE), l’État reconnaît ainsi la pertinence des entreprises collectives dans la structure socioéconomique et leur complémentarité par rapport à sa propre mission.
En général, ce type d’entreprise est rentable, gérée sainement, capable de concurrencer avantageusement le secteur privé avec des produits de qualité, souvent utilisatrice des technologies les plus performantes et implantée aussi bien à la ville qu’en milieu rural.

Apport positif à l’expansion de l’économie sociale, les différentes avenues de financement socialement responsable au Québec se chiffrent en milliards de dollars (lire aussi: Le financement socialement responsable, une avenue à explorer). De son côté, le Chantier d’économie sociale mettait sur pied, en 2006, la Fiducie du Chantier d’économie sociale. Cette fiducie est dotée d’un fonds de 59 millions de dollars et d’objectifs à long terme (15 ans). Depuis, le Chantier a investi une dizaine de millions de dollars pour aider les organismes aux prises avec un financement précaire et agir à titre de complément aux subventions et aux prêts à court ou à moyen terme.

Multiples retombées difficilement chiffrables

Un écueil à la reconnaissance de l’économie sociale: la difficulté à en chiffrer les multiples retombées (revitalisation de territoires, impacts environnementaux positifs, emploi de personnes en difficulté, offre d’un service à un coût abordable pour les personnes à faible revenu, etc.). En effet, les indicateurs économiques et comptables ne mesurent pas l’apport social, culturel et environnemental, tant positif que négatif, des diverses entreprises. Le défi: créer un système d’indicateurs qui comptabilisera ces retombées et où le système économique ne dénaturera pas le mandat des entreprises sociales et en facilitera le financement.

La croisée des chemins

Dans un contexte où le changement engendre de nouvelles avenues, où le lucratif flirte avec le social et vice versa, il y a place à des modèles pour repenser le développement d’une région, d’une activité, d’un secteur et une opportunité pour établir des partenariats entre entreprises de divers horizons.

Des exemples de réussite touristique en économie sociale? Il y en a une multitude. Nous vous en présenterons quelques-uns subséquemment.

Lire aussi:
Développer une région touristique de façon harmonieuse, c’est possible! (compte rendu de conférence)
La responsabilité sociale des entreprises, une affaire de crédibilité

Sources:
Alliance de recherche universités-communautés en économie sociale (ARUC-ÉS) et Réseau québécois de recherche partenariale en économie sociale (RQRP-ÉS), Aruc-es.uqam.ca, consulté en août 2010.
– Bergeron, Maxime. «Entrepreneuriat social – En affaires pour changer le monde», La Presse Affaires, 25 août 2007.
– Bourdon, Marie-Claude. «Une autre économie est-elle possible?», Inter-Magazine, UQAM, vol. 7, no 1, printemps 2009.
– Bourque, Gilles L. et al. «Portrait de la finance socialement responsable (FSR) au Québec», faits saillants d’une recherche sur la finance socialement responsable au Québec, menée dans le cadre du chantier d’activités partenariales (CAP), Finance de l’Alliance de recherche universités-communautés en économie sociale (ARUC-ÉS), Aruces.uqam.ca, mai 2007.
– Chantier d’activités partenariales en Loisir et tourisme social de l’Alliance de recherche universités-communautés en économie sociale. «Utilité sociale du loisir associatif au Québec», Aruc-es.uqam.ca, octobre 2008.
– Chantier de l’économie sociale. «La définition, en chiffres, les secteurs d’activités», Chantier.qc.ca, novembre 2009.
– Chantier de l’économie sociale. «Une économie à valeurs ajoutées – Outil de sensibilisation à l’économie sociale», Chantier.qc.ca, septembre 2004.
– Drayton, Bill. «Finance’s Next Opportunity: Social Investing», blogue Harvard Business Review, Blogs.hbr.org, 2 mars 2010.
– Drayton, Bill et Valeria Budinich. «Get Ready To Be a Changemaker», blogue Harvard Business Review, Blogs.hbr.org, 2 février 2010.
Économie sociale Québec, Economiesocialequebec.ca, consulté le 21 juin 2010.
– Favreau, Louis. «Qu’est-ce que l’économie sociale? Synthèse introductive», Laboratoire de recherche sur les pratiques et les politiques sociales (LAREPPS) et copublication avec la Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités (CRDC), UQO, Cahiers du LAREPPS, no 05-16, École de travail social, Université du Québec à Montréal, Larepps.uqam.ca, juillet 2005.
– Huot, Geneviève. «Les entreprises d’économie sociale en loisir et tourisme social», synthèse du séminaire du 23 octobre 2001 sous la direction de Louis Jolin, Michel Nolin et Sonia Vaillancourt, Aruc-es.uqam.ca, avril 2002.
– Nadeau, Jean-Benoit. «Mes bonnes causes rentables», L’Actualité, 15 septembre 2009.
– Observatoire en économie sociale, en développement régional, en organisation communautaire et en développement international. «Les outils de soutien aux entreprises collectives créés par des organisations de développement», Uqo.ca, consulté en août 2010.
– Renault, Micheline. «Préparation et divulgation de l’information financière pour les organismes en loisir et tourisme social: redéfinir les pratiques actuelles», École des sciences de la gestion, Université du Québec à Montréal, Aruc-es.uqam.ca, mars 2004.
– Schéou, Bernard. «Du tourisme durable au tourisme équitable – Quelle éthique pour le tourisme de demain?», collection «Les métiers du tourisme», De Boeck, 2009.
– Vaillancourt, Yves. «L’économie sociale au Québec et au Canada: configurations historiques et enjeux actuels», Laboratoire de recherche sur les pratiques et les politiques sociales (LAREPPS) et copublication avec l’Alliance de recherche universités-communautés en économie sociale (ARUC-ÉS) et le Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES), Cahiers du LAREPPS, no 08-07, École de travail social, Université du Québec à Montréal, Larepps.uqam.ca, octobre 2008.
– Vaillancourt, Yves. «Six enjeux concernant l’économie sociale au Québec et au Canada», Thephilanthropist.ca, The Philanthropist 2010, vol. 23, no 1.

  • Bohmert Bernard

    Le domaine du tourisme, il y a quelques années, ricanait au nez des explorateurs de nouvelles avenues, notamment en matière hôtelière de qualité. Aujourd’hui, si les structures se multiplient, elles démontrent que ce secteur, celui de l’hôtellerie, non seulement cherche à se diversifier mais encore le fait il bien et de façon intelligente. Sa pertinece est dans la volonté des promoteurs de projets de donner accès à des sites ou des hébergements qui restent à la portée des familles.

  • Sébastien Perreault

    J’ajouterais que le coté hybride des entreprises d’économie sociale renforce leur pérennité. Je veux dire par là qu’elles ne dépendent qu’en partie du soutien gouvernemental en ayant des revenus autonomes. L’économie sociale, un mouvement très important à soutenir dans cette ère d’individualisme.

  • LAURIOT Serge

    Conscient de la valeur et des atouts apportés par l’économie sociale, vivant dans une région qui souffre au Québec, j’ai une question: À qui et comment s’adresser pour de l’aide à un projet viable touchant la collectivité, les jeunes et leur avenir au sein de l’économie sociale?

    • Bernard Bohmert

      Tardivement, mais au moins je réponds et ce dans la limite de mes capacités. Un projet viable doit trouver son accueil auprès des partenaires et acteurs classiques voués au financement et préparation du plan d’affaire qui structurera le projet en démarche d’affaires. Le CLD de votre milieu semble une bonne porte pour mieux appréhender les voies de la structuration du projet.Par ailleurs, votre milieu doit avoir des lieux voués à l’économie sociale mais aussi aux modes coopératifs pour un projet d’entreprise. Je dirai aussi que le CJE est aussi une bonne piste. Il faut faire connaître le projet, le consolider et le partager avec des porteurs locaux parfois, il faut le dire méfiant et suspicieux. À votre disposition

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